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Notre position sur la 5G : interview vidéo

Les écologistes sont pour la technologie et le numérique au service du progrès. Tout le monde sait aujourd’hui que l’on ne peut plus améliorer le bien-être et la justice sociale sans tenir compte du climat de la biodiversité et de la santé.

Or, la 5G ne paraît pas en mesure de répondre à ces enjeux. À ce jour, la science affirme très clairement, les industriels en conviennent, que sa généralisation accroîtra les émissions de GES et les consommations de matières premières. Cette croissance de besoins énergétiques est antinomique avec l’exigence toute première de réduire par deux nos émissions de gaz d’ici 9 ans.

Interview de Philippe Boudes, membre de la mission 5G de la Ville de Rennes, au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s.

Quel est l’apport de la 5G comparé à la 4G ?

La 5G est une nouvelle génération des standards pour la téléphonie mobile qui va venir se superposer aux quatre premières générations. Elle offrira un débit plus rapide et selon les industriels permettra le potentiel développement des objets connectés.

L’apport de la 5G serait de transporter un plus gros volume de données, plus rapidement et avec des temps de réponse plus courts. Les entreprises qui ont investi dans la 5G la définissent comme la portée d’entrée technologique vers une société entièrement connectée.

En tant qu’écologistes, nous rejoignons les éléments de diagnostic sans dissensus du groupe de non-élus de la Mission 5G initiée par la ville de Rennes et supervisée par deux représentantes de la Commission nationale du débat public.

Nous ne voyons pas actuellement quels usages sont réellement positifs et nous mesurons les efforts supplémentaires que sa généralisation exigerait pour compenser la croissance de dépenses énergétiques.   Une innovation technologique n’est pas toujours un progrès pour notre société.

Quel est l’impact de la 5G sur la santé et la planète ?

Sur le plan sanitaire, L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) considère peu probable qu’il y ait un risque nouveau par rapport aux technologies précédentes, mais elle estime que les données manquent pour évaluer l’impact réel des ondes existantes et encore plus de celles à venir. Elle constate l’absence de données relatives aux nouvelles fréquences qui utiliseront la 5G. Elle regrette aussi que le déploiement de ces technologies soit plus rapide que les recherches sur le plan sanitaire.

La 5G pose aussi des problèmes environnementaux, notamment au niveau de la consommation des ressources, pour fabriquer de nouveaux centres de stockage de données ou des nouvelles infrastructures.

La 5G est-elle compatible avec nos ambitions climatiques ?

À usage constant, la 5G consomme moins d’énergie par donnée utilisée que la 4G, mais l’ensemble des études actuelles montrent que son déploiement va s’accompagner d’une augmentation forte de la consommation de données, que ce soit avec nos usages actuels ou parmi les nouveaux usages promis par les opérateurs.

L’augmentation de la consommation d’électricité pour les ménages et le secteur tertiaire va augmenter le 5 à 13% avec le déploiement, selon le Haut Conseil pour le Climat, tandis que nous devons diminuer de 5 à 7% de nos émissions de C02 par an pour atteindre nos engagements climatiques et limiter les nombreux dégâts.

Toutes ces données peuvent aussi passer par la fibre. Cette fibre est aussi une condition pour favoriser la justice du numérique et permettre un accès numérique au plus grand nombre.

Pourquoi avoir demandé une mission 5G ?

Le numérique et notamment les téléphones sont omniprésents dans notre quotidien. C’est pourquoi, avec cette mission, nous voulions aussi rappeler la nécessité que les citoyens et les citoyennes puissent s’impliquer dans ces enjeux-là, puissent mieux les connaître.

La mission locale n’avait pas le pouvoir d’autoriser ou d’interdire la 5G mais bien de débattre sur les enjeux et implications du déploiement de cette technologie et des actions possibles sur notre territoire pour en limiter les effets négatifs.

Quelles solutions proposez-vous ?

Il faut lire les propositions de la mission 5G qui sont disponibles en ligne. Parmi ces propositions, nous serons particulièrement vigilants à la rédaction, et l’application bien entendu, de la charte de téléphonie mobile. C’est-à-dire du contrat que nous allons passer avec les opérateurs, notamment en ce qui concerne la mutualisation des antennes relais, pour ne pas les déployer de manière trop massive. Nous serons vigilants aussi au respect des seuils d’émission.

Il faut aussi promouvoir un usage limité de ces ressources numériques, car nos appareils quotidien, et les infrastructures qui leur permettent de fonctionner ont aussi un coût fort en terme énergétique et en terme d’utilisation des ressources. Nous devons accompagner la filière locale de réemploi et de recyclage des déchets, parce que la 5G va générer ces déchets.

Écologie et numérique sont-ils compatibles ?

Bien entendu, et c’est bien la position des écologistes depuis toujours. Le secteur du numérique peut et doit prendre sa part dans la transition écologique, tant en termes de pratiques vertueuses que d’innovation. 

Nous, les écologistes, nous voulons un futur ouvert, un numérique sobre et responsable, notamment à travers l’éducation de nos enfants et la limitation de la consommation des ressources de notre planète car l’ensemble de nos appareils électroniques en consomment énormément. 

Nous voulons contribuer à fédérer les collectivités locales, mais aussi au niveau national et européen, afin que, tous ensemble, nous soyons en mesure de favoriser un numérique qui soit à la hauteur des enjeux incontournables de notre siècle.