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Contre les trafics de drogue : police, justice, mais aussi emploi, éducation, solidarité, médiation et prévention…

Intervention de politique générale de Matthieu Theurier, au nom du groupe écologiste et citoyen, lors du Conseil municipal du 29 mars 2021

Le procureur de Rennes a présenté devant le conseil municipal l’action de la justice en matière de lutte contre les trafics de stupéfiants.
La présence aujourd’hui au sein de notre Conseil Municipal du Procureur de la République de Rennes démontre bien le dialogue permanent qu’il existe entre les différentes institutions de notre territoire.
Le procureur de Rennes a répondu aux questions du conseil municipal sur l’action de la justice en matière de lutte contre les trafics de stupéfiants.

Retranscription de l’intervention de politique générale de Matthieu Theurier, au nom du groupe écologiste et citoyen, lors du Conseil municipal du 29 mars 2021 :

« Madame la Maire, cher·e·s collègues,

Le mercredi 17 mars, un jeune homme de 22 ans, a été tué par balles devant un supermarché de Cleunay. Ce meurtre a été commis sur fond de trafic de drogues. Il suscite évidemment une très forte émotion sur le quartier et notre ville. Nous voulons témoigner aux habitantes et habitants, en particulier celles et ceux de Cleunay, notre soutien et notre attention la plus totale suite à cet évènement dramatique. 

Nous voulons aussi affirmer haut et fort qu’à Cleunay tout n’est pas noir. Ce quartier dispose d’une école dynamique et intégratrice, avec de multiples projets, des associations pleines d’énergie, de nouveaux équipements en devenir et l’arrivée du métro, des habitants et des habitantes qui s’investissent dans la vie de leur quartier, qui aiment leur quartier.

Il a aussi évidemment ces facettes plus sombres et nous savons toutes et tous que depuis plusieurs années les trafics de drogue s’y sont malheureusement développés. L’activité des dealers pourrit la vie des habitant·e·s. Ce développement des trafics de drogue, toutes les grandes villes les subissent et il nous faut agir avec détermination pour les endiguer et les éradiquer. Personne ici ne découvre ce problème et les écologistes avec la majorité municipale ne sont ni dans l’angélisme sur cette question ni dans l’inaction comme certain·e·s voudraient le faire entendre. 

La réalité c’est que la lutte contre le trafic de drogue relève en premier lieu de l’action de l’État, en particulier du ministère de l’Intérieur avec la police nationale, comme du ministère de la Justice. Et c’est pleinement conscient du durcissement du trafic de drogue sur notre territoire, que la Ville de Rennes n’a eu de cesse de réclamer des moyens supplémentaires de police nationale. Des avancées ont d’ailleurs eu lieu en la matière puisque les effectifs ont bien augmenté. Il faut d’ailleurs saluer l’arrestation très rapide du tireur présumé de Cleunay et de son complice. Tout comme la vaste opération anti-stupéfiant qui a eu lieu à Villejean mercredi dernier. C’est bien là la démonstration d’une mobilisation de la puissance publique contre les trafics.  

 Si le travail d’enquête et les opérations de démantèlement des trafics de drogue relèvent du rôle de l’État, la Ville de Rennes agit quant à elle sur ses compétences qui sont notamment celles de la médiation et de la tranquillité publique. Elle coordonne bien évidemment son action avec celle de l’État dans le cadre du Contrat Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD). La présence aujourd’hui au sein de notre Conseil Municipal du Procureur de la République, et nous voulons M.Le Procureur vous en remercier, démontre bien là aussi le dialogue permanent qu’il existe entre les différentes institutions de notre territoire.  

Ce travail conjoint permet aussi une action globale dans la lutte contre la délinquance. Il est évident qu’en matière de lutte contre le trafic les réponses policières et judiciaires sont primordiales. Mais pour faire en sorte que demain, de jeunes adolescents cessent de penser que le trafic de drogue est seul à même de leur assurer des revenus, nous avons besoin d’éducation, de sensibilisation, de politiques d’emploi, de médiateurs de rue, d’une action volontariste d’appropriation de l’espace public, de présence culturelle, de dynamisme associatif. De lien et de dialogue, aussi, entre la police et les habitant·e·s. Et je veux citer en exemple pour cela le centre d’éducation citoyenne et de loisirs (CECL) de la police nationale, implantée depuis 20 ans au pied d’un immeuble au Blosne et qui fait dans ce cadre un travail remarquable en proposant aux jeunes des activités sportives, de loisirs, de l’aide au devoir.

L’ensemble de ces actions sont tout autant nécessaires pour endiguer le développement de cette délinquance. Sans cela nous irons à l’échec. Il faut d’ailleurs rappeler que sur des trafics comme celui du cannabis, la France à la législation la plus répressive d’Europe. Les trafics de drogue grandissent sous l’impulsion de la forte demande sur le cannabis, dans le même temps les boutiques de CBD, parfaitement, légales se multiplient partout en France et y compris à Rennes. Et la législation française est devenue totalement inadaptée à la réalité de la situation. Il est temps de la changer et nous serons dans ce cadre particulièrement attentif aux propositions que rendra prochainement la mission parlementaire sur l’usage du Cannabis. En espérant qu’elle apportera des propositions constructives pour un véritable encadrement des produits et des circuits de distribution afin d’éloigner notre jeunesse des mafias. 

Les trafics et la délinquance prospèrent sur la misère sociale et les seules réponses policières ou judiciaires ne pourront jamais suffire à les éradiquer. C’est donc bien là l’action globale que notre Ville entend mener. Avec le vote du budget de la Ville de Rennes aujourd’hui nous acterons le recrutement de nouveaux policiers municipaux et ce seront ainsi des moyens supplémentaires qui seront mis pour la tranquillité publique et la médiation. Nous savons d’ailleurs qu’en la matière la présence humaine dans les rues de notre ville est la meilleure réponse et c’est pourquoi nous faisons le choix de recruter des agents plutôt que de déployer la vidéosurveillance qui a démontré sa trop faible efficacité.  Avec le vote du budget de la Ville de Rennes, nous acterons le lancement d’une grande consultation citoyenne pour constituer un livre blanc sur les enjeux de prévention et de sécurité. Nous confirmerons aussi des moyens importants pour l’éducation, la vie associative, la solidarité, le logement, la vie des quartiers, l’emploi. 

Cette action globale que nous menons, elle n’est certes pas une réponse immédiate à un évènement aussi dramatique qu’un homicide comme celui que nous avons connu à Cleunay. Cette action globale elle est aussi certainement moins médiatique, car plus diffuse. Mais elle est bien une réponse de fond et de long terme pour lutter à la racine contre la délinquance à Cleunay, à Rennes comme ailleurs. »