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Plan de rebond métropolitain

Morvan Le Gentil est intervenu en tant que co-président, au nom de notre groupe écologiste et citoyen, sur le plan de rebond de Rennes Métropole.

Nous soutenons sans ambiguïté ce plan de rebond qui prend en compte l’urgence de la situation — l’interpellation des salariés de Technicolor nous rappelle l’intensité de cette urgence, mais sait aussi l’inscrire dans une vision forte de la transition de notre écosystème productif. Car le financement public, essentiel dans le moment que nous traversons, est un formidable levier pour transformer l’économie sur le long terme. Or cette transformation, bien loin d’une lubie, est aujourd’hui une condition centrale pour faire de Rennes Métropole un territoire plus résilient et durable.

C’est pourquoi nous sommes satisfaits de voir que les logiques de Responsabilité sociale et environnementale (RSE), de conditionnalité et de bonification des aides sont mises au cœur de ce plan de rebond. Parmi les premières vagues d’aide à l’investissement, trois quarts des entreprises demandeuses ont joué le jeu de ces bonifications : cela montre bien que les forces vives de notre économie locale sont prêtes à relever le défi si nous les soutenons. 

Il faudra bien sûr vérifier l’effectivité des engagements pris par les acteur·trices économiques, notamment sur la création d’emplois pérennes et de qualité. Mais à notre sens, ce plan peut marquer le début d’un changement profond de relation entre la collectivité et le monde économique, une alliance où chacun est dans son rôle, mais converge vers des objectifs partagés. 

Cela nécessitera sans doute, à terme, une réécriture de nos schémas et stratégies économiques autour des piliers esquissés ce soir. Il nous faudra travailler davantage sur les notions d’économie circulaire, levier à la fois de développement et de sobriété. Sans doute faudra-t-il aussi hiérarchiser davantage les projets auxquels nous accorderons notre soutien une fois la crise passée. Mais à terme, nous sommes convaincus que ce sera un fort élément d’attractivité territoriale pour intéresser des entrepreneurs ayant intégré cette notion de responsabilité sociétale, et désireux de participer à un projet collectif qui fait sens.

Le plan présenté ce soir est foisonnant, mais je voudrais revenir sur quelques notions ou actions transversales qui méritent d’être mises en lumière.

  • L’importance du foncier d’entreprise, dont on a vu tout l’impact sur les activités pendant la crise. Par exemple entre celles qui ont pu mettre en pause leurs loyers durant leur période d’inactivité, et les autres. Nous réaffirmons à ce titre notre soutien aux initiatives en germe autour du parcours résidentiel des entreprises : la construction d’une échelle progressive comme nous avons su le faire dans le domaine de l’habitat, avec des logiques de locatif social et d’accession aidée portées par la collectivité, nous semble un axe prometteur. Tout comme le renforcement des outils de portage foncier, comme la SAS « Territoire & Perspectives ».
  • Le potentiel des appels à projets et fonds de concours pour orienter, par la commande publique, nos partenaires privés vers des priorités et des standards conformes à nos ambitions. C’est un dispositif que nous pourrions utiliser davantage encore dans nos relations avec le monde économique. Que nous pourrions cranter également de façon plus aboutie. Je pense entre autres, dans le domaine du bâtiment et des travaux publics, au fonds de concours en soutien à l’investissement des communes : après un premier tour de chauffe, il gagnerait sans doute désormais à viser systématiquement un objectif d’excellence thermique.

Par ailleurs, le volet communication nous interroge sur plusieurs aspects : 

  • Le ciblage territorial sur Rennes est-il pertinent, avec les risques du fossé qui se creuse entre territoires, la tension sur le logement, les encombrements, etc. ? Ne pourrait-on pas adopter une approche plus large, concertée avec les intercommunalités voisines, favorisant un aménagement du territoire plus équilibré ? 
  • Nous nous demandons également s’il ne serait pas préférable de communiquer sur des actions précises et porteuses plutôt que de faire du marketing indifférencié. Ainsi, plutôt que de simplement dire « venez visiter Rennes » ou « installez votre entreprise à Rennes » nous pourrions travailler des messages avec un angle de communication plus tranché. Par exemple : « Venez visiter Rennes en train, on a tout prévu pour rendre votre séjour possible sans voiture » ou « Passer le cap de la RSE, implantez votre entreprise à Rennes »
  • Enfin, il nous semble indispensable de mieux évaluer l’impact réel des campagnes de communication et de savoir les réorienter si nécessaire pour être plus efficient.

Nous souhaitons également vous faire part de quelques réflexions sectorielles :

  • Dans le domaine de la cybersécurité, il est nécessaire qu’il y ait une plus grande transparence et lisibilité sur les projets qui sont accompagnés par la collectivité. Un logiciel espion n’est pas la même chose qu’un détecteur d’intrusion malveillante dans les systèmes d’un hôpital. De même qu’un dispositif de guidage de missile n’est pas comparable à un radar pour un transport en commun autonome. En confiance avec les entreprises, nous devons réaffirmer nos valeurs et conditionner nos aides à des critères. À l’heure du Big Data, nous devons travailler nos garde-fous et, là aussi, réaffirmer un cap clair, politique au sens noble, pour soutenir ce fleuron de notre industrie locale.
  • Sur le plan alimentaire, la crise du Covid-19 a prouvé la robustesse de notre maillage alimentaire de proximité. Magasins de produits fermiers, AMAP, vente à la ferme, épiceries de centre-bourgs, etc. se sont tous organisés et ont répondu présents. Il est primordial de soutenir les circuits courts de qualité, et de s’appuyer sur eux pour sortir des pesticides. Mentionnons à ce propos l’importance de « Terre de Source », un dispositif structurant pour l’accompagnement de nos agriculteurs. Il le sera aussi pour le déploiement de structures de transformation et de commercialisation, avec une densité d’emplois supérieure aux filières de la grande distribution et des plus-values économiques qui restent sur le territoire.
  • La culture est aussi un secteur important, voire identitaire, pour notre agglomération. Il nous fallait des réponses d’urgence et celles-ci nous semblent pertinentes, suffisamment fines et souples. Soyons attentifs toutefois à ce que l’offre culturelle reste diversifiée sur tout le territoire, en termes de publics comme d’expressions artistiques. En particulier, notre vigilance sera accrue pour celles et ceux qui étaient déjà les plus précaires, notamment les artistes-plasticiens.

Ce point amène un dernier champ de réflexion, concernant le suivi de ce plan de rebond dont il faudra surveiller attentivement les éventuels décrochages, insuffisances ou effets de bords :

  • Ont été évoquées les nouvelles manières d’entreprendre ou de travailler. Il faudra effectivement analyser les impacts pour les acteur·trices les plus morcelés. Parmi les cas les plus difficiles à appréhender et les plus sujets à basculer dans la précarité on peut citer les autoentrepreneurs dans le bâtiment ou les services, les salarié·e·s en CESU dans les services à la personne, les petites associations de sport ou de loisirs, qui ont parfois dû mettre leurs activités en pause voire ajuster les contrats de leurs intervenant·e·s. Même si des outils de trésorerie ou de renforcement de fonds propres leur sont parfois accessibles, une inquiétude est palpable dans ces secteurs.
  • Ces inquiétudes, et les premiers constats que nous pouvons faire dans nos communes, nos CCAS, nos quartiers, nous amènent à penser qu’un « plan de rebond social » va s’avérer nécessaire, à court terme, pour traiter des conséquences extraéconomiques de la crise. +6,7 % de demande de RSA en Ille-et-Vilaine entre avril et juin ; des familles en grande précarité ; des détresses psychologiques : des ruptures sociales s’opèrent actuellement à grande échelle. Nous devons avec la même urgence et la même mobilisation, inventer des outils pour soutenir les communes qui sont en première ligne sur ces défis. 
  • Des actions sont déjà programmées pour la jeunesse. Nous nous félicitons qu’elles fassent la démonstration de notre capacité à coordonner les analyses, les réponses, les solidarités, concrétisées dès ce soir par le vote des abonnements STAR à tarifs réduits pour les moins de 26 ans. Mais les enjeux débordent largement du cadre de la jeunesse, et nous allons sans tarder devoir élargir encore notre palette pour répondre aux questions sociales des mois à venir. 

Communiqué de presse de Rennes Métropole