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À la une Conseil municipal Matthieu Theurier

400 millions pour faire de Rennes une pionnière de l’écologie et de la solidarité

[Conseil municipal du 3 février 2020]

Le budget pour 2020 a été voté en conseil municipal. Nous avons réaffirmé que pour faire de Rennes une ville pionnière de l’écologie et de la solidarité, ce sont tous nos choix qui devront être orientés dans cette direction.

Conseiller municipal

Vice Président de Rennes Métropole en charge de l’Economie sociale et solidaire et des éco-activités

Intervention de Matthieu THEURIER au nom du groupe écologiste  et citoyen

Nous sommes invités ce soir à voter le budget 2020 de la Ville de Rennes. Le dernier de ce mandat qui s’achève, que nous laisserons à nos successeurs le soin de mettre en œuvre. Pour les écologistes, il y a toujours eu deux priorités simultanées et indissociables : la solidarité et l’écologie. Sur ce point nous n’avons pas changé et nous avons évidemment envie d’aller toujours plus loin.

Notre ville est en bonne santé financière. Tant mieux. C’est cette bonne santé financière qui nous permet cette année encore des niveaux d’investissement inégalés, avec près de 100 millions d’euros qui iront au profit des équipements publics, des services publics, au profit donc des Rennaises et des Rennais. Cette bonne santé financière, tant à la Ville qu’à la Métropole, notre faible taux d’endettement, nous obligent aussi. Elle nous oblige à être exemplaires. Exemplaires dans notre action en faveur de la solidarité et de la cohésion sociale. Exemplaires dans notre engagement pour l’environnement, pour le climat, pour une transformation écologique et sociale de notre ville. Contrairement à d’autres, nous sommes un territoire qui a les moyens d’agir. Nous n’avons aucune excuse, nous avons des choix à faire et notre choix c’est de faire de Rennes une ville pionnière de l’écologie en France et en Europe.

Pour ce faire, il nous faut d’abord de la cohérence, il nous faut faire en sorte que les près de 400 millions d’euros de budget municipal, tant en fonctionnement qu’en investissement, soient tous tournés vers des objectifs de lutte contre le changement climatique, la solidarité et la démocratie.

Elle est terminée la logique du en même temps, celle du siècle dernier où l’on pouvait se permettre d’appeler d’un côté à planter des milliers d’arbres et de l’autre, continuer toujours à défendre le développement d’un aéroport, le maintien des circulations automobiles en ville ou encore le développement de nouveaux contournements autoroutiers et de nouveaux parkings en ville.

Alors pour s’assurer d’une réelle cohérence de nos politiques publiques nous proposons un outil, un outil budgétaire que l’on appelle le « budget carbone ». C’est à dire la mise en œuvre d’une triple comptabilité qui intègre la dimension financière habituelle, mais aussi les éléments de richesse humaine et naturelle de notre collectivité. La mise ne œuvre d’une présentation budgétaire en programme et actions et en AP/CP depuis cette année nous le permet désormais et je veux au passage remercier les services de la direction des finances pour le travail qu’ils ont mené en ce sens durant tout le mandat. Le « budget carbone » est ainsi un outil qui permet d’évaluer l’impact social et écologique de toutes actions publiques. C’est un outil transparent d’aide à la décision et l’on verra alors qui du projet d’un projet de Zenith à 70 millions d’euros ou du déploiement d’un réseau express vélo pour le même budget a l’impact le plus positif pour notre territoire et les habitant.e.s.

Il y a la nécessité d’une mise en cohérence et puis il y a la nécessité de mettre les moyens face aux ambitions.

Il a fallu seulement 350 000 euros pour passer la part du bio dans les cantines de Rennes de 7 % en 2014 à 23 % en 2020. Il faudrait de l’ordre de 300 000 euros pour atteindre rapidement 30 %. Cela aurait pu être fait dès cette année, mais la préférence est allée au financement d’une nouvelle exposition Pinault pour un montant de 500 000 euros. C’est un choix, mais de notre point de vue il est regrettable.

Depuis 2014, la facture énergétique des bâtiments de la Ville ne cesse aussi de grimper. Pour des raisons liées à l’extension de nos mètres carrés de locaux c’est certain, mais aussi parce que nous ne parvenons à diminuer vraiment nos consommations, dans un contexte de hausse continuelle du coût de l’énergie. Puisque nous avons de fortes capacités d’investissement faisons vraiment le choix de mettre des moyens sur la réhabilitation de nos locaux. Aujourd’hui, tout juste 3,5 millions d’euros par an alors que ce sont 10 millions qui seraient nécessaire. C’est seulement de cette façon que l’on pourra tenir de nos objectifs de -20 % de consommation d’énergie, objectif que nous avons tout intérêt à atteindre puisqu’il nous redonnera des marges de manœuvre pour mener d’autres actions, notamment sociales, à destination des Rennaises et des Rennais. Il nous redonnera des marges de manœuvre pour étendre nos services à la population, renforcer nos services en moyens humains et améliorer les conditions de travail de nos agents.

Il y a 40 ans, une poignée de militant.e.s et de scientifiques affirmaient, souvent dans l’ignorance et le mépris, les dangers d’une dégradation rapide de notre environnement. Aujourd’hui, les événements nous rattrapent. De canicules en sécheresses, en alertes à la pollution de l’air et autres empoisonnements aux pesticides, il n’est plus possible d’ignorer les ravages d’une crise environnementale qui pèse sur nous au quotidien. Malheureusement, les tergiversations, l’inaction, les caricatures et les polémiques stériles nous ont fait perdre 40 ans. 40 années qu’il nous faut rattraper au plus vite.

Le temps n’est plus à l’alerte, le temps n’est plus aux demi-mesures, le temps est à l’action et à la transformation.

Alors que la Génération Climat supplie les précédentes d’agir, les gouvernements restent stoïques. C’est bien au niveau local que les choses bougeront. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne s’y trompe d’ailleurs pas et rappelle souvent que 70 % des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques ont vocation à être « mises en œuvre à l’échelon infra-nationale », c’est à dire à l’échelle des régions et des métropoles.

Nous sommes le 3 février 2020, et la France bat une nouvelle fois des records de chaleur. Et nous connaissons l’un des hivers les plus chauds depuis l’année 1900. Alors, à nous et à celles et ceux qui nous suivront d’orienter à bon escient nos 400 millions d’euros de budget pour faire de Rennes une pionnière de l’écologie et de la solidarité.