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À la une Conseil métropolitain Nadège Noisette

PLUi, un outil pour faire face à l’urgence climatique

[Conseil métropolitain du 19 décembre 2019]

 

Adjointe Ville de Rennes en charge des Approvisionnements

Conseillère métropolitaine

Intervention de Nadège NOISETTE au nom du groupe écologiste et citoyen
Au nom du groupe des élu·e·s écologistes, je voulais commencer par remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce Plan local d’urbanisme intercommunal et en premier lieu, vous, Monsieur Gaudin.L’ensemble des documents que constitue ce PLUi  forme une véritable boîte à outils dont certains permettront d’engager la nécessaire mutation écologique et sociale de notre territoire. Le coefficient de végétalisation en est l’exemple le plus éloquent. Il oblige désormais les promoteurs à préserver les espaces de nature.Les questions de solidarité entre les communes, de mixité sociale, de revitalisation des centres-bourgs, de préservation des terres agricoles, de consommation énergétique des bâtiments, de santé publique, trouvent des réponses concrètes dans ce règlement d’urbanisme intercommunal et c’est à souligner. Ces avancées dans lesquelles nous nous retrouvons et auxquelles nous avons aussi contribué permettent de progresser aussi sur le volet de la solidarité et de la mixité. Nous voterons favorablement ce premier PLUi.

Pour autant, notre vote de ce soir ne donne pas un blanc-seing à tous les projets actuels de constructions et encore moins aux immeubles de grandes hauteurs. La politique de rayonnement métropolitain projette aussi une augmentation démographique de près de 100 000 habitants pour les quinze prochaines années. En conséquence, la construction de nouveaux logements se fait à un rythme effréné, mal maitrisé, qui déséquilibre notre Programme Local de l’Habitat : même en atteignant nos objectifs de construction de logements aidés, les locatifs sociaux ne représentent que 21 % des livraisons sur les trois dernières années, au lieu des 25 % auxquels nous nous sommes engagés. Et en ajoutant l’accession sociale on plafonne à 32 %, pour une ambition fixée à 40 %, retardant d’autant la péréquation entre les communes.

De surcroît, le rythme des constructions n’est aujourd’hui plus acceptable par les habitant·e·s qui estiment, à raison, que l’on construit trop vite, trop haut. À Rennes, les projets du Haut-Sancé, du nouveau siège d’Aiguillon, de la tour Samsic sont dénoncés par des riverains conscients que construire des immeubles de grande hauteur est un non-sens. À Bruz, ils s’opposent à l’artificialisation d’une zone naturelle. Nous partageons leurs revendications. Et pour aller plus loin, il nous faut très vite élaborer une charte architecturale qui engage à respecter les formes urbaines, le patrimoine architectural et les paysages des communes.

 

 

À nos yeux ce PLUi est ainsi encore perfectible, nous l’avons fait savoir dans le cadre de l’enquête publique.

Le PLUi est un guide prescripteur de ce que nous, élu·e·s en 2019, prévoyons comme aménagement pour notre métropole dans les quinze prochaines années. Et l’enjeu essentiel est bien de « relever les défis énergétiques et du changement climatique » comme il est inscrit dans la neuvième et dernière orientation du Projet d’aménagement et de développement durable (PADD).

L’urgence climatique et sociale nous oblige. Nous devons désormais bien comprendre que ce qui est impératif aujourd’hui, c’est la lutte contre le réchauffement climatique et notre capacité d’adaptation.

Pour construire un territoire résilient, capable d’affronter l’urgence climatique et sociale, il nous paraît opportun de construire des contrats de coopération entre communes et entre territoires plutôt que de chercher, à tout prix, le rayonnement économique. Les contrats de réciprocité permettent d’engager des échanges équitables entre territoires. À titre d’exemple, nous imaginons ce type de contrats avec nos voisins du Pays de Brocéliande, pour le développement de la filière bois. Il nous paraît aussi plus opportun de promouvoir des modèles économiques résilients comme ceux de l’agriculture biologique, des énergies renouvelables et de l’économie circulaire.

La façon dont on aménage aujourd’hui nos territoires, nos communes, nos quartiers a un impact immédiat sur la qualité de vie des habitant.e.s autant que sur le climat. Puisque nous sommes toutes et tous conscient.e.s de l’urgence climatique, chacun de nos aménagements doit faire sa part pour protéger la planète.

Il nous  faut alors mettre en œuvre un ambitieux plan de préservation et de restauration des espaces naturels de chacune de nos communes.

Partout nous devons reconstituer les haies bocagères favorables à la biodiversité et à la qualité des sols, partout nous devons planter des arbres qui rafraîchissent les villes et absorbent le CO2, partout nous devons laisser une plus grande place  à la nature et arrêter d’artificialiser les sols.

Et même si 78 % de notre territoire est classé en zone naturelle ou agricole, la prévision démographique implique l’urbanisation plus de 2 000 hectares supplémentaires. Nous l’avons dit et nous le redisons, notre objectif devrait pourtant être radical : zéro nouvelle terre urbanisable.

Avec un modèle de développement plus résilient, nous pourrions tendre vers cet objectif.

Il nous faudrait également orienter plus fortement les zones agricoles vers des productions diversifiées, préservant la santé des habitant·e·s – sans pesticide donc – et développant la biodiversité.

Ceci permettrait de répondre à un enjeu majeur, celui de la capacité de notre territoire à trouver une forme de souveraineté alimentaire. La résilience alimentaire est une problématique fondamentale quand on parle de territoire durable.

Plus largement, on peut se demander si notre métropole  possède vraiment les ressources naturelles nécessaires pour absorber cette rapide croissance économique et démographique. Au-delà de la végétalisation et de l’alimentation se pose la question de l’eau. La préservation de cette ressource a été abordée plusieurs fois au cours de l’enquête publique. Le PLUi a d’ailleurs été amendé en ce sens, mais il semble encore omettre l’impact du réchauffement climatique sur la production et la consommation d’eau. Certains territoires français ont déjà connu des épisodes de pénurie cet été. Et l’Ille-et-Vilaine n’est pas épargnée par les épisodes de sécheresse. La hausse de la température va à la fois assécher nos ressources et accroître nos besoins. Et ce déséquilibre ne peut qu’être accentué par les pollutions et l’accroissement démographique. L’eau va devenir un élément limitant de l’attractivité de notre territoire et il n’est pas vraiment considéré comme tel dans le PLUi.

Enfin, un territoire durable et résilient ne peut pas se construire sans ses habitant·e·s.

La nécessaire construction de la ville sur la ville doit se faire avec celles et ceux qui en sont impactés en premier. Ce PLUi pourrait ainsi être enrichi d’un guide de co-construction des projets d’urbanisme avec les habitant·e·s permettant de prendre en compte en amont des projets les besoins en service et en transport. Car, oui, la métropole durable et résiliente offre à ses habitant·e·s les moyens de se déplacer en transport en commun, en vélo et/ou à pied. En cela la prise en compte d’un RER métropolitain reliant les communes entre elles complèterait les projets de bus à haut niveau de service et le  réseau XL vélo.

Pour que les réalisations de ce PLUi soient à la hauteur du défi qui est le nôtre aujourd’hui, pour faire de notre métropole un territoire capable de s’adapter au réchauffement climatique, nous serons extrêmement vigilants dans sa mise en œuvre afin de garantir un urbanisme apaisé, un développement acceptable, la préservation de nos ressources naturelles et l’implication des habitant·e·s.