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Pas si Vilaine

[Conseil municipal du 9 décembre 2019]

À l’occasion de l’adoption du contrat de canal, nous avons dit l’importance primordiale de préserver la qualité de l’eau et de la biodiversité. Et proposé de végétaliser et piétonniser massivement les abords des cours d’eau, et pourquoi pas de livrer le marché du mail François Mitterand grâce à des péniches!

Conseiller municipal

Vice Président de Rennes Métropole en charge de l’Economie sociale et solidaire et des éco-activités

Intervention de Matthieu THEURIER au nom du groupe écologiste  et citoyen

Depuis deux siècles, Rennes a tourné petit à petit le dos à ses rivières. La Vilaine, comme le canal d’Ille-et-Rance, ont longtemps été des cours d’eau utilitaires : le trafic fluvial et maritime s’y développé à partir du 11e siècle et a perduré jusqu’au 19e siècle. La Vilaine marquait aussi la séparation entre les deux parties de Rennes, géographiquement mais aussi socialement distinctes : au nord la ville haute, au sud la ville basse où la rivière divaguait en plusieurs bras souvent en crue. C’est à partir de la seconde moitié du 19ème siècle que la Vilaine est progressivement canalisée et couverte : en 1860 elle est comblée pour faire place au boulevard de la Liberté, en 1912 elle est couverte devant la Palais du commerce, puis en 1961 pour y aménager d’autres parcs de stationnement automobile, et enfin en 1970 le long du boulevard Maginot pour faire place à des parkings. Les prairies Saint-Martin quant à elles ne doivent leur survie face à un projet de quatre voies qu’à la forte mobilisation des habitant.e.s reprise par les élu.e.s à la fin des années 70.

Les temps changent et c’est pour nous écologistes une excellente nouvelle. Le rapport à l’eau et à la nature en ville sont aujourd’hui vus de manière positive alors qu’hier on parlait de dominer les éléments naturels ou d’adapter la ville à la voiture.

La concertation Rennes 2030 a démontré une nouvelle fois la forte attente des Rennaises et des Rennais de pouvoir se réconcilier avec leur fleuve et leurs rivières. C’est tant mieux, car les cours d’eau sont les premiers réservoirs de biodiversité et jouent un rôle essentiel dans l’adaptation de nos villes aux changements climatiques.

Aussi, nous ne pouvons que saluer l’adoption ce soir du contrat de canal 2020‐2026 entre la Région, la Ville de Rennes et Rennes Métropole. Nous l’approuverons bien évidemment.

En effet, il vise à une meilleure valorisation et protection de ces corridors naturels sensibles. Il vise à faire de Rennes une destination « écotouristique » en confortant notamment le tourisme nautique et à vélo. Pendant des années nous avons regretté que la mission tourisme autour de Destination Rennes néglige trop le tourisme vert au profit d’un tourisme d’affaire centré sur Rennes et le Centre des Congrès. Voilà ici l’occasion de réorienter un peu la politique touristique de Rennes Métropole et de mettre en avant nos sites naturels comme les étangs d’Apigné où un port est prévu.

La meilleure prise en compte de bateaux‐logements, de bateaux‐activités mais aussi le développement des activités de bateaux à passagers ou embarcations légères vont également dans le bon sens.

Vous me permettrez néanmoins d’attirer votre attention sur quelques éléments.

Tout d’abord, la meilleure façon de mettre en avant nos cours d’eau est de les maintenir en bonne santé écologique. La pression de l’agriculture intensive, des pollutions urbaines, le développement des plantes invasives comme l’égérie dense que nous avons tous pu remarquer cet été, et qui n’en est malheureusement qu’au début de son développement, sont les premières causes aujourd’hui du désamour des Rennaises et des Rennais vis-à-vis de leurs rivières. Notre première priorité doit être, à notre échelle et selon nos moyens, d’agir partout où c’est possible pour préserver la qualité de nos cours d’eau. Le programme Terres de sources et notre engagement à sortir des pesticides font partie des actions à amplifier.

Ensuite, la volonté de valoriser les espaces naturels remarquables de notre territoire, objectif que nous partageons, doit se faire dans le respect total de ces sites.

Je pense à la Prévalaye qui ne doit plus souffrir de nouveaux aménagements peu compatibles avec la faune, la flore et le caractère naturel du site.

De la même façon, il est essentiel que l’étude qui sera menée pour l’aménagement d’un port sur Baud-Chardonnet intègre une étude d’impact environnemental. En effet, il suffit de se rendre sur place pour constater que l’endroit où est prévu le port accueille une grande colonie de cormorans mais aussi de batraciens qui sont des espèces protégées.

Toujours dans un souci de préservation de notre environnement, il serait intéressant que, dans le cadre du contrat avec la Région que nous validons aujourd’hui, nous puissions étudier plus finement les capacités de transports de marchandises par bateau. En effet la logistique urbaine est source de pollutions de l’air et engendre des gaz à effet de serre. Pour limiter ces pollutions, nous souhaiterions explorer les capacités de la voie fluviale pour effectuer des livraisons.

Pendant longtemps les commerces de centre-ville étaient desservis par la Vilaine et on pourrait parfaitement imaginer demain que les producteurs bio qui sont aux portes de Rennes, livre le marché du Mail en péniche.

Enfin, la valorisation de nos rivières se fera aussi par l’aménagement urbain. Nous souhaitons que dès 2020 une étude soit initiée pour rendre aux piétons et aux vélos le boulevard de Chézy qui longe le canal d’Ille-et-Rance car il est un lien entre les prairies Saint-Martin et la Vilaine. Nous souhaitons une piétonnisation des quais nord depuis la place de Bretagne jusqu’au boulevard Maginot pour permettre la flânerie en bord de Vilaine. Nous souhaitons ouvrir des espaces de natures en ville et consolider le réseau vélo. Nous voulons supprimer le parking Vilaine afin qu’il ne devienne plus qu’un mauvais souvenir. Ces projets participent de la nature en ville et de l’amélioration de la qualité de vie. Dès 2020 nous pouvons commencer à y travailler pour faire de Rennes un ville verte et bleue.