Intervention de Matthieu THEURIER au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s
Le 16 mars dernier, à l’occasion de la Marche Mondiale pour le climat, 350 000 personnes ont défilé dans les rues de France. La mobilisation à Rennes était particulièrement importante : plus de 6 000 personnes ont scandé leur volonté de voir les gouvernements agir fortement pour l’écologie.
Cette mobilisation a succédé à celle des jeunes qui, à Rennes comme partout dans le monde, se mettent désormais en grève chaque vendredi pour défendre leur droit à vivre dans un environnement préservé qui garantisse à l’humanité des conditions de vie dignes et harmonieuses.
Par son ampleur, cette mobilisation est historique. Pour nous, écologistes engagés depuis plus de trente ans, elle est une première victoire, celle de la bataille des idées, car elle démontre bien qu’une prise de conscience collective et massive en faveur de l’écologie se fait jour.
Avec un message : il est encore temps d’agir, mais il faut agir maintenant, concrètement et avec une immense ambition.
Si la prise de conscience est là, le plus difficile est bien devant nous. Les accords de Paris ont été signés il y a quatre ans maintenant et l’année 2018 a battu tous les records d’émissions de gaz à effet de serre. Au point que la concentration de CO2 atteint désormais un niveau jamais égalé depuis 3 millions d’années.
Les changements doivent émaner de l’ensemble de nos sociétés : des citoyens bien sûr, des acteurs économiques et sociaux évidemment, des institutions publiques en premier lieu. Les principaux leviers du changement, ils sont au sein des institutions internationales, et pour ce qui nous concerne, au niveau de l’Union Européenne. Ils sont aussi au sein des territoires qui sont in fine les premiers acteurs de la nécessaire transition écologique et solidaire. Et c’est donc bien nous, élu.e.s, qui avons pouvoir d’actionner les leviers du changement.
C’est pourquoi depuis cinq ans maintenant nous agissons pour faire changer concrètement les choses ici à Rennes. Par de grands projets comme de plus modestes, dont la somme, et surtout la cohérence, permettent d’emmener notre territoire vers un vrai projet de développement durable et solidaire.
Nos actions en faveur d’une mobilité décarbonée, à travers les plans vélo et piétons, la construction d’une seconde ligne de métro.
Notre travail pour une alimentation plus durable qui a permis de diviser par deux le gaspillage alimentaire dans les cantines scolaires, de tripler la part du bio tout en instaurant un repas végétarien par semaine.
Notre stratégie pour tendre vers l’autonomie alimentaire qui se concrétise aujourd’hui par l’installation de nouveaux agriculteurs sur des terres de la Ville de Rennes à la Prévalaye.
Notre stratégie pour déployer les énergies renouvelables et parvenir à une ville post-carbone à l’horizon 2050 qui se concrétise par le développement d’une production d’électricité solaire et citoyenne sur les toits des bâtiments municipaux.
Notre action aussi dans la lutte contre les paradis fiscaux et en faveur d’une économie décarbonée. Notre soutien à une mobilisation européenne forte en faveur de la transition énergétique via un Pacte Finance Climat ou un Green New Deal.
Notre budget participatif qui permet à chaque citoyen d’apporter sa pierre à la transformation écologique de Rennes.
Notre commande publique qui incite à l’exemplarité des entreprises et soutient le développement d’une économie circulaire, sociale et solidaire.
Notre nouveau plan local d’urbanisme qui oblige la construction de logements exemplaires au plan énergétique et incite à l’utilisation de matériaux écologiques.
Des changements de fond sont bien à l’œuvre aujourd’hui à Rennes. Pourtant, l’urgence est là et se fait toujours plus forte. Il nous faut donc encore accélérer et amplifier nos actions.
Au lendemain de la marche climat, un certains nombre d’associations nous ont interpellés à travers vous Madame la Maire, pour que nous engagions notre Ville dans le soutien à l’Appel pour une Constitution Écologique. Nous voterons aujourd’hui un vœu en ce sens.
Mais il nous faut aussi prendre de nouvelles mesures, des mesures d’urgence.
La première, nous l’avons déjà affirmé à plusieurs reprises au sein de ce conseil et de celui de Rennes Métropole, c’est un engagement à démultiplier les budgets consacrés au Plan Climat Air Énergie Territorial (Rennes Métropole) et au Plan d’actions en faveur de l’énergie durable et du climat, en particulier sur la réhabilitation thermique, la production d’énergies renouvelables et l’exemplarité de tous les nouveaux bâtiments publics.
La deuxième, nous l’avons déjà exprimé lors de la consultation Rennes cœur de Ville, c’est d’engager dès à présent une piétonnisation élargie du centre-ville, de l’Hôtel Dieu jusqu’au boulevard de la Liberté.
La troisième, car il n’y a pas d’écologie sans solidarité, est que notre Ville envisage d’expérimenter un revenu de base. D’autres territoire, et en premier lieu le Département d’Ille-et-Vilaine, ou bien la Ville de Grande Synthe, dont le maire Damien Carême était en visite vendredi dans notre ville, s’engagent dans cette voie. Il peut être une réponse à la paupérisation grandissante d’une partie des habitants de notre ville.
Enfin, il nous faut mettre en œuvre rapidement un ambitieux plan de végétalisation de la ville et en particulier un plan de gestion et de plantation d’arbres, élaboré avec les associations et les habitant·e·s. Les arbres sont essentiels en ville. Nécessaires à la biodiversité, à notre qualité de vie et à la qualité des paysages urbains, ils sont aussi, en captant les particules fines, un atout pour la qualité de l’air. Ils sont un atout face aux changements climatiques car ils rafraîchissent les villes et stockent du carbone.
Ils sont un atout pour notre autonomie alimentaire, à condition de planter des arbres fruitiers.
Ils sont aussi un atout pour une économie durable, puisque les arbres, en ville, comme en campagne, peuvent servir au chauffage et à la construction de logements.
Là ou hier, l’arbre en ville était pensé exclusivement à travers une démarche paysagère, il nous faut aujourd’hui le penser comme un outil d’écologie urbaine.
Il nous faut penser l’arbre à travers l’ensemble de ses qualités, pas uniquement à travers ses qualités esthétiques ou sa capacité à stocker du carbone.
Il nous faut de la diversité, des arbres d’espèces locales, plus d’arbres fruitiers, des arbres de tailles diverses et accompagnés d’une végétation basse, des plantations pensées aussi pour leur valorisation économique en bois d’œuvre ou de chauffage.
S’il nous faut préserver au maximum les arbres, nous devons admettre aussi que certaines coupes sont inévitables : pour éviter les maladies et leur propagation, pour éviter les accidents, pour permettre le déploiement des plus grands arbres, parfois aussi pour permettre des aménagements indispensables à l’évolution de la ville. Il n’y a pas de gestion écologique des arbres sans taille ou abattage.
Pour autant il est toujours possible de compenser ces abattages, d’amplifier le nombre d’arbres en ville. Aussi nous souhaitons que la « commission arbre en ville » qui doit prochainement s’installer définisse une charte de bonne gestion de l’arbre sur les principes que nous venons d’énoncer.
Nous souhaitons aussi qu’un plan de plantation soit institué. Il pourrait se donner pour objectif de faire en sorte qu’il y ait à Rennes un arbre par habitant à l’horizon 2030. Et que chacun·e des Rennais·e·s soit symboliquement le parrain de l’un de ces arbres. Ce système de parrainage, au delà de sa dimension symbolique, peut être aussi un outil pédagogique puissant permettant à tout un chacun de suivre l’évolution des arbres en ville. Les outils numériques existent aujourd’hui qui nous permettraient de mettre en œuvre une telle démarche. Nous prendrions alors le chemin d’autres villes en Europe qui s’engagent en ce sens pour préparer leur territoire aux changements climatiques.
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