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À la une Conseil municipal Matthieu Theurier

Écologie et solidarité sont indissociables

[Conseil municipal du 21 janvier 2019]

Le rapport d’orientations budgétaires a été présenté en conseil municipal. L’occasion de dire à nouveau à quel point écologie et solidarité sont liées indissociablement. Et que chacune de nos actions doit être regardée à l’aune de son impact social mais aussi environnemental.

 

 

Conseiller municipal

Co-président du groupe écologiste

Vice-président de Rennes Métropole en charge de l’ESS

 

Intervention de Matthieu THEURIER au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s 

En ce début d’année 2019, et sans mauvais jeu de mots, les voyants sont au vert pour Rennes et sa métropole. On ne peut que se féliciter de connaître un dynamisme économique fort et surtout créateur d’emplois, on ne peut que se féliciter de connaître un taux de chômage de 6,7 % bien en deçà des moyennes nationales et au plus bas depuis 10 ans, même si bien sûr nous souhaitons le voir baisser encore.

Le dynamisme que connaît notre territoire aujourd’hui, on le doit bien sûr à l’engagement des acteurs économiques, on le doit évidemment à l’implication quotidienne des acteurs associatifs, sociaux et citoyens dans la vie de notre ville, on le doit, c’est certain à une culture bretonne qui favorise la coopération et le dialogue entre acteurs plutôt que la compétition et la concurrence. On le doit aussi aux nombreux projets portés par notre équipe municipale et qui participent à changer la ville.

Indéniablement, il y a des motifs de satisfaction. Il nous faut cependant toujours nous rappeler que les indicateurs économiques ont une limite : ils ne donnent à voir qu’un résultat, une situation à un instant donné. Ils ne montrent jamais ce que sont véritablement les facteurs indispensables de réussite économique.

De notre point de vue, il est évident que ce sont avant tout les politiques de solidarité qui permettent un développement économique harmonieux et durable dans le temps.

Sans une politique de logement qui permet encore de contenir l’augmentation des loyers et donc de loger toutes les familles, sans une politique de déplacements et d’aménagement urbain qui offre des alternatives à la coûteuse voiture, sans une politique de tarification sociale qui rend accessible à toutes et tous les services publics de notre ville, sans un investissement fort dans le renouvellement urbain des quartiers qui permet d’éviter les fractures sociales et territoriales, bref sans politique de solidarité et de cohésion sociale, il n’y pas de développement économique qui tienne.

De ce point de vue, il faut saluer l’action de nos prédécesseurs qui toujours se sont attachés à allier solidarité et économie.

De ce point de vue, les orientations pour l’année à venir ne font pas exception à la règle. Et je veux saluer encore une fois le fort investissement de notre collectivité en faveur de l’éducation et du logement social, le fort investissement en faveur de la rénovation du Blosne et de Maurepas, ou encore l’extension de la carte Sortir à plusieurs milliers d’étudiants pour ne citer que ces exemples.

Je n’oublie pas non plus l’ensemble des services à la population mis en œuvre par notre collectivité dans de nombreux domaines et qui jouent un rôle essentiel dans la solidarité. Il nous faut d’ailleurs rappeler que ces services sont toujours plus sollicités mais que la baisse continue des dotations de l’État, et encore pire, le capage de nos dépenses de fonctionnement par le Gouvernement met à mal leur déploiement. Il met aussi à rude épreuve les agents de notre collectivité qui reçoivent toujours plus de sollicitations sans toujours avoir les moyens d’y répondre. Le capage atteint clairement aujourd’hui ses limites, il nous empêche de répondre aux besoins des populations et de notre ville. Pour notre part, nous considérons donc qu’il nous faut assumer dès à présent un dépassement de ce capage pour mener à bien les ambitions que nous avons pour notre territoire.

Il est un autre pilier du développement de nos territoires. Il est pourtant souvent oublié, minimisé voire même dénigré : c’est celui de la protection de l’environnement.

Les indicateurs qui permettent de suivre l’évolution d’un territoire n’intègrent jamais l’impact négatif ou positif de notre action sur l’environnement. Et pourtant, toutes les projections scientifiques s’accordent à dire que le changement climatique aurait des répercussions négatives très fortes sur l’économie mondiale et donc sur les économies locales. Notre très forte dépendance au pétrole comme au charbon a des conséquences importantes sur des pans entiers de notre économie tout comme sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens. La disparition des terres agricoles et naturelles met à mal les filières agricoles et notre capacité à produire notre propre alimentation. Les défis à relever sont pourtant connus mais jamais nous n’évaluons l’évolution de notre territoire sur sa capacité à surmonter les modifications de son environnement ou même sur la bonne santé de son environnement.

Aussi nous rappelons notre souhait que l’ensemble de nos politiques publiques soient évaluées aussi au regard de leur impact positif ou négatif sur l’environnement et que cela soit traduit dans les documents budgétaires comme un outil d’aide à la décision.

Je me permets un exemple concret, on sait qu’un million d’euros d’argent public investi dans la construction d’une route pour les voitures créée en moyenne 5 emplois. Le même million investi toujours dans la construction d’une route, mais réservé aux transports en commun et aux vélos ne crée a priori pas plus d’emploi mais est bien plus positif pour l’environnement. De la même façon, un million d’euros d’argent public investi dans la réhabilitation énergétique des bâtiments publics permet la création de 14 emplois, est très positif pour l’environnement et redonne du pouvoir d’achat en diminuant les charge d’énergie qui pèsent sur les ménages.

Notre conviction, c’est qu’il ne peut plus y a avoir d’action de notre part qui ne soit pas regardée à l’aune de son impact social mais aussi environnemental.

Notre conviction est que nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir des politiques publiques qui se contredisent en la matière. Non, le déploiement de l’énergie solaire sur les toitures des bâtiments de notre ville n’a pas vocation à éclairer des panneaux de publicité ou une patinoire à ciel ouvert.

Notre conviction est qu’il manque encore des moyens sur la transition énergétique de notre ville, alors même que notre bonne santé financière nous donne encore quelques marges de manœuvre pour amplifier et accélérer les actions. Nous y avons tout intérêt. Aujourd’hui, une part importante de l’augmentation de nos charges de fonctionnement est liée à l’augmentation du prix de l’énergie. Réduire ces consommations c’est donc nous redonner des moyens d’action en faveur par exemple de la solidarité. C’est d’ailleurs le choix qu’a fait notre ami Damien Carême, Maire de Grande-Synthe dans le Nord, qui a mis sur pied un revenu minimum garanti financé grâce aux économies du budget énergie que la commune réalise.

Vous l’avez compris, notre ambition est que Rennes soit parmi les premières grandes villes de France à conjuguer ensemble cohésion sociale, développement économique et exemplarité environnementale, que Rennes soit parmi les premières grandes villes de France à mener de front les combats de l’écologie et de la solidarité car ils sont depuis toujours indissociables.