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Conseil municipal Laurent Hamon

Transition écologique : c’est maintenant qu’il faut agir

[Conseil municipal du 10 septembre 2018]

Au lendemain de la Marche pour le climat, à l’heure de la prise de conscience citoyenne de la catastrophe annoncée du dérèglement climatique, nous avons réaffirmé l’impérieuse nécessité de l’écologie politique.

 

 

Conseiller municipal

Délégué aux Usages du numérique
 

Intervention de Laurent HAMON au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s

Samedi dernier en France, 100 000 manifestants, dont 4 000 à Rennes, se réunissaient pour exiger des décideurs politiques qu’ils passent à l’action en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Cette forte mobilisation, au-delà d’une simple réaction au départ de Nicolas Hulot du Gouvernement, s’inscrivait dans une mobilisation mondiale. Dans des centaines de villes à travers le monde, ce sont centaines de milliers de personnes qui ont défilé.

Dans le journal Libération, 700 scientifiques publiaient une tribune en écho de cette mobilisation planétaire et dans laquelle ils affirmaient « Il est tout aussi crucial qu’urgent de sortir du champ de l’incantatoire et de traduire concrètement ces discours en choix politiques forts et clairs au service d’une transformation sociétale profonde. »

La réalité climatique de cet été, notamment dans l’hémisphère nord, en totale cohérence avec les prévisions des spécialistes du climat, ne laisse plus de doute sur la réalité du réchauffement climatique. Certains appelaient cela un dogme idéologique ou une prophétie à la Cassandre. Cette vision a fait long feu.

Nous sommes déjà dans « l’après », dans cette ère de l’anthroposcène, où les actions de l’homme ont un impact sans précédent sur la terre. La crise climatique n’est pas à venir, nous sommes en plein dedans. La question n’est plus comment l’éviter mais comment s’en sortir au mieux et comment se préparer aux conséquences naturelles mais aussi géopolitiques, migratoires et économiques qu’elle va engendrer.

L’écologie, en tant que proposition politique globale, est plus que jamais pertinente.

Contrairement à ce que beaucoup veulent encore continuer à laisser croire, l’écologie n’a jamais mis la défense de l’environnement au-dessus de celle de l’humanité. La planète se remettra d’un réchauffement climatique rapide et brutal. Cela prendra des milliers voir des millions d’années mais elle s’en remettra. Nous non. À l’heure où l’humanité joue sa peau, il devient enfin plus compréhensible par toutes et tous que l’écologie est avant tout la défense des hommes et des femmes qui peuplent cette planète. Comment ? En luttant pour la défense des droits humains et de l’environnement, contre la dégradation de leurs conditions de vie liée à la pollution, en mettant en place un système démocratique et économique qui les respectera en tant qu’individus mais qui n’oublie pas l’intérêt général.

Beaucoup de gens ont compris cela, oui. Alors, est-ce à dire que la bataille culturelle est gagnée et donc que le monde va changer ?

Encore faudrait-il que les États, les dirigeants politiques, les « élites » de façon générale partagent cette vision. La démission de Nicolas Hulot nous montre que nous en sommes encore loin. Si l’engagement de l’homme et sa sincérité ne font aucun doute, sa démission, loin d’être un échec de l’écologie, est au contraire une clarification nécessaire. Seul ministre écologiste dans un gouvernement de droite perclus de lobbyistes que pouvait-il faire ? Rien sans une force citoyenne, mais surtout sans une force politique conséquente au cœur des institutions de notre pays.

L’écologie est aussi une histoire de cohérence, d’ambition et de capacité à s’affranchir du monde ancien. Et tout le monde n’a pas la culture politique pour aller au bout de cette logique. Trop souvent les discours peinent encore à se transformer en acte. La Ville de Nantes pouvait-elle y a encore peu se targuer d’être désignée capitale française de la biodiversité tout en défendant mordicus le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes en refusant de voir que les deux étaient bien incompatibles. Les membres du gouvernement se félicitaient hier du succès de la marche sur le climat et envoie aujourd’hui 500 gendarmes mobiles déloger les manifestants contre le projet absurde de contournement autoroutier de Strasbourg.

Je le répète, la sincérité est un préalable mais elle ne suffit pas.

Il faut des forces citoyenne, associative et politique organisées qui portent ces combats, comme nous les menons à Rennes.

Car il est faux de penser que seuls les États peuvent agir. Les régions, les métropoles, les villes, mènent nombre de politiques déterminantes.  À Rennes, notre Plan Local d’Urbanisme, les projets d’agriculture urbaine qui émergent sur le territoire et que nous soutenons, notre politique de soutien à l’agriculture locale et bio au travers des approvisionnements, notre politique de développement du vélo, notre politique de santé pour la prévention des risques sanitaires et environnementaux, notre politique du numérique sobre en énergie, le budget participatif et le soutien aux projets des habitants, qui, cela n’aura échappé à personne  illustrent une réelle appétence pour l’écologie, tout cela, sont autant de leviers que nous actionnons ici et maintenant. Leviers auxquels il nous faudrait ajouter une action ambitieuse sur les économies et la production d’énergies renouvelables.

C’est aussi une bonne nouvelle, les citoyens ne nous ont pas attendus pour se mobiliser à titre individuel mais aussi souvent collectif, dans des associations.

Le bouillonnement associatif autour des questions de solidarité, d’accueil des migrants mais aussi, comme dans le cadre du budget participatif, autour des aménagements cyclables, de la production d’énergies renouvelables ou de protection de la biodiversité. Les reconversions professionnelles de plus en plus nombreuses dans les métiers d’avenir comme l’agriculture urbaine, la prise de conscience au quotidien des enjeux écologiques et les efforts consentis par des citoyens de plus en plus nombreux, en matière de déplacements doux, de nouveaux modes de consommation, tout cela doit nous porter et nous conforter dans l’idée que nous devons non seulement accompagner ce changement de fond mais aussi le précéder. Le changement doit être ambitieux et rapide, au vu des enjeux. Il semble que beaucoup d’habitants y soient préparés. Il nous revient d’être à la hauteur.