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Vers un territoire zéro carbone

[Conseil municipal du 4 décembre 2017]

La lutte contre le changement climatique est l’enjeu de notre siècle. Notre « plan air énergie durable climat » nous engage sur la voie du post-carbone. Bois, solaire, projet urbain et dynamique citoyenne doivent disposer des moyens pour faire de ce cap une réalité.

 

 

Conseillère municipale

Co-présidente du groupe écologiste

Vice-présidente de Rennes Métropole en charge de la Jeunesse

 

Intervention de Gaëlle ROUGIER au nom des élu-e-s écologistes

 

La lutte contre le changement climatique est l’enjeu de notre siècle. Si nous en avons aujourd’hui tous conscience, le passage à l’acte pour faire de la question climatique une priorité de toutes nos politiques et à tous niveaux est encore loin d’être une évidence. L’objectif d’aujourd’hui est donc clair : se donner les moyens pour faire de notre ville un territoire zéro carbone dans 30 ans.

En 1972, des scientifiques, des économistes et des industriels issus de 52 pays et réunis au sein du « Club de Rome » publiaient un rapport intitulé « Les limites de la croissance » où ils alertaient sur la dégradation rapide de l’état de notre planète du fait d’un modèle de développement prédateur. En 1992, 1 700 scientifiques publiaient le rapport intitulé « Avertissement à l’humanité ». 25 ans plus tard 15 000 scientifiques issus de 182 pays réitèrent cet avertissement. Les lanceurs d’alerte que l’on regardait avec dédain il y a 40 ans ne se sont pas trompés. Nous n’avons plus le choix, il n’y a plus d’hésitation à avoir, il faut agir, plus et plus vite.

La COP 21 a donné le cap à suivre et nous engage. Depuis les Accords de Paris, les débats ne portent plus sur les objectifs à atteindre mais bien sur la façon d’y parvenir.

C’est donc bien sur la trajectoire d’un monde libéré des énergies fossiles à l’horizon 2050 que nous nous engageons aujourd’hui. Cet objectif est parfaitement atteignable. On l’oublie souvent mais l’Union Européenne a su réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et aujourd’hui et ce, sans connaître de décrochage économique. Bien au contraire, les territoires qui prendront le leadership de la transition énergétique seront aussi les principaux acteurs économiques de demain.

C’est cette trajectoire de territoire post-carbone qu’il nous faut prendre à notre tour ce soir. En tant que Ville, notre rôle est d’autant plus déterminant que c’est bien à l’échelon local que se joue la transition énergétique et écologique.

Notre territoire est déjà en mouvement. L’essentiel des émissions de GES à Rennes et sur la métropole proviennent des déplacements et du parc de logements. Avec deux lignes de métro, un réseau de transports en commun dense, un plan vélo, très bientôt un plan piéton, un projet urbain qui favorise une ville dense, plus végétale et apaisée mais aussi des actions de réhabilitation du parc de logement social conséquentes, sur ces deux domaines la Ville et la Métropole agissent de concert. Il n’est pas possible sur le temps qui m’est imparti de citer l’ensemble des actions menées mais je veux aussi saluer le gros travail fait par notre ville sur l’alimentation, tant en matière d’agriculture urbaine que biologique. Dans une région ou l’agriculture pèse 40 % des émissions de GES, émissions liées presque intégralement à l’utilisation massive d’engrais et de pesticides, il est essentiel que Rennes, capitale bretonne, s’engage fortement dans les nécessaires changement de pratiques agricoles.

Malgré cela, il y a encore d’importants progrès pour assurer la cohérence des actions entre politiques. Je prendrai une nouvelle fois comme illustration parmi d’autres, notre politique d’animation commerciale : entre les tickets de parking gratuit pour les clients du commerce du centre-ville et l’installation d’une patinoire à ciel ouvert, on ne peut que déplorer les incohérences entre les ambitions affichées et leur retranscription. Le choix de la présence de la publicité numérique est aussi une incongruité. Le plan que nous votons aujourd’hui doit nous permettre de mieux avancer sur ces questions. C’est en effet urgent.

Là où notre territoire a aussi pris du retard, c’est sur capacité à être autonome en énergie. Alors que la loi nous impose de produire 20 % de l’énergie que nous consommons via des énergies renouvelables en 2020 – c’est à dire dans trois ans – nous sommes aujourd’hui à 8 %. Il s’agit donc d’accélérer. Le plan que nous votons ce soir donne dans ce domaine des éléments de réponse.

Notre première ressource pour réussir la transition énergétique c’est l’incroyable dynamique citoyenne de notre ville. Dans une précédente intervention, nous rêvions que demain le Roazhon Park puisse être recouvert de panneaux solaires dont l’installation aurait été co-financée avec l’aide, pourquoi pas, des clubs de supporters. Ce rêve deviendra peut être réalité après le vote du plan qui nous est proposé ce soir puisqu’il prévoit bien de soutenir les projets énergétiques portés par des citoyens. Le souhait que nous avions formulé en début de mandat se trouve ici concrétisé et c’est une très bonne nouvelle.

Notre second atout c’est l’extension des réseaux de chaleurs. Alors que les logements sont à l’origine de plus de la moitié des gaz à effet de serre de la ville, permettre au parc existant de se raccorder à un réseau de chauffage alimenté au bois peut permettre des gains considérables.

Il est pour nous urgent d’acter l’extension des réseaux de chaleur notamment à l’est et au nord de Rennes.

Comme pour tous les territoires urbains, l’énergie solaire est notre troisième grand atout. En 2008, Daniel Delaveau annonçait vouloir faire de Rennes « une ville solaire ». Depuis, pas grand-chose ne s’est passé. Il y aura bien de nouveaux panneaux photovoltaïques sur nos écoles, le conservatoire et les parcs relais de la ligne b du métro, mais cela reste encore trop marginal. La création d’une société d’économie mixte avec le SDE et Rennes Métropole doit nous permettre de démultiplier les projets. Là aussi c’est une bonne nouvelle.

Notre quatrième grand atout, c’est notre projet urbain. Puisqu’aujourd’hui nous savons produire des bâtiments à énergie positive, c’est à dire qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment ; puisque nous devons produire 1 500 logements chaque année sur Rennes pour répondre aux besoins ;

alors chaque nouveau logement, chaque nouvel équipement public qui se construit est une opportunité pour gagner un peu plus d’autonomie énergétique.

C’est bien le sens pris par notre nouveau projet urbain Rennes 2030 et qu’il nous faut désormais concrétiser.

Le plan que nous votons ce soir apporte des réponses nouvelles, de nouveaux outils qui faciliteront le déploiement des énergies renouvelables. Malheureusement, il reste encore trop imprécis sur les moyens et le rythme de mise en œuvre de la transition énergétique. Il manque des objectifs datés, chiffrés et budgétés. Cette absence nous inquiète quant à notre capacité à réaliser les actions que nous voterons ce soir et surtout à les amplifier rapidement. La semaine dernière la Collectivité Eau du Bassin Rennais a adopté sa contribution au Plan Climat Énergie. Elle a notamment décidé de s’engager sur le développement du bois énergie mais aussi sur l’installation de micro-turbines électriques sur les réseaux d’eau. Cette contribution de la CEBR est d’autant plus pertinente qu’elle est chiffrée, datée, budgétée. Elle affirme ainsi concrètement un rythme sur la mise en œuvre d’une stratégie énergétique. C’est encore ce qui nous manque au sein de la Ville de Rennes.

Pourtant il n’y a aucune crainte à avoir à élaborer un plan d’investissement ambitieux et à l’afficher clairement. En effet, les actions de transition énergétique que nous menons déjà sont rémunératrices pour notre collectivité. Le retour sur investissement existe. J’en veux pour preuve les recettes importantes issues de la vente des certificats d’économies d’énergies engrangés cette année.

Indéniablement, avec ce PAEDC, nous faisons faire à Rennes un pas de plus vers le cap du zéro carbone et du 100 % renouvelable.

Il viendra comme une pierre à l’édifice d’une stratégie métropolitaine en cours d’élaboration et que nous souhaitons très ambitieuse. Pour y parvenir, nous devons sortir de notre timidité et prendre conscience que c’est l’équivalent des investissements de la seconde ligne de métro qu’il nous faut désormais mettre sur la table pour faire de Rennes et de sa métropole un territoire de l’excellence énergétique. Le plan que nous votons ce soir nous dote de nouveaux outils qui doivent nous permettre d’accélérer. C’est cette ambition que nous voulons affirmer en votant ce soir en faveur du PAEDC de la Ville de Rennes.