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Urbanisme : relever le défi de la transition écologique

[Conseil métropolitain du 2 mars 2017]

Le projet d’aménagement et de développement durable du futur Plan local d’urbanisme intercommunal a été présenté en conseil métropolitain. Avec ce document, la Métropole s’inscrit désormais dans une dynamique de transition pour faire de notre territoire une véritable écométropole.

Conseiller métropolitain

Président du groupe écologiste de Rennes Métropole

Intervention de Morvan LE GENTIL au nom du groupe écologiste

citationAvec la loi NOTRe, la compétence urbanisme qui incombait aux communes devient désormais métropolitaine. C’est dans ce cadre que nous avons à bâtir aujourd’hui notre Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi).

 

Pour les écologistes l’élaboration du PLUi, et notamment l’étape du Projet d’Aménagement et de Développement Durable, le PADD,  constituent une véritable opportunité pour construire une vision commune de l’avenir du territoire métropolitain et engager la transition écologique à l’échelle de nos 43 communes.

 

On ne part pas de rien. La culture de l’intercommunalité, depuis le District de Rennes jusqu’à Rennes Métropole a posé les bases d’un projet de territoire partagé et dynamique. C’est sur ces bases que nous pouvons aujourd’hui nous appuyer pour aller plus loin.

 

Pour un aménagement à taille humaine

La première des valeurs communes est bien la solidarité. La mixité sociale mise en œuvre via le Programme local de l’habitat est revendiquée, présentée bel et bien comme un atout pour l’équilibre du territoire. Dans le même temps, on entend parfois les habitant-e-s de nos communes appréhender la construction de nouveaux quartiers et l’arrivée de nouvelles populations. C’est encore remonté à plusieurs reprises dans les entretiens menés par les élu-e-s-témoins.

Nous sommes convaincus que les formes urbaines ont leur rôle à jouer pour favoriser le vivre ensemble, lutter y compris contre le sentiment d’insécurité. Pour que l’accueil de nouvelles populations se fasse de façon harmonieuse, nous voulons un aménagement urbain à taille humaine, qui génère des espaces publics vivants, ouverts, sensuels et sains ; un aménagement urbain qui garantit la présence de nombreux services et particulièrement des services publics ; un aménagement urbain appropriable par toutes et tous, qui soit surtout pensé et construit avec les habitant-e-s. C’est de cette façon que nous entretiendrons le territoire solidaire et accueillant que nous connaissons aujourd’hui.

 

Une métropole qui prend soin de son environnement

La seconde valeur commune est l’affirmation de la diversité comme une richesse. Le territoire métropolitain est urbain, périurbain mais aussi rural – et cette dimension pourrait être plus soulignée encore, dans ce document comme dans nos politiques. Le développement dit en « ville-archipel », cette trame urbaine constituée de villes et villages reliés entre eux par des paysages ruraux, des corridors de nature, a permis de préserver la diversité de notre territoire quand presque toutes les métropoles de France et d’Europe ont fait le choix d’un développement urbain linéaire constituant ainsi d’immenses conurbation. Cette caractéristique de notre Métropole est une vraie force qu’il nous faut réaffirmer. Plus que les grands projets urbains type EuroRennes, qui feront ressembler le cœur de notre métropole à toutes les autres métropoles de France, c’est bien sur cette architecture urbaine atypique qu’il nous faut nous appuyer pour construire notre avenir et notre différence.

Il nous faut préserver la ceinture verte, préserver les espaces naturels et une agriculture respectueuse de l’environnement sur notre territoire.

Pour cela il nous faut aller plus loin en matière de préservation du foncier, et sans doute le stock des zones 2AU devra à terme être réduit encore. Il faut le redire, préserver le foncier demande un urbanisme plus dense, mais densité n’est en aucun cas synonyme de grands ensembles ou d’immeubles de grandes hauteurs.

Il nous faut aussi construire un urbanisme plus végétal.

L’instauration d’un « permis de végétaliser » pourra permettre à tout un chacun d’investir la ville pour la rendre plus verte. Surtout, et c’est pour nous essentiel,

l’instauration d’un « coefficient de biotope », nous donne la possibilité d’obliger chaque promoteur à prévoir une part végétale dans tous les projets de construction, que ce soit au sol, en toiture ou en façade.

 

Relever le défi de la transition énergétique

La transition énergétique est un autre défi à relever via ce nouveau PLUi. Un lien plus explicite pourrait d’ailleurs être fait avec l’étude conduite actuellement, sur le potentiel de notre métropole en matière de production d’énergies renouvelables : autant que possible, notre modèle urbain doit être au service de ce potentiel, gage d’indépendance et d’efficacité. Rien qu’en matière d’électricité solaire nous pourrions couvrir la consommation de 40 000 habitants. Et puisque nous savons désormais construire des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, les 4500 nouveaux logements annuels, programmés dans le PLH, sont autant d’opportunités d’augmenter notre autonomie énergétique, à condition que nous imposions des exigences ambitieuses aux promoteurs.

 

La mobilité, question centrale

Je ne reviendrai pas sur la question des mobilités, largement abordée lors de notre dernier conseil et encore en bonne place dans ce PADD. Mais elle était aussi au cœur des attentes exprimées par nombre de citoyens rencontrés par les élu.e.s témoins :

  • mobilités structurantes à l’échelle des bassins de vie, réduisant la part de la voiture au profit des infrastructures transports en commun ou vélo ;
  • mais aussi mobilités de proximité, avec de fréquentes références à la notion de « cheminements » qui font le cachet d’un quartier, la sécurité des piétons, le plaisir et la performance des déplacements actifs.

 

Globalement, ce PADD positionne des curseurs en matière de déplacement, de sobriété foncière, de formes urbaines, d’équilibre ville-campagne, de solidarité… dans lesquels nous voyons le reflet du projet porté par les élu-e-s écologistes, et le fruit de nos contributions. Il innove même en traçant des sillons nouveaux, sur urbanisme et santé, sur le mix énergétique territorial ou sur l’utilisation des matériaux bio-sourcés. Selon nous, ce sera l’enjeu fort du futur PLUi : doter notre métropole de moyens d’actions ambitieux pour relever le défi de la transition écologique.

 

Mettre en œuvre l’écométropole

Car au-delà du PADD, dont le caractère global constitue à la fois son intérêt et sa limite, nous allons rentrer dans une phase qui sera réellement celle des moyens et des traductions concrètes – dans les Orientations d’Aménagement Programmé et les règlements communaux. C’est à cette aune que nous mesurerons réellement le chemin parcouru.

 

Le travail sur les OAP, en particulier, sera crucial : leur rédaction devra faire l’objet d’un traitement des plus fins pour en faire de véritables leviers dans le dialogue avec les promoteurs. Sans outils opposables forts, certaines de nos ambitions risqueraient de rester lettres mortes, comme l’utilisation de matériaux bio-sourcés, le bois, la paille, la terre, le chanvre dans les constructions neuves… ou la diversification des formes urbaines, en rupture avec des nouveaux quartiers dénoncés comme trop uniformes et monotones.

 

De même il nous faudra sans doute réfléchir à des outils complémentaires pour donner corps à certains engagements : la préservation du dernier commerce, dans certaines de nos communes, est par exemple un enjeu qui demandera probablement un dispositif d’accompagnement spécifique, y compris financier.

 

De l’importance de la concertation

Pour rester dans le thème des « boîtes à outils » qui conditionneront notre réussite dans la phase plus opérationnelle qui s’ouvre aujourd’hui, je voudrais conclure en évoquant la participation citoyenne dans les déclinaisons communales. On le sait, le PADD n’était pas le support le plus facile pour une large mobilisation, mais dès que l’on va rentrer sur un regard plus « terrain », on peut faire le pari que de nombreux concitoyens se montreront intéressés.

 

Or cette concertation mériterait d’être davantage irriguée sur le plan méthodologique : chaque commune, élu-e, agent, a-t-il bien conscience des différents vecteurs qui peuvent être utilisés pour générer une appropriation collective, voire un débat lorsque c’est nécessaire ? On parle de réunions publiques, de balades urbaines, mais on pourrait tout autant creuser la maquette participative, la cartographie subjective, la vidéo, la collecte de mémoire… et pourquoi ne pas tester ça et là des votations citoyennes, pour les orientations qui engagent le plus ou sont les plus discutées ?

 

Les options sont innombrables et enthousiasmantes pour peu que l’on s’y penche. Récemment, des concertations sur Vilaine Aval et sur Via Silva ont montré tout l’intérêt d’être créatifs en la matière, et à l’échelle européenne de nombreuses expériences innovantes gagneraient à être partagées.

 

Dans l’immédiat on peut déjà noter que Rennes Métropole a positionné un fond pour soutenir ces démarches de concertation, à hauteur de 1 € par habitant. Nous soutenons ce volontarisme, mais il doit peut-être s’accompagner d’un questionnement, sur le seuil minimal permettant d’engager une démarche digne de ce nom : pour les plus petites communes, quelques centaines d’euros permettent-elles vraiment d’organiser un temps fort, de faire venir un intervenant, de travailler une communication spécifique tout au long des mois qui viennent ? Une péréquation en faveur des petites communes favoriserait sans doute un nivellement par le haut des dynamiques de concertation autour du PLUi.