Intervention de Matthieu THEURIER au nom du groupe écologiste
En ce début d’année 2017, la saison 2 du budget participatif bat son plein. Après l’engouement de la première édition, le budget participatif prend désormais son rythme de croisière. Et avec près de 650 projets déposés, les Rennais ont une nouvelle fois confirmé leur envie d’être actifs dans la transformation de leur ville.
Une démocratie vivace
Le budget participatif, c’est l’idée que la ville se construit dans un partenariat permanent entre élu-e-s et habitant-e-s, c’est l’idée que la politique est l’affaire de tou-te-s qui est en train de s’imposer durablement. Ce n’était pas gagné d’avance mais désormais le budget participatif est un acquis démocratique sur lequel personne n’osera revenir.
C’est une bataille culturelle, celle d’une démocratie locale plus directe, qui est en passe d’être gagnée.
Les Rennais veulent une ville écologique
Si l’on regarde les projets déposés par les habitants, encore une fois les Rennais ont affirmé qu’ils voulaient une ville apaisée, une ville accessible à pied et à vélo, une ville plus végétale.
Et là aussi, c’est une autre bataille culturelle qui est en passe d’être gagnée : celle que la transition écologique est une nécessité, mais aussi une opportunité pour bâtir une ville vivante, verte et solidaire.
Cette transition, elle est déjà engagée, nous y travaillons. La nomination de Rennes comme capitale française de la biodiversité est l’une des preuves des actions menées pour la protection de notre environnement. Le budget de la Ville de Rennes pour 2017 permettra en partie de prolonger ces engagements.
Par exemple, en 2017, la part de l’alimentation biologique dans les cantines scolaires passera à 16%. Pour rappel, nous étions à 7% en 2014.
Budget vélo : multiplié par 2
Le vélo, qui peinait jusqu’à présent à trouver les moyens de ses ambitions, voit cette année son budget multiplié par deux avec plus d’un million d’euros pour de nouveaux aménagements sur le nord du boulevard de Chézy, la place de Bretagne ou encore le boulevard Laënnec et la rue de Lorient.
Budget auquel devront venir s’ajouter les projets issus de la Fabrique citoyenne. D’est en ouest et du nord au sud, ce sont ainsi les premiers tronçons d’un réseau autoroutier dédié au vélo qui verront le jour en 2017 et viendront répondre à une demande toujours croissante des habitants.
Selon l’INSEE, nous serions la quatrième ville cyclable de France. C’est une jolie performance. Mais pour nous, Rennais, qui visons toujours l’excellence de nos politiques publiques, seule une place sur le podium pourra nous satisfaire.
Et c’est ce podium qu’il nous faut désormais aller chercher, par esprit de compétition un peu bien sûr, mais surtout parce que la pollution de l’air que nous subissons de façon régulière est intolérable.
Là aussi, les Rennais ont désormais pris conscience de l’ampleur du phénomène et ils n’acceptent plus de vivre avec ce fléau. À nous de prendre des mesures fortes pour l’éliminer.
Stationnement : il faut une fiscalité écologique et équitable
Une vraie opportunité s’ouvre pour cela en 2017, c’est la réforme du stationnement. Pour rappel, l’accès au stationnement est déterminant dans la place que l’on accorde à la voiture en ville. Pour rappel, la fraude au stationnement payant à Rennes est de 70 %. Nous perdons ainsi chaque année 6,5 millions d’euros de recettes potentielles. Nous avons là une ressource importante et pourtant négligée.
Pour y remédier, les écologistes proposent que le montant de l’amende pour fraude au stationnement soit désormais fixée à 45 euros.
Un montant plus dissuasif. Surtout, c’est le montant actuel de l’amende pour la fraude aux transports en commun. Dans un souci d’équité, il nous semble logique que les montants des amendes pour les automobilistes ou pour les usagers des transports en commun soient au moins du même niveau. En faisant varier les amendes de stationnement, nous pouvons à notre échelle mettre en œuvre une fiscalité écologique qui participe à rendre les déplacements alternatifs à la voiture plus attractifs, tout en dégageant des moyens supplémentaires pour notre collectivité.
Transition énergétique : le compte n’y est pas
Dégager ces moyens est essentiel pour maintenir le champ d’intervention de nos services publics comme nous nous y sommes engagés. Les écologistes seront toujours attentifs à ce que nos moyens humains soient préservés pour la bonne qualité du service public et des conditions de travail de nos agents. Et nous sommes inquiets de voir aujourd’hui un certain nombre de services à la peine en matière de moyens humains.
Dégager de nouveaux moyens est essentiel aussi pour accélérer nos actions en matière de transition énergétique, puisque cette question reste encore le grand absent de nos ambitions écologiques.
Les accords de Paris nous obligent à produire 20 % de l’énergie que nous consommons via des énergies renouvelables en 2020, c’est à dire dans trois ans. Aujourd’hui nous sommes à 8%. Le compte n’y est clairement pas. Le budget dédié à l’énergie reste constant d’année en année sans que rien ne bouge quand d’autres collectivités ont pris la mesure des enjeux et prennent de l’avance.
Pour que Rennes ne décroche pas, nous souhaitons une vraie politique d’investissements en faveur de l’énergie solaire.
Nous souhaitons que dans le même temps un système de financement participatif lié à notre nouvelle régie photovoltaïque puisse voir le jour dès 2017. De cette façon, nous pourrons inviter demain les supporters du Stade Rennais à investir dans une toiture photovoltaïque sur le Roazhon Park, associer les parents d’élèves pour l’installation de panneaux solaires sur les écoles, et l’ensemble des Rennais pour la transition énergétique de notre ville.
La transition se fera avec les habitants et les associations
La transition écologique se fera avec les habitants. Je veux, pour conclure, rappeler aussi qu’elle se fera grâce à l’action des associations de protection de l’environnement. Il faut saluer le choix que nous faisons aujourd’hui.
En votant le budget 2017, nous prenons l’engagement de maintenir nos subventions à la Maison de la consommation et de l’environnement qui réunit 27 associations agissant pour l’écologie à Rennes.
Malheureusement, dans le même temps, la situation de l’association Bretagne Vivante, membre de la MCE, acteur historique de l’écologie en Bretagne, et qui se voit aujourd’hui contrainte de supprimer près de 10 emplois du fait du désengagement de l’État et de certaines collectivités, ne peut que nous révolter. Celles et ceux qui depuis des années ont alerté sur les risques que faisaient courir pour les humains le déclin sans précédent de la biodiversité, celles et ceux qui ont participé à la création et à la gestion des premières réserves naturelles en Bretagne sont aujourd’hui récompensés à grands coups de baisses de subventions.
En cette année 2017, je ne peux qu’appeler à l’élection d’un Président qui soit véritablement soucieux des associations de protection de l’environnement.
Car si leur action est mise à mal, cela aura des conséquences pour nous tous.
Notre environnement connaît des changements profonds. Ils nous amènent inéluctablement vers un changement profond de nos sociétés. Pour que ces changements n’aient pas pour conséquence un grand repli sur soi haineux et xénophobe. Pour que ces changements deviennent au contraire autant d’opportunités de construire des sociétés plus durables et solidaires, il nous faut soutenir tous ceux qui œuvrent en cette direction.
La transition écologique se fera avec les habitants. Jour après jour, les Rennais expriment un choix de société clair. Leur volonté d’une ville écologique et solidaire est sans cesse réaffirmée. En tant qu’écologiste, je suis évidemment heureux de constater que le message porté par deux générations de militants est désormais relayé par une population toujours plus importante. En tant qu’élu-e-s, il est clair que notre responsabilité, aujourd’hui encore plus qu’hier, est de répondre au mieux à cette aspiration citoyenne et donc d’accélérer encore la transition écologique de notre ville. |