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Charlotte Marchandise-Franquet Conseil métropolitain

Pour valoriser la recherche, croiser regard savant et expertise de terrain

[Conseil métropolitain du 22 septembre 2015]
 

L’enseignement supérieur et la recherche ont été le sujet du débat en conseil de Rennes Métropole. Pour les écologistes, notre métropole doit s’engager dans l’édification d’une véritable société de la connaissance et l’appropriation par tous, des progrès scientifiques en croisant regard savant et expertise de terrain.

Charlotte MARCHANDISE
Conseillère communautaire
Adjointe Santé  (Rennes)

 

 

 

Intervention de Charlotte MARCHANDISE au nom du groupe écologiste

Avec ses 66 000 étudiants, ses deux universités et ses 17 grandes écoles, Rennes est donc le 8ème pôle universitaire de France. Les 73 unités de recherche assurent, en termes de retombées économiques, 600 millions d’euros au territoire de la métropole. Rennes Métropole a très bien compris l’importance de l’enseignement universitaire et de la recherche : renforcer l’excellence académique, améliorer la qualité et l’attractivité du site universitaire rennais, inciter les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche à participer à l’écosystème de l’innovation, et promouvoir le site universitaire à toutes les échelles territoriales sont les quatre axes forts de son engagement.

Il s’agit également d’accueillir cette population étudiante qui ne reste pas sur le campus. À ce titre, nous sommes attentifs et observons leurs conditions de vie en collaboration avec les observatoires de Rennes 1 et 2, et le SIMPPS (Service inter-universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé), et travaillons ainsi à leur bien être et à faire en sorte que leur séjour soit positif à tous points de vue, de jour comme de nuit.

Pourtant, au-delà de notre soutien à la vie étudiante, à la recherche et à la production d’innovations scientifiques et technologiques, notre métropole doit s’engager dans l’édification d’une véritable société de la connaissance et l’appropriation par tous, des progrès scientifiques.

L’accès à la connaissance, la possibilité de s’approprier les résultats de la science et les mettre en débat est un enjeu primordial pour les citoyens. Elle l’est aussi pour les élu­-e­-s que nous sommes. La connaissance scientifique doit pouvoir irriguer et nourrir la décision politique.

Les experts, les associations, les syndicats ou des groupes de citoyens développent eux aussi des expertises intéressantes au quotidien, qui constituent en soi des avancées scientifiques de terrain complémentaires à la recherche institutionnelle.

Ils peuvent être producteurs de données.

Cette matière est aussi une ressource précieuse pour nos politiques publiques.

Le modèle de recherche action qui s’est fortement développé ces dernières années est une expression de ce besoin de croiser regard savant et expertise de terrain. L’évolution prévue par la loi NOTre des conseils de développement, tout comme l’existence déjà ancienne des conseils économiques et sociaux régionaux, en sont aussi l’émanation.

En région Île de France le programme PICRI (Partenariat Institutions-Citoyens pour la Recherche et l’Innovation) a permis de mettre en débat de nombreux sujets de recherche. Il s’agit de mettre en relation des citoyens, experts, universitaires et de les faire travailler très concrètement sur des sujets scientifiques afin d’en faire ressortir les enjeux les plus saillants.

En Bretagne le projet ASOSC (Appropriation SOciale des SCiences), malheureusement aujourd’hui abandonné, était dans le même esprit, à savoir : le partage et la compréhension des connaissances et l’acculturation au vocabulaire, à la pensée scientifique. Il permettait également la production d’une analyse collective qui réponde à des besoins et des enjeux sociétaux, qu’ils soient de nature économique, sociale, culturelle ou environnementale.

Pour le groupe écologiste, cette voie mérite d’être creusée. La métropole pourrait se doter d’un appel à projet de ce type, qui concoure à soutenir très concrètement ce genre d’expérimentations. D’autant que notre écosystème est très favorable, entre foisonnement associatif, innovation technologiques et sociales liées au partenariat déjà mis en place avec nos écoles et universités, à notre culture en R et D et à la French Tech. Concernant la French Tech, nous bénéficions là d’un outil particulièrement innovant dont il nous faudra encore améliorer le lien avec l’enseignement supérieur, notamment autour des enjeux de la Smart City. Il nous faudra également mieux accompagner les équipes de recherche qui ont des projets d’entreprises.

De nombreux de travaux sont déjà engagées : nous accueillons des doctorants en urbanisme ou sur les labfab dans nos services métropolitains, inaugurons des chaires ambitieuses qui ont vocation à nous éclairer comme la chaire mobilité durable. Un pôle territorial de coopération économique autour de l’ESS associe l’université, et nous organisons une soirée le 12 octobre à l’occasion du festival des sciences avec les universités Rennes 1 et 2 et l’EHESP « La santé au cœur de la Cité : la recherche au service de l’action publique » pour valoriser les travaux de recherche, sortir des silos disciplinaires, et permettre aux citoyens et aux décideurs de s’approprier cette production riche mais parfois difficile d’accès ou de compréhension. Un modèle open-source reproductible.

Nous disposons d’un fort potentiel sur le territoire. Nous pouvons passer à l’échelle en terme d’observation, mais aussi pourquoi pas, en terme d’évaluation des politiques publiques, qui peut être un axe de partenariat à développer avec l’université de façon plus systématique.

Alors continuons à travailler pour valoriser la recherche, partager le sens essentiel de la recherche, du sens commun et relever les défis de notre territoire, les défis de notre avenir.