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Conseil municipal Laurent Hamon

Ayons recours à la finance éthique plutôt qu’aux agences de notation

[Conseil municipal du 23 mai 2016]

Le conseil municipal de Rennes a approuvé la constitution d’un groupement de commandes avec Rennes Métropole afin de sélectionner une agence de notation financière. Pour les écologistes, cette démarche est contre-productive, voire dangereuse et contradictoire avec les objectifs de responsabilité écologique et sociale que nous nous sommes fixés. Naturellement, nous avons voté contre.

Conseiller municipal

Intervention de Laurent Hamon au nom du groupe écologiste 

 

citationLes élu-e-s écologistes voteront contre cette délibération.

En effet, la sélection d’une agence de notation financière et l’attribution de note nous apparaît comme contre-productif, voire dangereux, et contradictoire avec les objectifs de responsabilité écologique et sociale que nous nous sommes fixés.

Nous estimons au contraire qu’il est nécessaire de revenir à une économie réelle en n’empruntant plus sur le marché obligataire et en refusant de se faire noter par des agences privées. S’il ne fallait citer qu’un exemple du danger de la financiarisation de l’économie, l’affaire des Panama Papers nous oblige à revenir à la raison. S’il ne fallait citer qu’une phrase, alors prenons celle lancée par François Hollande, au soir du 21 janvier 2012 :  » Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance ».

Une agence de notation privée a-t-elle la légitimité pour accorder des bons ou mauvais points à la Ville de Rennes ? Nous répondons non : elle n’est pas élue et ne gouvernera pas notre politique et encore moins notre ville ! D’ailleurs, les agences de notation ont-elles vu venir la crise des subprimes en 2008 ? Bien au contraire, on sait désormais qu’en sur-notant des produits financiers à risques basés sur des emprunts immobiliers, elles ont encouragé l’essor de ces pratiques. La crise immobilière est ainsi devenue financière, puis économique et sociale. De même, suite aux erreurs à répétitions de ces agences, elles ont réussi à échapper aux poursuites judiciaires en déclarant : « Nos notations n’étaient pas des actes financiers, c’était de pures opinions ».

À Rennes, les notations d’une agence risquent, si elles sont mauvaises, de faire augmenter les taux d’intérêt de nos emprunts, voire d’aggraver un possible déficit budgétaire. Ne prenons pas un tel risque.

De même, est-il nécessaire de redire que ces agences sont opaques quant à leurs méthodes de notation, est-il nécessaire de rappeler le caractère oligopolistique où trois entreprises accaparent la quasi-totalité du marché ? Que dire des conflits d’intérêts, à l’image de l’agence Moody’s qui n’a toujours pas publié la liste de ses actionnaires comme le réclame l’Autorité des marchés financiers ?

Au lieu d’avoir recours à une telle agence, il serait peut-être plus intéressant de former certains salarié-e-s de la Ville à la finance éthique : c’est d’ailleurs tout le sens du vœu que nous avons voté le 18 janvier 2016 nous engageant dans la lutte contre les paradis fiscaux et pour une finance responsable.

Au lieu d’avoir recours à une telle agence, il importe au contraire de construire une stratégie financière basée sur l’économie réelle. Il importe surtout d’être conscient que les crises que nous vivons sont celles d’un modèle de développement, un modèle ultra court-termiste, gaspilleur de nos ressources naturelles et qui accroît les inégalités. À ce titre, il ne faut pas concevoir des réponses calquées sur les desiderata des agences, mais plutôt sur les besoins de notre société en emploi et en qualité de vie. Cela implique d’avoir une vision à long terme des finances de notre ville dans un contexte, certes, compliqué.

Au lieu d’avoir recours à une telle agence, il nous faut nous engager en faveur d’une stratégie d’investissements responsables et refuser les paradis fiscaux ainsi que les banques aux pratiques contestables. Vous l’aurez compris, nous avons une divergence. Nous voterons contre cette délibération.