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Conseil municipal Valérie Faucheux

Nous devons intégrer les élèves allophones

[Conseil municipal du 23 mai 2016]

La nouvelle carte scolaire a été présentée en conseil municipal. Avec entre autre la suppression de deux classes spécifiques pour enfants allophones, remplacées par un système itinérant, on diminue les moyens pour l’intégration des enfants qui en ont le plus besoin. Nous le regrettons et l’avons fait savoir.

Conseillère municipale Intervention de Valérie Faucheux au nom du groupe écologiste 

 

citation Après dix années de gestion libérale du système scolaire associant pilotage par les résultats aux réductions budgétaires drastiques, la loi de refondation de l’école a redonné sens au projet éducatif du premier degré. Les moyens qui ont été associés à sa mise en œuvre constituent une vraie bouffée d’oxygène pour un système qui était au bord de l’asphyxie.

Cependant en Ille-et-Vilaine, sa traduction effective a plutôt tardé. La croissance démographique de notre territoire, et c’est encore plus vrai à Rennes, a eu tendance à absorber les moyens alloués par le ministère de l’Éducation nationale. Ainsi les créations de postes ont été affectées prioritairement aux ouvertures de nouvelles classes et très peu aux dispositifs d’accueil des élèves présentant des difficultés. C’est seulement depuis l’an dernier, assez timidement et cette année de manière plus affirmée, que les effets de cette loi s’inscrivent réellement.

Ainsi, depuis l’an dernier, des écoles des quartiers prioritaires bénéficient de maîtres surnuméraires permettant aux équipes d’expérimenter des pédagogies innovantes. Et nous sommes heureux de constater que quatre nouvelles écoles seront concernées.

De plus, la scolarisation des enfants de moins de 3 ans n’est plus un tabou. 5 écoles maternelles pourront accueillir les très petites sections, si les parents le souhaitent. Cette mesure est très attendue par les professionnels de l’éducation. En effet, 1 enfant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté et subit les conséquences des inégalités sociales : santé plus fragile, moindre réussite scolaire. Tous les experts de l’éducation, chercheurs et syndicats s’entendent pour penser que

la scolarisation des enfants de moins de 3 ans est un des leviers, notamment dans les quartiers prioritaires, pour éviter que ces inégalités ne se reproduisent sur plusieurs générations.

Elle aide à réduire les effets scolaires des différences initiales déjà très importantes à trois ans. Elle permet de stimuler le développement des enfants dans tous les domaines (social, cognitif, langagier, moteur…). Elle contribue à améliorer l’adaptation de l’enfant en matière de compréhension orale, de la familiarité avec l’écrit, dans l’acquisition des concepts d’espace et de temps, des compétences numériques.

Néanmoins, notre satisfaction ne sera pas totale.

Nous considérons que cette carte scolaire contient une très mauvaise nouvelle : la fermeture des 2 classes UP2A (Unité pédagogiques pour élèves allophones arrivants) implantées à l’école de l’Ille.

Cette décision nous apparaît comme très regrettable au regard des besoins des enfants primo-arrivants, notamment les élèves non scolarisés antérieurement ni en France ni dans leur pays d’origine. Cela est d’autant plus regrettable au vu des excellents résultats obtenus par ces deux classes.

Le DSDEN a préféré utiliser les 2 postes pour les affecter au système itinérant. Désormais, les enseignants seront affectés sur 2 écoles chacun. Si cette opération permet de doubler le nombre d’élèves pris en charge, il divise par 2 le nombre d’heures consacrées à chaque élève.

Il ne s’agit pas de mettre en concurrence deux systèmes, l’un itinérant, l’autre sédentaire. Chacun des deux ayant son utilité. Cependant, il est nécessaire de maintenir les 2 systèmes car ils sont complémentaires.

En effet, les classes UP2A prenant en charge en priorité les enfants non scolarisés dans leur pays d’origine, favorisent l’inclusion scolaire : c’est-à-dire le développement de leur socialisation au sein de l’école et l’acquisition des apprentissages scolaires en langue française.

Tout en étant intégré dans une classe du cursus ordinaire, l’élève est pris en charge ponctuellement ou plus longuement en petit groupe. En effet, l’intérêt du dispositif actuel à l’école de l’Ille réside dans l’adaptation des enseignements dans le cadre de parcours individualisés qui permettent à l’élève de suivre l’enseignement d’une matière qu’il ne maîtrisait pas dans l’UPE2A et de rejoindre ses camarades de classe pour une matière dans laquelle il est à l’aise. Ce dispositif assure ainsi une intégration réelle de l’élève au sein de l’école.

Un système basé uniquement sur l’itinérance, et obligeant l’enseignant à se déplacer sur différentes écoles, réduisent les possibilités des élèves d’assister au cours pour lesquels ils ont des difficultés, en compagnie des élèves de leur classe en cursus ordinaire.

De plus, l’implantation en poste fixe de ces 2 enseignants permettait jusque-là la mise en place de parcours personnalisés adaptés aux difficultés de chacun et surtout des parcours pensés au quotidien en coordination avec les enseignants en charge de la classe des élèves.

Enfin, l’ancrage de ces deux classes à l’école de l’Ille avait tout son sens. En terme géographique, cette école permet à ces enfants, soit une trentaine d’élèves, bien souvent issus de familles hébergées dans des conditions précaires et appelées à déménager souvent, de se rendre facilement sur leur lieu de scolarisation. En terme sociologique, l’école de l’Ille reçoit des élèves issus de familles de catégories socio-professionnelles plus favorisées. La mixité sociale était une des meilleures garanties de l’intégration de ces enfants primo-arrivants.

Cette mesure est d’autant plus contestable qu’elle reproduit le système antérieur. C’est à travers le prisme purement comptable que cette décision a été prise.

Oui les besoins existent mais pour y répondre, il faut doubler les moyens et ne pas les répartir.

Toute l’équipe pédagogique de l’école mais aussi les parents d’élèves qui nous ont interpellés sont désarmés devant ce choix. Nous regrettons, malgré nos interpellations, que la Ville ne soit pas intervenue afin d’empêcher la disparition de ces deux unités qui assurent l’intégration d’enfants, et donc de familles, qui souvent ont connu un parcours pour le moins chaotique et qui souhaitent faire de la France et de Rennes leur nouveau lieu de vie et d’intégration.