Catégories
Conseil municipal Gaëlle Rougier Prévention – Médiation – Sécurité

Armement de la police et qualité de l’air : stop à la démagogie !

[Conseil municipal du 14 mars 2016]

L’intervention de politique générale de ce conseil municipal du mois de mars aura été l’occasion de s’attribuer quelques lauriers, une fois n’est pas coutume. Mais aussi d’insister sur la nécessité d’un débat sur le rôle de la police municipale.

Conseillère municipale

Co-présidente du groupe écologiste

Intervention de Gaëlle Rougier au nom du groupe écologiste 

citationMême si l’humilité doit bien sûr guider notre action, vous nous autoriserez, pour cette fois, à un peu d’autosatisfaction collective. Nous le savons tous, la politique est un domaine où la gratification est souvent difficile à obtenir. Cependant, au vu des résultats de cette première étape du budget participatif, nous ne pouvons qu’être fiers de ce que nous venons d’initier en matière de démocratie directe.

 

Budget participatif : la démocratie locale en vrai

Près de 7 000 Rennaises et Rennais ont voté pour élire 54 projets. Au départ c’est près de 1 000 dossiers qui ont été spontanément déposés. Cette affluence témoigne de l’intérêt des habitants pour une nouvelle manière de faire de la politique, une nouvelle forme d’engagement. Le budget participatif est une véritable réinvention de la démocratie : on renverse en effet la perspective car il ne s’agit pas de consulter les citoyens sur des projets déjà actés mais bien de co-construire avec eux des projets, à partir de leurs propositions. On acte ainsi la légitimité de l’expertise citoyenne et de la volonté populaire en complément de celles des élu-e-s.

Nous constatons également avec bonheur que l’écologie est au cœur de la plupart des projets déposés : revégétalisation des berges de la vilaine et de la ville, déplacements actifs, à vélo, à pieds, convivialité et lutte contre le gaspillage et développement des énergies renouvelables mais aussi solidarité et innovation sociale.

La charte de la démocratie locale et le budget participatif, nous les avons portés forts, aux côtés des militants et candidats du Front de gauche, pendant la campagne des municipales. C’était l’une des propositions phare du programme Changez la ville. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de la majorité municipale mais aussi une partie de l’opposition et surtout des milliers de citoyens qui se sont mobilisés pour s’emparer de cet outil.

Nous en sommes très heureux.

De ce budget participatif s’est finalement dégagé un beau portrait de la ville de demain, conviviale et solidaire, qui alimente aussi notre travail prospectif dans le cadre de Rennes 2030.

 

Qualité de l’air et baisse de la vitesse sur la rocade

Car oui, l’écologie est aussi au cœur des préoccupations de nos concitoyens. L’inquiétude légitime des Rennaises et Rennais concernant la qualité de l’air à Rennes le démontre encore. Et encore une fois notre ville connait un nouveau seuil d’alerte à la pollution. La reconquête de la qualité de l’air nécessite une action volontariste de nos collectivités. Cette réalité nous devons la prendre à bras le corps, c’est de notre responsabilité collective, en tant qu’élu-e-s. Il y a un moment, où lorsque la santé et donc aussi l’espérance de vie des habitants est concernée, il nous faut être responsables et courageux. C’est ce qu’ont fait la Maire, le président de Rennes Métropole et le préfet, lorsqu’ils ont pris la décision d’expérimenter la réduction de vitesse sur la rocade à partir de septembre 2015.

Nous avons déjà eu des échanges dans cette enceinte pour rappeler combien ce sujet mérite d’être honnête et précis dans l’analyse et qu’il mérite un peu plus que des postures. Et voilà que pointe à nouveau en filigrane la remise en cause du bien-fondé de cette décision à travers la question de la campagne de mesure des polluants sur la rocade.

 

Il nous faut tout d’abord repréciser le protocole scientifique qui préside à ces mesures : elles sont faites sur un an et de façon discontinue. Afin de pouvoir mettre en perspective les résultats, il faut comparer ce qui est comparable et mettre en regard des mesures réalisées au même moment de l’année, à un an d’intervalle. C’est donc de mai à septembre que seront faites les mesures, pour un résultat à l’automne qui permettra de connaître l’impact réel de la baisse de la vitesse sur la rocade.

Par ailleurs, afin de bien pouvoir circonscrire les effets de la baisse de vitesse, il n’y a pas de mesures hivernales. A ce stade ces mesures ne nous permettraient pas de vérifier l’impact de la réduction de la vitesse sur la rocade puisqu’elles seraient perturbées par d’autres émissions notamment liées au chauffage.

Il nous faut donc patienter encore un peu afin de connaître les effets réels de cette expérimentation.

Mais ce sujet mérite aussi toute la pédagogie et la transparence possible vis-à-vis de nos concitoyens. Les considérations techniques doivent être explicitées et les mesures de référence peuvent être publiées si elles s’accompagnent des clés de compréhension nécessaires. Nous avions d’ailleurs demandé à plusieurs reprises dès 2014, lors d’un conseil métropolitain et à l’occasion du vote de la convention avec Air Breizh, que ces mesures puissent être rendues publiques en open data.

L’écologie se construit avec les habitants. C’est en garantissant à tou-te-s nos concitoyen-ne-s un droit à l’information, claire et transparente que nous continuerons à bâtir la démocratie.

 

La démocratie, ce n’est pas l’état d’urgence

En revanche, la démocratie ce n’est pas l’état d’urgence sous lequel nous vivons toujours aujourd’hui. Cet état d’exception qui permet aux policiers de porter leurs armes en dehors de leurs heures de services et qui autorise certains vigiles à en porter à leur tour. Cet état d’exception qui est utilisé aujourd’hui par deux syndicats de la police municipale pour demander à leur tour la possibilité du port d’arme. Il nous faut le réaffirmer haut et fort, la police municipale n’est pas la police nationale. La police municipale est une police de médiation, de proximité, de tranquillité publique. Il est vrai qu’avec l’état d’urgence, les agents sont de plus en plus amenés à assurer des missions similaires à celles de la police nationale. Il est vrai aussi que les policiers municipaux portent aujourd’hui des uniformes comparables à ceux de la police nationale, tout comme il est vrai enfin que le désengagement de l’État fait toujours porter sur la collectivité des missions qui ne relèvent pas de sa compétence. Si nous avons bien conscience que la police municipale pallie souvent la faible présence de la police nationale, nous ne pouvons pas admettre qu’elle en adopte le rôle. Pour nous, cet état de fait doit au contraire être l’occasion de sortir de l’ambigüité dans laquelle se trouve la police municipale pour réaffirmer son rôle de prévention et de tranquillité publique. Tout le démontre, plus il y a d’armes – même portées par des policiers – plus il y a de violences et de morts. Oui il faut un débat, un débat sur les missions de la police municipale. Mais en aucun cas la réponse ne pourra être le port d’arme.