Monsieur le Président, chèr-e-s collègues,
Nous sommes invités ce soir à délibérer sur une nouvelle augmentation des tarifs des titres de transport ainsi que sur la mise en gratuité de la carte déclarative et de la carte partagée.
Tout d’abord nous sommes heureux de voir ce soir que la gratuité de l’anonymat de la carte Korrigo – que nous appelons de nos vœux depuis de nombreux mois – sera bientôt une réalité pour les usagers des transports en commun. Rappelons que garantir la confidentialité de ses trajets est un principe inscrit dans la loi que la CNIL rappelle souvent. D’ailleurs, il faut lever une confusion sémantique entre ce qu’est l’anonymat et l’anonymisation de données. Un voyageur peut très bien avoir une carte nominative, donnant des indications sur son âge et son statut (scolaire, actif, etc.) mais dont le traitement informatique des données soit anonymisé par la suite.
Dans ce cadre là, la carte anonymisée pourrait tout à fait recevoir les abonnements à l’image d’une carte classique, comme c’est le cas dans d’autres villes déjà.
Enfin cette carte est peu utilisée car peu connue des usagers comme des agents du STAR. La CNIL avait déjà noté le défaut d’information sur cette carte sur le site du STAR, ce qui a depuis été corrigé. Le STAR pourrait en faire une encore meilleure diffusion.
Nous restons cependant très dubitatifs sur les évolutions de la tarification. En juillet dernier, nous nous étions abstenus lors de la délibération sur la hausse du prix du ticket à l’unité. Nous avions émis le souhait de travailler ensemble sur une nouvelle grille tarifaire plus équitable et plus écologique, nous avions proposé d’élargir les temps de gratuité lors d’événements populaires ou de la semaine de la mobilité.
Nous sommes satisfaits de constater que ce chantier de la tarification progressive s’engage.
La gratuité des transports lors des pics de pollution est aussi une avancée, tant dans la prise de conscience générale des questions de pollution atmosphérique, que dans l’incitation pour les usagers à préférer les transports en commun dans l’intérêt de tous. Il faut toutefois sûrement encore affiner les critères qui déclenchent cette gratuité.
Mais le fait demeure : les tarifs augmentent et c’est un mauvais signal pour les usagers des transports collectifs. Si nous voulons réellement lutter contre la pollution de l’air et diminuer les rejets de gaz à effet de serre, si nous voulons améliorer la santé et la qualité de vie de nos concitoyen-ne-s, nous devons améliorer l’accessibilité des transports en commun pour tous. Or la tarification est un élément majeur d’accessibilité. Et ces augmentations successives (une fois les abonnements, une fois les tickets) est un message très négatif envoyé aux usagers chaque année.
Nous savons que cette augmentation est liée à la Délégation de Service Public qui court jusqu’en 2017. Bien supérieure à l’inflation annuelle, presque 5 % pour certains abonnements alors que les conditions de vie de nombre de nos concitoyens se durcissent, elle est lourde de conséquences.
De plus, notre grille manque de lisibilité. La gamme tarifaire est certes large, mais peut-être trop, et il est parfois difficile de s’y retrouver. Surtout, cette grille tarifaire se trouve en décalage avec certains usages.
Pour exemple, l’abonnement « jeunes 2 trajets » ne correspond pas à la souplesse des horaires des collégiens et lycéens. Si le forfait couvre les déplacements scolaires, dès que le jeune a quelques heures de pause entre deux cours, il doit acheter un ticket, sans parler des déplacements pour les activités sportives et culturelles. Les parents sont donc contraints souvent de doubler avec un abonnement loisirs ou l’achat de tickets.
Autre exemple : comme nous l’a très bien démontré cette semaine Éric Chareyron, de Keolis, lors de la présentation des études Kéoscopie, Rennes a une très forte attractivité le week-end. Et la majorité des motifs de déplacement ne sont pas liés au domicile/travail mais aux sorties culturelles, courses et loisirs.
C’est là que nous avons un trou dans la raquette avec l’absence de titre multivoyageurs, à l’heure ou à la journée, qui faciliterait l’utilisation par les familles,de passage ou régulières. Il faut d’ailleurs noter que certains déplacements ponctuels n’en sont pas moins réguliers, lorsqu’ils se répètent une ou deux fois par semaine.
Si l’on raisonne en terme de report modal, pour faire le lien avec la délibération 14 sur le prix des stationnements en ouvrage, il est aisé de constater que 3 heures de parking en centre-ville est une solution beaucoup plus économe pour un groupe de jeunes gens ou une famille que de prendre le métro ! Soit 4 € de stationnement contre 11 € de tickets de transport, le choix peut être vite fait pour un ménage qui surveille son budget.
Le Plan de protection de l’atmosphère (PPA) approuvé par notre assemblée en septembre dernier nous demande de réduire fortement la part modale de la voiture, et ceci passera par une politique volontariste en termes de transports collectifs.
C’est dans cette perspective que nous formulons aujourd’hui les souhaits suivants, pour la plupart déjà évoqués à plusieurs reprises :
- l’engagement de ne plus augmenter les tarifs des transports en commun jusqu’à 2020
- l’élargissement de la gratuité ponctuelle
- une tarification progressive, en fonction des revenus, qui renforce la gratuité sociale sans effet de seuil
- la révision du tarif jeunes
- la mise en place d’un titre « multi voyageurs »
Pour terminer nous vous demandons de bien vouloir dissocier le vote sur la gratuité de la carte déclarative, que nous soutenons, du vote sur les tarifs que nous rejetons.
Merci |