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Tarification sociale des transports en commun : le chantier est ouvert

[Conseil communautaire du 10 juillet 2014]

À partir du 1er septembre, le ticket de métro coûtera 1€50 à l’unité. Lors du conseil communautaire du 10 juillet, nous avons rappelé notre opposition à cette augmentation et réaffirmé notre volonté d’échelonner la grille tarifaire de la STAR en fonction des revenus. Emmanuel Couet, Président de Rennes Métropole, s’est engagé publiquement à y travailler dès 2015 et a rappelé l’objectif d’instaurer une semaine de gratuité tel que convenu dans l’accord d’entre deux tours. Le débat s’ouvre, les écologistes y prendront toute leur place pour qu’il débouche sur de véritables avancées.

Intervention de Sylviane Rault 
sylvianeEncore + 
> Notre premier communiqué de presse

> Ce que dit l’accord d’entre deux tours

Chaque jour, 800 000 déplacements voiture sont effectués sur notre agglomération. Ils sont à l’origine de 50% des rejets de gaz à effet de serre de notre territoire. Ils sont la cause de pics de pollution aux particules fines et ont ainsi un impact très négatif sur la qualité de l’air et notre santé.
Ils sont aussi un coût important pour nos collectivités en charge de l’entretien des voiries et une charge que les budgets des ménages ont de plus en plus de mal à supporter. En effet, la voiture coûte aujourd’hui en moyenne 5 000 euros par an, soit de l’ordre de 15% des charges annuelles qui pèsent sur un foyer. Ce coût ne cesse d’augmenter et est créateur d’inégalités puisque se sont souvent les plus modestes qui vivent les plus éloignés des centres urbains et qui sont les plus dépendants de l’usage de la voiture.Ainsi, pour protéger notre environnement, lutter contre le changement climatique, protéger notre santé et pour plus de justice sociale, nous devons amplifier et accélérer nos efforts pour réduire fortement la part de la voiture dans les déplacements métropolitains.
A l’heure ou 55% des déplacements se font en  voiture  nous sommes convaincus qu’il est possible de réduire cette part de dix points. Elle serait alors de 45% rejoignant ainsi les niveaux actuels de villes comme Strasbourg ou Paris.Pour  renforcer le développement des alternatives à la voiture nous devons affirmer les politiques d’aménagement urbain favorisant la proximité et réduisant les déplacements contraints.
Nous devons prioriser les déplacements actifs, que sont le vélo et la marche à pied, trop souvent minorés par le passé. La création d’une maison du vélo co-gérée avec les associations doit notamment participer à leur essor.
Enfin, nous devons continuer les efforts de développement des transports en commun. Il nous faut désormais concentrer ces efforts sur les déplacements des couronnes rennaise vers la ville-centre. C’est pourquoi nous réaffirmons notre volonté que soit rapidement étudié, en partenariat avec la Région Bretagne dont c’est la compétence, la création d’un « RER rennais » complémentaire à l’arrivée de la seconde ligne de métro.
C’est aussi pourquoi nous défendrons à vos côtés M. Le Vice Président tout projet d’extension du réseau de bus à haut niveau de service. Car nous savons que la vitesse commerciale des transports en commun et leur confort sont des éléments déterminants de leur utilisation.Il est un autre élément déterminant de l’utilisation des transports en commun : c’est leur attractivité en terme de coût. Nous, écologistes, considérons que l’usage des transports en commun doit être reconnu comme un geste citoyen et récompensé. Ainsi, le coût des transports en commun doit être supporté par l’ensemble de la collectivité et non seulement par les usagers. C’est pourquoi l’augmentation de la TVA transports, qui se répercute directement sur l’usager et que le gouvernement n’a pas souhaité remettre en cause, est une aberration que nous dénonçons.Rennes Métropole fournit depuis longtemps des efforts importants pour maîtriser le coût des déplacements pour l’usager. Ainsi, aujourd’hui, un usager des transports en commun ne paie qu’un tiers du coût réel du trajet. Mais il nous faut aller encore plus loin, certaines villes parviennent aujourd’hui à ne faire supporter que 20% du coût sur les usagers.Rennes métropole fournit aussi des efforts importants en faveur de la gratuité sociale. Plus de 30 000 personnes bénéficie de la gratuité sociale. Mais au-delà de la gratuité sociale, que nous voulons étendre, nous souhaitons la mise en œuvre d’une tarification sociale des transports. C’est à dire une tarification qui soit progressive en fonction des revenus. Cette tarification permettrait plus d’équité, tout en assurant un équilibre économique.Nous souhaitons aussi que l’ouverture de temps de gratuité soit rapidement mis en œuvre tel que nous nous y sommes engagés pendant la campagne électorale. Cela consiste, par exemple, à une gratuité totale des transports lors de la semaine de la mobilité en septembre. La gratuité totale doit aussi pouvoir être étudiée lors de certains événements populaires, comme le nouvel an ou la fête de la musique. Le but est ainsi d’amener de nouveaux Rennais à utiliser les transports en commun plutôt que leur voiture.Nous souhaitons aussi que le surcoût de 5 euros pour la carte anonyme Korrigo soit abandonné. Nous voulons aussi la création d’un titre multivoyageur.L’augmentation du prix du ticket qui est soumis au vote aujourd’hui va à l’inverse de cet objectif. L’augmentation de la TVA ne peut justifier une telle mesure puisque Kéolis, entreprise privée de transport, bénéficie du crédit d’impôt emploi compétitivité (CICE) qui lui rapportera plus que la hausse de la TVA ne lui coûtera.
D’ailleurs, c’est bien la convention entre Rennes Métropole et Keolis qui prévoit une augmentation annuelle automatique des titres de transports de deux points supérieur à l’inflation entraînant ainsi une hausse du prix du ticket de 15,4% depuis 2011. Alors que le pouvoir d’achat des ménages stagne, cette augmentation est bien trop importante.
Ce principe d’augmentation automatique est appliqué au même taux par Keolis dans différente ville de France, il ne correspond donc même pas à une réalité locale et au besoin d’investissement en faveur des infrastructures de transports.
Il n’y a donc aucune raisons d’augmenter aujourd’hui le prix du ticket.
L’usage ponctuel des transports en commun ne doit pas être pénalisé. Je rappelle que la fréquentation des transports en commun à Rennes Métropole stagne et qu’il est démontré que le prix est un frein à son développement.Pour toutes ces raisons, les écologistes souhaitent que soit mis en œuvre un travail de révision globale de la grille tarifaire de la STAR. Nous reconnaissons les efforts importants fait pour le maintien d’un prix modéré des transports en commun et la gratuité sociale mais nous souhaitons de nouvelles adaptations de la grille tarifaire pour plus d’équité.L’augmentation du prix du ticket proposé aujourd’hui est un mauvais signal envoyé aux habitants de notre agglomération. Nous ne voterons pas cette délibération.