Catégories
À la une Conseil municipal Laurent Hamon

Face aux macronistes et à l’extrême-droite, une majorité de gauche et écologiste est possible !

Conseil municipal du 24 juin 2024 · Intervention de Politique Générale portée par Laurent Hamon au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s

Cher.e.s collègues, 

Merci à l’association France Palestine d’avoir pris la parole au début de ce conseil comme vous avez déjà eu l’occasion de le faire mais aussi pour votre mobilisation chaque semaine en soutien au peuple Palestinien. Ma collègue, Priscilla Zamord, au nom des groupes de la majorité proposera un vœu, mis à l’ordre du jour de ce conseil, qui répondra aux éléments que vous avez soulevés.

Mais ce soir, chers collègues,  c’est avec gravité que je prends la parole, au nom des élu.e.s écologistes et citoyens de notre ville, car le moment est historique. Pour la première fois dans notre histoire républicaine, l’extrême droite pourrait arriver au pouvoir dans notre pays.

Les résultats des élections européennes du 9 juin dernier n’ont malheureusement pas été une surprise. Ils n’ont fait que confirmer une dramatique tendance à l’œuvre depuis des années : l’extrême droite s’impose partout, dans les urnes, dans les médias, dans les manifestations, dans les discussions, dans les intimidations des maires, dans les décisions politiques de notre gouvernement. Le soir du 9 Juin, nous avons ressenti beaucoup d’amertume, d’effroi et d’inquiétude pour l’avenir. 

Si le Rassemblement National était déjà arrivé en tête en 2019 aux élections européennes, la percée d’aujourd’hui est historique, avec un score de plus de 31%, dans une élection où certes l’abstention était majoritaire, mais où la mobilisation était légèrement en hausse. Les fantômes du fascime, que nous pensions avoir enterré au 20ème siècle, ont ressurgi. 

Nous devrons également tirer les leçons du score décevant de l’écologie politique, dans une campagne où une fois encore, les sujets climatiques et environnementaux, mais aussi les sujets de justice sociale et d’égalité, ont été totalement marginalisés. 

Celà étant dit, nous voulons revenir sur quelques contre-vérités, qui ont été proclamées à tout va, sans fondement : non, le Rassemblement National n’a pas fait une percée dans la jeunesse. Une enquête IPSOS a révélé que chez les 18-24 ans, le RN et Reconquête ont fait leur plus petit score, la gauche et les écologistes y étant largement majoritaires.

Après avoir martelé pendant la campagne qu’il s’agissait d’une élection européenne, le Président a choisi, de façon très solitaire, car oui, aujourd’hui, c’est un homme seul, isolé, de dissoudre l’Assemblée Nationale. Cette décision totalement irresponsable, ce pari mortifère et dangereux, contesté y compris dans son propre camp, a ouvert un boulevard à l’extrême-droite. 

Le Président Macron a une responsabilité immense et sera comptable devant l’Histoire. Elu sur la promesse de rassembler les personnes de bonne volonté en 2017, il a semé le chaos partout où il est passé, en ne gouvernant que par la stratégie du choc et de la division, en opposant riches et pauvres, jeunes et seniors, urbains et ruraux, en méprisant les élus locaux, en court-circuitant les corps intermédiaires et les représentants de la société civile. 

En promettant de toujours lutter contre l’extrême droite, il n’a réussi en fait qu’à en être le marchepied. Avec sa politique anti-sociale et libérale, sa mise en scène permanente d’un duel avec le Rassemblement National ou encore sa loi asile et immigration, considérée comme une victoire idéologique par le RN, il a totalement échoué.

À deux reprises ces dernières années, nous avons voté au second tour, pour le Président Macron la mort dans l’âme pour éviter Le Pen. Dans une semaine, le risque est réel de se retrouver avec les deux, et avec, une Assemblée ingouvernable qui pourrait paralyser le pays. 

Entendre aujourd’hui des candidats Renaissance dire qu’ils ne choisiront pas entre le Rassemblement National et le Front populaire est inacceptable. La Gauche, elle, a toujours pris ses responsabilités, en appelant à voter pour les candidats républicains. 

Il faut le rappeler, non, l’extrême droite n’est pas un nouveau produit qu’il s’agirait d’essayer, comme un vêtement, un meuble ou un téléphone. C’est bien ce qui s’est passé récemment aux États-Unis sous Trump, en Italie sous Meloni ou en Hongrie sous Orban. Ces dirigeants ont encouragé la haine et la violence envers l’autre, mis en œuvre des politiques ultra-répressives et anti-sociales qui, au final, ont réduit à peau de chagrin les services publics.

L’extrême droite manipule les Françaises et les Français en instrumentalisant leurs colères, dont les motifs ne manquent pas dans le contexte actuel : crise du logement, recul des services publics, baisse du pouvoir d’achat et augmentation de la pauvreté, explosion du narcotrafic, sentiment d’abandon et de déclassement. 

Mais au lieu de résoudre les problèmes, l’extrême droite ne fait que souffler sur les braises de cette colère et ne porte pas de véritable proposition crédible. 

L’extrême droite est une menace, y compris pour ses propres électeurs, notamment les plus modestes, les femmes, les personnes racisées, les étrangers. Elle l’a depuis longtemps prouvé par ses votes, en totale contradiction avec ses discours populistes et mensongers.

L’extrême droite est raciste et antisémite : fondé par d’anciens Wafen-SS, et longtemps dirigé par Jean-Marie Le Pen condamné pour négationnisme et antisémitisme, le RN s’est abstenu ces dernières années sur le plan de lutte contre les discriminations et s’est opposé à la condamnation de toutes formes de racisme. 

L’extrême droite est aussi l’ennemi des droits des femmes. Le RN a voté contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution, s’est abstenu sur le plan de lutte contre le harcèlement sexuel et sur le plan pour l’égalité salariale.

L’extrême droite est profondément antisociale et vote contre l’intérêt des plus pauvres. Le RN a voté contre l’augmentation du Smic, contre l’indexation des salaires sur l’inflation, contre le gel des loyers, contre le rétablissement de l’ISF. Après s’être prononcé pour l’abandon de la réforme des retraites, Monsieur Bardella est récemment revenu sur ses propos.
L’extrême droite est aussi le pire ennemi de l’environnement. Elle a longtemps défendu une ligne climato-sceptique, qui continue de transpirer à travers ses déclarations et ses prises de position. Opposées aux énergies renouvelables, et en particulier aux éoliennes, aux ZFE, au ZAN, à la sortie des pesticides dans l’agriculture, à la sortie des fossiles, l’extrême-droite caresse les électeurs dans le sens du poil, en leur faisant croire que l’on peut éviter toutes les contraintes.

En tant qu’élu.e.s locaux, disons-le, nous sommes terriblement inquiets. Pour nos collectivités territoriales, le risque est grand de perdre de nombreux leviers d’action, avec un impact très concret sur le quotidien de nos habitants. 

Nous pensons en particulier aux politiques sociales et de solidarité, de santé, d’environnement, de cultures qui font la part belle à la diversité. Les quartiers populaires seront les premiers impactés. Cela ne fera qu’aggraver une réalité qu’ils subissent au quotidien : discriminations, insultes racistes, enclavement ou encore stigmatisation de la jeunesse dite « délinquante ».

Face à une extrême-droite aux portes du pouvoir, les droites républicaines se déchirent. La majorité dite présidentielle se fissure, avec un parti Horizon qui prend ses distances avec le parti du Président, quand au même moment, au niveau local, les mêmes se pacsent par opportunisme. Le parti des Républicains, lui, explose en vol, faisant sauter les digues, en ouvrant la porte à une alliance honteuse avec l’extrême droite. 

Les partis de gauche et écologistes, eux, ont réussi à s’unir dans une alliance, qui, même imparfaite, nous donne de l’espoir. Le nouveau Front Populaire porte des propositions concrètes pour améliorer la vie des gens, avec pour commencer l’abrogation des réformes antisociales du Président Macron : réforme des retraites, réforme chômage, loi Asile et Immigration. Il ne s’agit pas seulement d’un projet d’opposition, mais bien d’un projet de propositions chiffrés, réalistes, approuvées par des économistes, qui se positionne : 

-pour la justice sociale, avec le blocage des prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants ou encore la défense des services publics avec des postes supplémentaires pour l’hôpital, pour l’école, pour les secteurs du soin et du médico-social ; 

-pour le climat, avec des moyens pour la rénovation thermique des logements, le développement des énergies renouvelables et des transports en commun ;

-pour la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et toute forme de discriminations. 

Au nom des élu.e.s écologistes et citoyens, je souhaite ce soir m’adresser aux Rennaises et aux Rennais. Tout d’abord, les remercier sincèrement pour leur mobilisation aux élections européennes, au dessus de la moyenne nationale (58,25%), ainsi que pour leurs votes exprimés, plaçant le parti du Rassemblement national en dessous de la barre des 10%, à rebours de la tendance de notre pays, et d’autre part, d’avoir placé la gauche et les écologistes à près de 60% dans notre ville. 

Nous sommes, mes chers collègues, à un tournant de notre histoire. Alors battons l’extrême droite dans les urnes dimanche prochain. Incarnons cette nouvelle force de gauche écologiste et sociale, vivante, qui rallume l’espoir d’un vrai changement dans la vie des gens, qui redonne foi en la parole politique, en notre capacité d’accueil et de vivre ensemble.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi