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À la une Conseil municipal Solidarités – Discriminations – Santé Xavier Desmots

En Ille-et-Vilaine, nous restons unis pour un accueil digne des exilés

La première conférence du réseau des territoires accueillants d’Ille-et-Vilaine, créé à l’initiative d’associations, avait rassemblé, à Bruz, en octobre 2021, près de 200 participants, associations, syndicats, citoyens et élus. À ce jour, une cinquantaine d’associations et une dizaine de villes participent au réseau et ont signé la charte.

Depuis, des hébergements supplémentaires ont pu être ouverts, des outils de communication ont été créés, notamment pour partager nos solutions, pour un accueil et une intégration digne et durable des exilés.

Faire réseau est plus que nécessaire aujourd’hui pour soutenir les très nombreuses initiatives et actions portées par les associations de notre territoire que nous souhaitons remercier. Hébergement, soutien dans les démarches administratives, accompagnement scolaire, distribution alimentaire, autant de sujets portés par les bénévoles et salariés de Dida, MRAP, UTOPIA 56, UTUD, LDH, la Cimade, Secours catholique, Secours populaire et bien d’autres encore.

Ce sont aussi les parents d’élèves mobilisés pour les camarades de leurs enfants et leurs familles, ou encore des initiatives étudiantes comme le « Parlement de rue » organisé le 23 mars prochain par « Peaux de Tambours », pour lequel nous votons une subvention ce soir et dont nous saluons l’engagement.

Mais aujourd’hui les nombreuses associations d’aide aux exilés sont dispersées sur tout notre territoire, ce qui complique, avec des trajets supplémentaires, le quotidien déjà difficile des exilés. Regrouper l’essentiel des associations dans un tiers-lieu central, permettrait de grandement faciliter les choses.

C’est ce qui a été expérimenté en fin d’année dernière à l’Hôtel Pasteur par l’association MaMi. Nous avons pu voir à quel point un tel lieu améliore l’accueil et l’orientation des personnes exilées. Un beau succès qui préfigure d’une future Maison des migrations qui, espérons-le, verra le jour en 2024.

Mais ces élans de solidarité ne doivent pas éclipser la dure réalité quotidienne du terrain. Toutes ces initiatives reposent sur des bénévoles fatigués, en souffrance, qui manquent cruellement de moyens. Ils sont régulièrement mis en difficulté par un État défaillant, alors même qu’ils en comblent les carences en assurant des missions de service public.

Cette situation est insupportable et c’est pourquoi, comme de nombreux élus locaux partout en France, nous nous engageons aux côtés des associations et des militants. Chaque jour, c’est en moyenne 950 places d’hébergement qui sont financées par notre collectivité. Nous avons aussi mis en place des dispositifs d’accompagnement comme la plateforme Péol pour enseigner le français. 

Rennes a aussi déposé un recours en justice, aux côtés de Paris, Strasbourg, Lyon, Bordeaux et Grenoble, pour que l’État remplisse ses obligations en matière d’hébergement d’urgence. Nous demandons que l’État prenne enfin ses responsabilités.

Notre Métropole est également engagée au sein de l’Anvita, une association de collectivités territoriales qui défend l’accueil inconditionnel et le devoir d’hospitalité pour toutes celles et ceux qui ont besoin d’être mis à l’abri. Ce réseau nous permet de mettre en commun nos ressources et de construire collectivement des réponses locales. 

À l’échelle nationale, nous interpellons les décideurs politiques dans les médias et plaidons pour des alternatives aux politiques nationales et européennes de fermeture et de repli sur soi qui multiplient les risques politiques et déstabilisent les opinions publiques.

Ce soir, nous pensons aux femmes, aux hommes, aux enfants, aux nourrissons, aux personnes âgées, parfois en situation de handicap ou malades, qui nous demandent de les accueillir et de les protéger, et qui vont être, une fois de plus, les victimes d’une énième loi sur l’immigration. 

La loi récemment promulguée aboutit à une approche répressive, éloignée de la promesse d’équilibre entre humanité et fermeté. Elle stigmatise les migrants et exacerbe les sentiments de peur et d’hostilité à leur égard. 

Elle pourrait compromettre l’accès à l’hébergement d’urgence pour les sans-papiers. Elle dégrade les droits fondamentaux notamment pour les demandeurs d’asile. Elle rétablit le délit de séjour irrégulier, risquant de précariser et de discriminer davantage les migrants. Elle réduit les migrants à une force de travail, sans considération pour leur bien-être ou reconnaissance sociale.

Notre pays n’est pas, et de très loin, celui qui accueille le plus d’exilés en Europe. Si appel d’air il y a, il est plutôt lié aux conflits ou à des répressions politiques, à la pauvreté et aux inégalités, aux sécheresses ou aux famines.

À l’approche du vote du Pacte européen Asile et immigration, qui durcira encore un peu plus le droit français, et des élections européennes de juin 2024, les morts quotidiennes à nos frontières, en mer, doivent nous rappeler la nécessité absolue de lutter contre la banalisation des discours haineux et de résister aux raccourcis simplistes. 

Plutôt qu’un référendum sur l’immigration, revendiqué par l’extrême-droite, les écologistes plaident pour une Convention citoyenne sur les migrations. Celle-ci permettrait, dans un cadre apaisé et sans instrumentalisation politique, de travailler à des solutions efficaces et fondées sur des analyses documentées.

Enfin, à ceux qui remettent en cause le Conseil constitutionnel, nous répondons que c’est un rempart contre le populisme. Son rôle est de protéger et développer les droits et libertés à un moment où ils sont fragilisés. Nous souhaitons ici rendre hommage à Robert Badinter qui s’est éteint il y a quelques jours. Lui qui, pour reprendre ses mots, au-delà des passions politiques et des polémiques, défendait ce qui nous est commun et transcende nos différences : l’amour de la liberté, l’intérêt de la République et les progrès de l’État de droit.

Seul le prononcé fait foi