Philippe Boudes

Conseiller municipal délégué à la Prospective et à la transformation écologique à la Ville de Rennes

Enseignant–chercheur en sociologie de l’environnement

Je travaille depuis une quinzaine d’années sur l’ouverture de la sociologie aux questions environnementales. Il est nécessaire de penser les interactions entre les dynamiques naturelles et sociales. Par exemple,  les changements climatiques sont bien le produit de ces interactions entre nature et société.

Mon travail de scientifique et mon engagement citoyen se nourrissent mutuellement. Je tâche de concilier les exigences de la recherche scientifique tout en essayant de rester connecté à notre société contemporaine.

La sociologie de l’environnement a forgé des courants intellectuels aujourd’hui incontournables comme celui-ci de la justice environnementale.

Les individus, selon leur situation sociale et économique, ne portent pas atteinte à l’environnement de la même manière, et ne subissent pas non plus les nuisances environnementales de celles-ci de la même manière qu’un autre individu avec une situation socio-économique différente. Il faut donc protéger les populations victimes et réguler d’autres populations dont le mode de vie a un fort impact négatif sur les autres et sur l’environnement.

J’ai ainsi contribué à la rédaction de manuels, et à la construction d’enseignements et d’un réseau français de la sociologie de l’environnement.

En tant qu’enseignant en sociologie à l’école d’agronomie Agrocampus Ouest, je rappelle aux étudiant·e·s la nécessité de prendre en compte les enjeux sociaux des problématiques environnementales. 

Je participe à plusieurs programmes de recherche sur le changement climatique,  les trames vertes urbaines ou sur les biens publics environnementaux. Ces recherches illustrent bien l’enrichissement des chercheurs et chercheuses qui travaillent dans un contexte interdisciplinaire mêlant sciences de la nature et de la société.

C’est un programme sur le climat et le végétal en ville qui a achevé de m’ouvrir les yeux sur le changement climatique. Nous avons travaillé sur l’adaptation des villes au changement climatique à travers la végétalisation et les enjeux liés à l’eau, l’alimentation ou les transports.

Je suis également membre d’un comité d’expert·e·s institué par la loi Blandin de 2013, relative à l’indépendance de l’expertise en matière de santé et d’environnement et à la protection des lanceurs et lanceuses d’alerte, suite à l’affaire du Mediator. Notre objectif est de voir dans quelle mesure nos gouvernements peuvent prendre en compte des signaux faibles pour anticiper les risques sanitaires et environnementaux.

Engagement citoyen

Habitant du quartier Arsenal — Redon, je suis engagé depuis plusieurs années dans le projet des Ateliers du vent. J’ai le plaisir d’accompagner ce projet en tant que voisin au sein du conseil d’administration. 

Ce lieu a rencontré beaucoup de succès auprès des Rennais·es et il y a fallu trouver un juste milieu pour permettre son développement tout en préservant sa culture underground.

Lorsque j’ai eu mon dernier enfant, je crois que j’ai eu un déclic. Approchant de la quarantaine, je me suis dit qu’il était temps de m’engager pour laisser le meilleur monde possible aux générations à venir. Les crises que nous traversons sont autant d’occasions de s’engager ensemble, de créer du lien social et de renouveler le milieu politique.

Un projet global et cohérent

J’ai côtoyé de nombreux élus rennais ces dix dernières années, notamment au conseil local de la biodiversité, et cela m’a conforté dans l’idée que le logiciel politique des écologistes est beaucoup plus en phase avec l’avenir que d’autres partis plus traditionnels.

L’écologie politique ne se réduit pas aux questions environnementales, mais prend bien en compte les problématiques sociales, économiques et démocratiques. Toutes ces questions sont liées et nécessitent une réponse globale et cohérente : il ne faut pas sous-estimer la puissance de reconfiguration sociale que permet l’écologie.

Confluences

J’ai participé aux premiers ateliers de l’association Confluences pour l’élaboration d’un programme écologiste et citoyen pour la Ville de Rennes. J’ai rencontré à cette occasion des personnes de tout horizon, mais qui partageaient un projet en commun et qui étaient tout·e·s très investies.

Cela m’a fait beaucoup de bien de pouvoir échanger avec des gens sur des intérêts que nous partagions sans pour autant avoir les mêmes points de vue. Cela m’a permis aussi de sortir de ma zone de confort en participant à des débats citoyens et politiques. J’ai en effet dû apprendre à mobiliser d’autres formes d’arguments que ceux de l’enseignant-chercheur.

Conseiller municipal délégué à la prospective et à la transformation écologique

Transformation écologique

La transition écologique est au cœur du projet de notre majorité. Mon rôle est de m’assurer que cette ambition va bien se concrétiser à travers chacune de nos politiques publiques.

La pierre angulaire de cette transformation écologique est le défi écologique, un projet qui a été construit par les services en lien avec les ambitions politiques du mandat.

Des ateliers de travail avec les agent·e·s ont permis de faire émerger plus de 400 propositions d’actions à mettre en place ou à conforter. Il nous faut désormais affiner et trier ces propositions pour les présenter à l’ensemble des élu·e·s et des services.

Ce que nous souhaitons avant tout c’est que notre collectivité soit exemplaire en matière de transition écologique.

Nous allons former et accompagner les agent·e·s afin qu’ils puissent s’approprier ces enjeux, comme cela a déjà été fait par le passé pour instaurer une culture du service public. Tout le monde doit pouvoir participer à cette dynamique et en bénéficier. Nous devons adapter nos discours et nos actions en fonction des personnes et des services. Il nous faut aussi favoriser la transversalité entre les services pour porter certains projets qui le nécessitent.

J’aimerais également que nous mettions en place un tableau de bord pour suivre l’avancement des actions qui auront été mises en place et veiller à un équilibre entre les différentes thématiques. (climat, biodiversité et santé, gestion des ressources, justice sociale, gouvernance partagée)

Les propositions du défi écologique pourront aussi venir interroger ou alimenter les feuilles de route de chaque élu.

Prospective

Mon rôle est de m’assurer que tous les enjeux au long terme sont pris en compte et ne sont pas occultés par l’urgence et les crises que nous devons surmonter au quotidien.

Certaines politiques comme l’urbanisme ou les déplacements nécessitent de se projeter sur le très long terme. Ma mission est de m’assurer que nos objectifs de transition écologique se traduisent bien dans ces politiques déterminantes pour notre avenir.

Le principal travail de prospective qui a été réalisé récemment est issu de la concertation citoyenne Rennes 2030. 

La place de la nature et de l’eau en ville et de la reconnexion des citadins à ces éléments a été au centre des discussions. Cela va se traduire par une végétalisation massive de la ville et par la découverte de certains cours d’eau. 

Au fond, l’objectif est de faire de Rennes une ville résiliente face au changement climatique.

Budget carbone et climat

Un des leviers fondamentaux sur lequel je travaille avec ma collègue Nadège Noisette, adjointe aux finances, est le budget carbone et climat. 

Le budget carbone consiste à réduire l’empreinte carbone de chaque euro dépensé par la collectivité, tandis que le budget climat consiste plutôt à réfléchir à la manière dont chaque euro dépensé peut contribuer à une meilleure prise en compte des enjeux climatiques. 

Ainsi, nous pourrons continuer de conditionner nos politiques d’achat et d’investissement à des critères écologiques.