Jean-François Monnier

17ème adjoint délégué au Handicap et conseiller métropolitain

Toute ma famille est née dans le bassin rennais. J’ai longtemps vécu dans le quartier Sud-Gare et j’habite depuis sept ans dans le quartier Cleunay.

Ma première conscience politique fut d’abord une conscience bretonne.

Elle s’est éveillée très jeune, lorsque ma mère m’a acheté un livre intitulé L’Histoire de Bretagne racontée aux enfants.

Ma sensibilité de gauche et écologiste a émergé plus tard pendant mon adolescence.

Mon parcours militant

Je suis militant à l’UDB (Union démocratique bretonne) depuis 1994. J’y assume des responsabilités quasiment sans discontinuité depuis 2002. J’ai été candidat ou suppléant à de nombreuses élections.

J’ai également milité pendant plusieurs années au sein du collectif de soutien aux personnes sans papier, du comité local « Sortir du nucléaire » ou encore de l’association Bretagne Réunie.

Mon parcours professionnel

À un moment, j’ai ressenti le besoin de me recentrer. J’ai alors eu l’opportunité de travailler pour l’UDB pendant près de 5 ans, de 2007 à 2011.

Par la suite, je suis devenu auxiliaire de vie. Cela faisait plusieurs années déjà que je souhaitais travailler avec les personnes en situation de handicap.

Avec du recul, je me dis que si je n’avais pas fait ce métier, j’aurais ressenti un vrai manque dans ma vie.

Mes engagements politiques

Depuis 1977, l’UDB s’était toujours présentée sur la liste d’union de gauche aux municipales. Mais à l’approche des élections de 2020, la section de Rennes de l’UDB a préféré travailler avec l’association Confluences qui était plus en accord avec ses positions idéologiques, sa façon de travailler et son état d’esprit. J’ai participé à Confluences en tant que militant UDB pratiquement dès le début de l’association.

C’est tout naturellement que, dans la continuité de mon investissement au sein de Confluences, j’ai rejoint la liste Choisir l’écologie pour Rennes.

Je me suis vraiment retrouvé dans ce groupe et ce projet politique.

J’ai le plaisir d’avoir à mes côtés Montserrat. Montserrat Casacuberta-Palmada vient de Catalogne. L’UDB a toujours défendu le droit à l’autodétermination. Lors des évènements difficiles survenus au moment du processus d’autodétermination catalane, l’UDB a organisé des actions de soutien. À cette occasion, nous avions pris contact avec une communauté rennaise de Catalan·ne·s dont Montserrat faisait partie.

Notre groupe politique écologiste et citoyen

Il y a au sein de notre groupe politique écologiste et citoyen une grande diversité et complémentarité des profils, à l’image de l’association Confluences. Malgré nos différences, il y a une très bonne entente et une cohésion qui nous permet de nous enrichir mutuellement et d’avancer.

De par mon activité professionnelle, travailler sur la question du handicap en tant qu’élu est apparu comme une évidence.

C’était l’occasion pour moi d’aborder cette question qui m’est chère sous un autre angle, plus politique. 

Ayant fait mes études dans l’environnement, j’ai accepté aussi de siéger au comité syndical de la collectivité Eau du bassin Rennais (CEBR) et au conseil d’administration de la société publique locale du même nom (SPL EBR). Rappelons que l’eau est un bien commun nécessaire à la vie. Cela représente aussi une continuité pour l’UDB puisque lorsqu’Ana Sohier était élue UDB entre 2008 et 2014, elle a fait partie du conseil d’administration du SMPBR (l’ancien nom de la CEBR) et qu’elle s’y est activement battue pour soit créée la SPL.


À l’écoute des acteurs et actrices de terrain

Entretenir de bonnes relations avec les acteurs et actrices de terrain est pour moi quelque chose de fondamental.

Le milieu associatif rennais lié au handicap est très divers et très actif. Ces associations sont souvent spécialisées sur un type de handicap. En effet, chaque expérience de handicap est unique. En tant qu’élu, je me dois de prendre en compte cette diversité.

La Ville de Rennes a incité la mise en place dans les années 90 d’un collectif local du handicap afin de faciliter la concertation avec ces nombreuses associations. Le Collectif Handicap 35, qui regroupe à la fois des antennes d’associations nationales très connues et des associations purement locales, permet à des personnes aux handicaps très différents de travailler ensemble sur des thématiques communes. Ceci facilite grandement le travail entre la Ville de Rennes et les associations.

Je serai aussi à l’écoute des autres associations, qui ne sont pas dans ce collectif comme SOS handicap ou le Collectif On Existe.

Nous travaillons aussi dans le cadre de la commission communale d’accessibilité qui regroupe, en plus des associations, des élu·e·s, des institutions (département, ARS, etc.) et des professionnel·le·s de santé.

Plus largement, je souhaite organiser une grande concertation autour du handicap, c’est d’ailleurs un engagement électoral. Mais le contexte sanitaire complique les choses. De plus, nous sommes nombreux à prévoir de telles concertations dans le cadre de nos délégations respectives. Il est notamment prévu des états généraux de la lutte contre les discriminations, et je tiens fortement à ce que le monde du handicap y participe activement. Les discriminations liées au handicap sont en effet parmi les plus courantes et s’ajoutent souvent aux autres discriminations.

Construction d’un plan du handicap

Les politiques liées au handicap sont très intégrées dans les différentes politiques de la Ville, ce qui est une très bonne chose en soi, mais ceci nous empêche parfois d’avoir une vision globale de toutes les actions qui peuvent être menées en faveur des personnes en situation de handicap. Je vais donc travailler à la mise en œuvre d’un plan du handicap, qui nous permettra d’avoir une vue d’ensemble, une visibilité et une lisibilité de cette politique.

J’ai d’ailleurs pu remarquer que les services de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole avaient mis en place des outils pour faciliter la vie des personnes en situation de handicap, mais que ceux-ci étaient assez peu connus des personnes directement ou indirectement concernées. Nous avons un important travail de communication à réaliser pour pallier cela.

Construction de la maison du handicap

Une des priorités du mandat est la mise en place d’une maison du handicap. Nous nous appuierons pour cela sur l’expérience de la maison des ainés et des aidants qui a été inaugurée lors du précédent mandat. Aussi, nous devons être complémentaires de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et éviter les redondances. Cette maison pourrait être un lieu ressource, de proximité et de convivialité. Je souhaite que ce projet soit co-construit avec l’ensemble des parties prenantes.

Rennes, ville accessible et inclusive

Historiquement, nous sommes une ville plutôt accessible. Un travail a en effet été réalisé sur ces sujets-là depuis les années 80. Il ne faut pas pour autant nous reposer sur nos acquis, car il reste encore beaucoup de travail à faire notamment au niveau du centre-ville. La ville de Rennes gère beaucoup de lieux publics pour lesquels nous devons être absolument exemplaires.

Au-delà de l’accessibilité, il nous faut désormais travailler sur l’inclusion. C’est-à-dire pas seulement sur la possibilité d’accéder au lieu, au service, mais permettre aux personnes handicapées de pleinement pouvoir participer à notre société.

Les personnes en situation de handicap doivent être vraiment considérées comme des personnes entières, dans toutes leurs dimensions, et pas seulement vues par le prisme de leur handicap.

Cela passe notamment par la sensibilisation des personnes valides aux situations de handicap. Nous allons notamment organiser chaque année des semaines du handicap. Pour l’organisation de ses évènements, je compte bien sûr m’appuyer sur l’expérience du monde associatif.

Un autre enjeu d’inclusion très important est l’implication des personnes en situation de handicap dans les instances de participation citoyenne (assemblées de quartier, jurys citoyens…). Et pas seulement sur les thématiques liées à leur handicap. Ils et elles doivent pouvoir s’exprimer sur tous les sujets comme n’importe quel citoyen·ne.

Nous observons déjà une évolution positive dans notre société. Par exemple dans les écoles. Jusqu’alors, les enfants handicapés étaient exclus de l’école classique et pris en charge dans des structures spécialisées. Désormais, de plus en plus, ces enfants sont inclus dans l’école classique et peuvent (lorsque l’Éducation nationale respecte ses engagements) suivre une scolarité normale à l’aide d’un personnel dédié. Leurs camarades valides sont alors confrontés dès le plus jeune âge au handicap et deviendront plus facilement des adultes à l’esprit ouvert considérant le handicap comme faisant partie de la normalité.


Élu autonomiste !

Pour conclure, j’aimerais rappeler que je suis un élu autonomiste. En tant que membre de l’UDB, je milite bien évidemment pour l’autonomie politique et budgétaire de la Bretagne. Mais l’autonomie se conçoit aussi pour les personnes, et dans le monde du handicap cela a un sens bien précis.

Le mot « autonomie » est construit à partir des termes grecs autós (αὐτός) et nómos (νόμος) et signifie avoir ses propres lois, ses propres règles.

Ainsi je suis également très attaché à ce que les personnes en situation de handicap puissent acquérir une véritable autonomie. C’est-à-dire que ces personnes soient vraiment libres dans leurs choix tant au quotidien que pour leur vie.

Pouvoir se lever et se coucher à l’heure que l’on veut, pouvoir choisir ses vêtements, prendre les repas que l’on souhaite et quand on le souhaite ; mais aussi avoir une activité professionnelle (ou pas), décider de ses loisirs, des personnes que l’on fréquente, décider de là où l’on vit.

En tant que personnes valides, ces droits nous semblent légitimes, mais pour une personne handicapée cela n’a rien d’évident. Être handicapé implique bien trop souvent être dépendant des autres. La Ville de Rennes a, à mon avis, un rôle à jouer pour permettre aux personnes en situation de handicap de s’émanciper un maximum et d’être les plus autonomes possibles.