Jacques Pinchard

Conseiller municipal délégué au Contrôle budgétaire et aux services concédés, et conseiller métropolitain

Souvenirs d’enfance à Rennes

Mes premiers souvenirs de Rennes remontent à une époque où l’on y voyait encore des charrettes à cheval ! Elles passaient notamment rue Vasselot, où j’ai grandi dans une pâtisserie, pour livrer d’immenses barriques de cidre qui étaient descendues dans la cave du bistrot d’en face.

Du collège du Landry jusqu’à la Route de Châteaugiron, il y avait des vaches !

Difficile à imaginer maintenant, et pourtant, ce n’est pas une période si lointaine que ça.

À l’époque, le centre-ville n’était pas beaucoup plus végétal qu’aujourd’hui, mais nous avions l’habitude d’aller à la campagne aux portes de Rennes facilement accessible en vélo. Aujourd’hui, on se déplace de villes en ville par de grands axes routiers, sans passer par les petits chemins de campagne. 

Éducateur auprès des mineurs

J’ai été éducateur spécialisé de jeunes enfants en foyer pour aider les familles en difficulté. J’ai commencé à travailler avec un bac, mais j’ai voulu par la suite reprendre mes études. J’ai passé une maîtrise de sociologie en faisant des cours du soir, ou plutôt du jour, car je travaillais la nuit. Je me suis engagé dans la vie syndicale et militante.

J’ai ensuite traversé une période de transition professionnelle une dizaine d’années pendant laquelle j’en ai profité pour passer un master en développement territorial avec pour objectif de me présenter au concours de la fonction publique. Après avoir essuyé des échecs, j’ai enchaîné des périodes de chômage et de contrats courts (commercial, jardinier à domicile, etc.). Mais je me suis très vite ennuyé… Depuis 2012, j’ai monté HABitation ÉCOlogique, un réseau local d’éco-entreprises de rénovation, d’isolation, de construction, pour aider tou·te·s celles et ceux qui le souhaitent à construire ou rénover en réduisant leur impact environnemental.

Mes engagements militants

J’ai commencé à militer assez jeune, dès la classe de Seconde. J’ai participé à des actions avec le Cridev — le Centre Rennais d’Information pour le Développement et la Solidarité entre les Peuples. À l’époque, je me souviens avoir réalisé un petit montage de diapositives, pour sensibiliser mes camarades sur la coupe du monde de football en Argentine, qui était une dictature. Ce fut ma première action militante officielle !

Plus tard, j’ai milité contre la ségrégation raciale en Afrique du Sud, et me suis engagé au MAN, mouvement pour une alternative non violente. J’ai aussi participé à la création de Scarabée Biocoop dont je suis toujours le 33e coopérateur ! J’ai toujours tâché de mesurer mon impact environnemental et ma consommation énergétique afin de la réduire au maximum au quotidien.

Mon engagement politique

Politiquement, j’ai évolué proche des écologistes, sans adhérer formellement au parti. Après le duel Chirac-Le Pen, j’ai adhéré au PS, pour assurer une majorité gouvernementale, mais l’ai rapidement quitté au vu de son tournant néolibéral. 

En 2007, j’ai participé avec Pierre Larrouturou à la création de Nouvelle Donne qui, entre autre, promeut la semaine de 4 jours, l’affectation d’un budget européen de 1000 milliards par an pour le climat, la séparation des banques de crédit et des banques de spéculation, l’Europe sociale.

J’ai participé à la création de l’association Agir pour le climat, porteuse du pacte finance climat. Cette association a contribué à la mise en place de la banque et du budget climat à l’échelle de l’Union européenne. Agir pour le climat interroge les parlementaires pour renforcer la Loi Climat résilience et participe à l’organisation des manifestations pour une vraie loi climat.

Conseiller municipal délégué au Contrôle budgétaire et aux services concédés

Écoconditionnalité

Je suis très attaché au principe d’écoconditionnalité, qui est assez complémentaire du budget carbone. L’idée est de conditionner nos achats ou le versement d’aides publiques à des critères environnementaux. Il s’agit de travailler de manière transversale pour venir interroger chaque politique de la Ville à travers le prisme de l’écologie.

Publicité de masse

Je suis également très attentif à la publicité de masse. On met souvent en avant la pollution environnementale ou visuelle. Or à mon sens, il s’agit avant tout d’une pollution intellectuelle. Sans parler du fait que ces espaces publicitaires sont bien souvent accaparés par les plus fortunés, à savoir les grosses industries et les entreprises multinationales, au détriment des artisans et commerçants locaux. Le RLPI (Règlement Local de Publicité Intercommunal) va dans le bon sens, mais nous devons veiller à ce qu’il soit à la hauteur des enjeux.

Une pollution délocalisée

Nous devrions faire attention à ne pas non plus nous contenter de l’amélioration de notre environnement quotidien, en fermant les yeux sur le reste du monde… N’oublions pas que nous avons délocalisé beaucoup de nos activités les plus polluantes et énergivores, dangereuses pour les travailleurs. Or c’est bien nous qui continuons à consommer ces biens polluants, et donc nous qui restons responsables de cette pollution.

Pour une autre économie

Nous devons rester vigilants et ne pas nous autosatisfaire en nous contentant d’améliorer nos vieilles habitudes pour être à la hauteur des enjeux. Nous devons prendre conscience que nous vivons dans un monde fini, aux ressources limitées. Seule la réduction de la production et de la consommation, ici à Rennes où élu, nous sommes responsable du budget municipal, et à une échelle globale pourra assurer l’avenir de l’humanité et la préservation de la planète.

Concilier écologie et solidarité

Les pauvres ici et partout dans le monde sont évidemment les premières victimes du désastre environnemental. Les mesures les plus efficaces pour stopper le réchauffement climatique, améliorer le confort des logements, favoriser les déplacements actifs et les transports collectifs efficaces, garantir l’accès à une alimentation bio de proximité et de saison sont aussi des mesures qui vont dans le sens de la solidarité.

En revanche, améliorer seulement le pouvoir d’achat des ménages, sans faire prendre conscience de la nécessité d’une consommation plus raisonnable, relancer la croissance en aidant les entreprises sans écoconditionnalité, participe à empirer la situation environnementale.

De l’échelle locale à l’échelle globale

Au-delà de mon mandat municipal, je soutiens pleinement les députés européens Nouvelle Donne, notamment Pierre Larrouturou, dans leurs actions. J’ai récemment participé à son combat sur la création d’une Taxe sur les Transactions Financières européenne votée par 70 % des parlementaires européens, mais écartée par les chefs d’État. L’Union européenne est un espace géographique et une échelle d’initiatives intéressantes. Il s’agit de la première puissance économique mondiale. Mais l’idéologie est, pour l’heure, malheureusement très néolibérale. Avec une véritable ambition politique en matière d’écologie, qui est peut-être en maturation, nous pourrions entrainer avec nous le reste du monde. Tout est possible.