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Capteurs citoyens : les Rennais vont pouvoir s’engager en faveur de la qualité de l’air

[Conseil municipal du 23 mai 2016]

Lors du dernier conseil municipal, le projet de capteurs citoyens, initié et porté par les élu-e-s écologistes a été adopté. L’objectif : sensibiliser les citoyen-ne-s à la qualité de l’air et leur permettre d’agir en construisant, utilisant, partageant leur capteur.

Adjointe Santé

Délibération présentée par Charlotte Marchandise
citationLa qualité de l’air est un enjeu de santé publique et une préoccupation sanitaire et environnementale majeure. La pollution de l’air, intérieure comme extérieure, affecte les systèmes respiratoires, cardiovasculaires et neurologiques et aggrave l’état des personnes déjà affectées par d’autres maladies.Si les pics de pollution ont un effet exacerbé pour les personnes les plus vulnérables, c’est l’exposition chronique à la pollution de l’air qui conduit aux effets les plus graves et donc aux impacts les plus importants sur la santé. Il s’agit donc de s’attacher à diminuer les pollutions quotidiennes et répétées.

Un projet en mode fabrique citoyenne

À Rennes, comme dans les autres grandes villes françaises, la qualité de l’air pose problème et nous sommes soumis à un Plan de Protection de l’Atmosphère afin à réduire la pollution de fond à laquelle sont soumis les habitants.

Ce plan a amené à des décisions politiques courageuses, qui n’ont pas toujours été parfaitement comprises.

Le projet d’aujourd’hui, inscrit dans la Fabrique citoyenne, vise à la compréhension et l’appropriation de cette question par les Rennais, ainsi que la co-construction de solutions à l’échelle des quartiers, des écoles, des entreprises, car nous ne pourrons pas gagner la lutte contre la pollution sans mobiliser les habitants. Cela nécessite de nouveaux modes de mobilisation pour encourager des changements de comportements, et nous faisons le pari que les nouvelles technologies de l’innovation numérique peuvent contribuer à y répondre, et ce, en luttant contre les inégalités sociales !

Ainsi, en vue d’impliquer les habitants, la Ville de Rennes, dans le cadre de sa politique volontariste de santé et de celle des usages du numérique portée par Laurent Hamon, a imaginé avec ses partenaires associatifs sur le territoire une démarche expérimentale d’engagement citoyen en faveur de la qualité de l’air, et utilisant, entre autre, la captation citoyenne de données environnementales.

Ce projet unique en France à l’heure actuelle est lauréat de l’appel à projet AACT’AIR de l’ADEME, qui apporte un soutien financier à hauteur de 84 328,20 € sur 3 ans. Cette démarche s’inscrit également dans les orientations du le Plan National de Surveillance de la Qualité de l’Air.

 

Un projet en cinq étapes

Elle va se dérouler en plusieurs temps:

  • d’ici à juin, animé par la MCE, la Maison de la Consommation et de l’Environnement, et les partenaires associatifs et les innovateurs du territoire, qu’ils soient libristes associatifs ou acteurs de la French tech, il s’agit de concevoir un prototype de capteur en Open Source permettant de collecter en temps réel des informations sur la qualité de l’air et les usages en lien avec celle-ci (comportement, mobilité… ). Ce travail sera fait avec AirBreizh, l’agence bretonne de surveillance de la qualité de l’air
  • En octobre, nous lancerons la démarche dans les quartiers de Villejean et du Blosne, en lien avec les élus et les directions de quartier. Les habitants volontaires seront invités à se réunir dans leur quartier et à créer une première communauté de « Respir’acteurs » (le nom va être lancé au vote citoyen par la MCE). Une première rencontre permettra de prendre le temps de comprendre ce qu’est la pollution, d’où elle vient et ses conséquences. Les habitants seront ensuite invités, s’ils le souhaitent, à construire leur capteur dans un espace public numérique de leur quartier, ou tout au moins à comprendre comment il fonctionne et se l’approprier. Chaque famille aura alors un de ces dispositif mis à disposition (et non pas acheté car il se n’agit pas d’un bien de consommation, et nous souhaitons que ce projet soit ouvert à tous) et pourra capter les données environnementale chez lui, sur ses trajets, devant l’école, au travail.
  • les données recueillies seront anonymisées et diffusées en open data, et associées à une cartographie via internet en lien avec les données recueillies par Air Breizh.

Il ne s’agit pas de concurrencer les données probantes et scientifiques mais bien d’être complémentaire, et de permettre l’appropriation du sujet par les citoyens.

  • Ces données seront aussi diffusées dans l’espace public de façon simple et compréhensible, par exemple à travers du mobilier urbain qui changerait de couleur selon la qualité de l’air.
  • Les habitants et acteurs de ce groupe se retrouveront de façon régulière dans leur quartier pour échanger autour des données recueillies et proposer des actions collectives pour améliorer la qualité de l’air. Ils pourront aussi expliquer les freins qu’ils rencontrent : une mère de trois enfants ne peut pas forcément passer au vélo de façon aussi simple qu’un jeune employé ! Ainsi les habitants seront force de proposition concernant les actions à entreprendre pour partager la ville et l’améliorer en termes de qualité d’usage et de vie. Faire venir une vélo-école pour apprendre, découvrir la plate-forme reno-travaux, réactiver un pedibus, organiser du co-voiturage à l’échelle du quartier ou proposer des projets au budget participatif et toutes les idées auxquelles nous n’avons pas pensé.
  • Cerise sur le gâteau, les capteurs permettront ensuite de mesurer l’effet de ces actions.
  • En septembre 2017, il sera proposé d’ouvrir cette démarche de « tout Rennes Capte » validée par les habitants eux-mêmes à l’ensemble des quartiers rennais.

La stratégie est gagnant-gagnant : en plus de réduire les émissions de polluants, les actions mises en place vont permettre de lutter contre la fracture numérique, lutter contre les inégalités sociales de santé, favoriser les mobilités actives et de lutter ainsi l’obésité, le diabète et maladies cardio-vasculaires qui augmentent année après année en France.

En résumé, 3 points forts à cette démarche :

  • une dynamique d’animation permettant la construction collective
  • la validation scientifique des données
  • la transparence et la confiance liée au portage par des acteurs de la société civile inscrits dans ce projet