Conseil métropolitain du 2/10/2025 – Intervention portée par Valérie Faucheux au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°5 – M. Dehaese O. : Développement durable du territoire – Énergie / Habitat – Région Bretagne – Création d’une société de tiers financement – Participation |
Mes chers collègues,
La question de la rénovation et de l’isolation des logements est une question tant sociale que climatique. Sociale, d’abord, lorsqu’on sait qu’en 2024, 12 millions de personnes ont souffert du froid chez elles, que sur notre territoire, 12% de notre parc résidentiel est constitué de passoires thermiques avec une précarité énergétique qui touche plus de 21 000 ménages. Écologique, ensuite, au regard de la surconsommation énergétique qu’un logement mal isolé provoque. 30% des émissions de gaz à effet de serre de notre territoire proviennent des bâtiments.
Pourtant, le dispositif Ma Prime Rénov subit les coupes budgétaires drastiques d’un gouvernement visiblement sourds aux enjeux climatiques. Ainsi, en avril dernier, le budget de Ma Prime Rénov’ a été amputé de 30%. Cet été, ce dispositif d’aides publiques a carrément été suspendu pour tous les nouveaux dossiers de rénovation globale. C’est tout simplement scandaleux. L’instabilité réglementaire couplée aux réductions des crédits découragent les propriétaires et fragilisent grandement le secteur du BTP, essentiellement composés de TPE, de PMO et de bureaux d’études. On le rappelle ce secteur est pourvoyeur de plus de 600 000 emplois directs et indirects, non délocalisables en France.
Si le dispositif reprend aujourd’hui, ce n’est que dans une version amoindrie : le plafond financier des travaux est réduit à 30 000 ou 40 000 euros selon les projets, contre 70 000 euros auparavant. De plus, les nouveaux dossiers ne seront examinés qu’au début de l’année 2026 et leur financement dépendra de l’adoption de la prochaine loi de finances. Alors que l’Allemagne consacre plus de 13 milliards d’euros pour la rénovation, nous sommes passés en France d’un budget de 5 milliards d’euros à seulement 2,1 milliards aujourd’hui. Autant dire que le dispositif est sur la sellette.
Nous ne pouvons donc pas compter sur l’État pour agir. La région Bretagne, associée à ses territoires, a décidé de prendre ses responsabilités afin d’apporter une solution à la vulnérabilité énergétique qui touche un ménage breton sur 5. C’est pour cela que nous sommes particulièrement satisfait de voter ce soir la participation de Rennes Métropole au capital de la nouvelle société publique locale de financement de la rénovation énergétique, récemment créée par la Région.
Il s’agit d’une proposition défendue de longue date par les élu·es écologistes. Elle permettra de mieux accompagner les foyers dans leur parcours de rénovation globale, en offrant des avances de subventions, qui seront ensuite remboursées par les économies d’énergie réalisées. Cela permet aux ménages en manque d’épargne de pouvoir initier des travaux.
Le Nouveau Plan Climat que nous venons d’adopter ce soir prévoit la rénovation de 5000 logements par an. Nous avons raison de réaffirmer cette ambition. Si nous savons que sur la dernière période nos objectifs n’ont pas été atteints, c’est principalement à cause de la complexité des dispositifs et de l’inconstance gouvernementale. Nous espérons donc que cette nouvelle société de tiers financement contribuera à l’atteinte de nos objectifs, en ciblant de nouveaux propriétaires.
Il nous faudra veiller bien sûr à ce que cet outil puisse s’intégrer pleinement dans notre dispositif métropolitain Ecotravo, et que les habitant·es gardent un interlocuteur unique lors de leur parcours de rénovation. La simplification des démarches pour les ménages doit être au cœur de nos préoccupations, afin d’éviter la multiplication des guichets.
Le premier ministre semble vouloir faire de la décentralisation un axe majeur de son action gouvernementale, s’il a le temps de la déployer. Défenseurs de l’autonomie des territoires et du droit à la différenciation dans l’exercice des politiques publiques, nous ne pouvons que souscrire à cette ambition. Parmi les propositions à lui faire, nous pourrions inscrire la rénovation énergétique dans les compétences à confier à l’échelon local, comme le proposent certains parlementaires. Nous souhaitons que cette nouvelle Société Publique Locale puisse montrer de manière claire tout l’intérêt d’avoir une gestion à l’échelle territoriale pour mener ce que le Haut conseil pour le climat nomme le chantier du siècle.
Seul le prononcé fait foi