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Face à l’extrême droite, affirmons l’hospitalité : pour l’accueil des exilés en milieu rural

Conseil municipal du 14 octobre 2024 ·Intervention portée par Priscilla Zamord au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n° 32 : Interventions sociales et santé – Autres interventions sociales – Provision Accès aux droits, accueil intégration – Quatrième attribution de subvention 2024

Madame la Maire, mes chers collègues,

Face à la montée de l’extrême droite et aux attaques contre les projets d’accueil de personnes exilées, notamment en milieu rural, il est primordial de mettre le sujet sur la table. Nous devons être présents auprès de nos collègues élu-e-s qui subissent des pressions et valoriser les expériences positives.

Il ne faut pas laisser l’extrême droite faire un trophée, de cas comme celui Callac, dans les Côtes-d’Armor, qui a dû abandonner son projet d’accueil de personnes exilées..

Plusieurs autres communes en France ont choisi l’hospitalité, et cela se passe bien. Unissons nos forces, pour défendre ces efforts d’accueil, et promouvoir un modèle d’hospitalité et d’ouverture face aux discours de repli sur soi et de rejet.

C’est, dans ce contexte, que l’association RTA 35 a organisé une demi journée de conférences et de tables rondes, samedi dernier à Dol-de-Bretagne. Je vais revenir sur plusieurs enjeux qui y ont été abordés.

D’abord, l’accès à l’emploi pour les personnes exilées. Sur ce sujet, soyons pragmatiques. Il faut une expérimentation. Le travail de plaidoyer collectif et il faut le dire, avec le soutien du MEDEF 35, est en cours. Le recrutement de personnes sans papier avec un titre de séjour métier en tension offrirait des solutions concrètes. Cela répondrait non seulement aux besoins des personnes exilées, en facilitant leur intégration sociale, mais également aux besoins de recrutement dans les territoires, notamment ruraux.

Par exemple, le réseau A4, qui a participé à une table ronde samedi, promeut l’entraide et la formation pour des emplois décents et dignes dans le secteur agricole. Cela contribue aussi à répondre à la crise du renouvellement agricole, en préservant les petites fermes familiales face à l’agro-industrie.

De nombreuses personnes exilées, dotées d’expertises précieuses, notamment agricoles, peinent en France à faire reconnaître leurs compétences et se retrouvent souvent dans des emplois précaires. Aussi, l’intégration des personnes exilées issues de pays arides dans notre écosystème agricole, nous permettrait de renforcer nos pratiques face aux défis climatiques.

Ensuite, l’emploi comme facteur d’intégration, ne peut pas se faire sans un travail sur l’accueil et l’hospitalité des personnes exilées, sans discrimination, en entreprise ; et sans la prise en compte de la question du déclassement social ressentie pas de nombreuses personnes. Exemple cité samedi, une femme comptable qui a trouvé un emploi mais pas à la hauteur de ses compétences. Ce sentiment de déclassement impacte profondément la santé mentale des personnes exilées.

Aussi, soulignons que l’accès à des moyens de transport, qu’ils soient individuels ou collectifs, est un élément essentiel pour l’intégration des personnes exilées, qui n’ont pas forcément le permis. En développant des solutions de transport adaptées, pour non seulement améliorer la mobilité de toutes et tous, mais également faciliter la vie des personnes exilées. 

Enfin, sur la question de l’hébergement. Disons le, malgré nos efforts, la politique d’accueil des personnes migrantes que nous construisons collectivement en Ille-et-Vilaine, permet à peine de pallier aux défaillances de l’État. Face à cette situation humanitaire insupportable, l’ancien Préfet n’a pas trouvé mieux que de faire des déclarations mensongères pour nier ses responsabilités.

Une véritable faillite morale qui s’illustre localement avec vos propos Mme Gandon jusqu’au plus haut sommet de l’État, quand le ministre de l’intérieur affirme que l’immigration ne serait pas une chance. Comme des millions de Français qui se sont déplacés aux urnes avant l’été, et qui ont été ignorés par le Président Macron, nous, écologistes, pensons, au contraire, que l’accueil des personnes exilées constitue une véritable chance pour nos territoires.

Soutenir des projets associatifs en faveur des personnes exilées favorise le lien entre les gens, l’intégration de chacun, et l’enrichissement culturel local. Quand la rencontre se fait, les peurs et les stéréotypes tombent, pour laisser place à l’empathie et l’humanité. Quand on a en face de soi ces familles qui ont tout laissé derrière eux, le regard change, loin des discours politiques et certaines représentations médiatiques stigmatisantes.

Avant de conclure, j’aimerais faire un court aparté sur le Conseil de l’Hospitalité, que nous sommes très fiers d’avoir lancé à l’échelle de la métropole rennaise il y a quelques jours avec mon collègue David Travers. Il s’agit d’un dispositif de participation citoyenne qui donne la parole aux personnes exilées sur notre action publique.

Ce conseil de l’hospitalité offrira un espace, pour que ces personnes puissent mieux appréhender le fonctionnement des nos collectivités et proposer des actions concrètes, afin d’améliorer leur quotidien, notamment en ce qui concerne l’accès à nos services publics essentiels et la lutte contre l’isolement.

Pour terminer, nous tenons à saluer le travail remarquable de l’ANVITA, qui a produit notamment un guide pour l’accueil des personnes exilées en milieu rural et petites villes. Nous voulons aussi remercier l’association Territoires Accueillants 35 qui crée cette formidable dynamique collective pour mieux défendre un accueil digne des personnes exilées.

Je vous remercie,

– Seul le prononcé fait foi –