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Pour un changement de modèle de notre production d’énergie renouvelable

Conseil municipal du 04.12.23 Intervention portée par Laurent Hamon au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°78 : Aménagement et services urbains, environnement – Plan d’Action en faveur de l’énergie et du climat – Modalités de concertation du public pour la définition des zones d’accélération des énergies renouvelables

Avec la sobriété et l’efficacité énergétique, la production d’énergies renouvelables est le troisième pilier d’une politique énergétique durable et décarbonée. Nous avons déjà atteint une production de plus de 600 GWh sur la métropole. Mais il nous reste seulement 7 ans pour doubler ce total et atteindre 1200 GWh en 2030. C’est l’objectif fixé par notre actuel plan climat. Dans ce contexte, tout nouveau dispositif national venant accompagner la montée en puissance des énergies renouvelables est bienvenu. C’est pourquoi nous nous emparons de ces zones dites d’accélération. Notamment en ce qui concerne le solaire photovoltaïque et thermique, où nous avons besoin de mettre les bouchées doubles. Nous voterons donc sans difficulté cette délibération. 

Cependant, permettez-nous ici d’exprimer trois regrets. 

Le premier porte sur le calendrier absurde de la loi. Dans un réflexe très jacobin, le législateur a laissé neuf mois à toutes les communes pour consulter leur population ET rendre leur cartographie de zones d’accélération. Ceci, sans prendre en compte leur calendrier de révision de leur plan climat. De nombreuses collectivités, dont la nôtre, se sont retrouvées prises de court, alors qu’elles comptaient traiter ce sujet dans la révision prochaine de leur PCAET. Le sujet est trop important pour faire l’objet d’une consultation a minima, bâclée avant les fêtes de fin d’année. Nous profiterons donc de notre révision l’année prochaine pour mener un véritable travail de concertation et impliquer massivement les citoyens et acteurs du territoire dans la fabrique de notre stratégie énergie climat.

Le second porte sur le financement, le véritable nerf de la guerre. Concrètement, quels moyens supplémentaires sont mobilisés par l’État pour répondre à l’urgence ? L’objectif initial de la loi était de rattraper le retard pris par la France sur ses objectifs de production d’énergie renouvelable. Nous aurions dû atteindre en 2020 23% de renouvelable dans notre consommation finale d’énergie. Nous nous hissons péniblement aujourd’hui à 20,7%. La loi annonce-t-elle un plan de financement massif des ENR pour nous sortir du bourbier ? Non. À peine évoque-t-elle des avantages fiscaux pour les porteurs de projet… et qui restent encore à définir. Cela paraît bien faible, surtout quand on connaît les ambitions de la nouvelle stratégie énergie climat du gouvernement : doubler le rythme actuel de déploiement du solaire, pour atteindre plus de 75 gigawatts (GW) de capacités installées en 2035. 

Enfin, notre troisième regret porte sur l’occasion manquée, à travers cette loi, d’opérer un changement de modèle sur notre système énergétique. Les énergies renouvelables sont pourtant le moyen privilégié pour : 

  • relocaliser notre production. 
  • créer des boucles locales de production et de consommation. 
  • porter des projets citoyens qui impliquent les habitants à l’échelle de leur pâté de maisons ou de leur quartier. 

Nous avons d’ailleurs eu l’occasion, il y a quelques mois, de soutenir un tel projet : le programme Eclairs. Il a permis d’installer une centrale photovoltaïque en autoconsommation sur la toiture de l’école Jacques Prévert, à Rennes Sud, inaugurée par Madame la Maire. Ce sont de tels projets qui redonnent une dimension collective, citoyenne et coopérative à la production d’énergie. Cette loi aurait pu tracer un nouveau chemin, encourager ces initiatives, simplifier les procédures. Et ainsi rompre avec notre système ultra centralisé de production d’énergie, fortement dépendant des performances du nucléaire et de l’état de nos centrales. Il n’en est rien. 

Pour conclure, en tant que ville et métropole engagée, nous ferons évidemment notre part pour atteindre nos propres objectifs à horizon 2030. Nous aurons besoin, pour ce faire, de nous doter d’un véritable schéma directeur des énergies. Nous ne pouvons plus faire l’économie de cet outil de planification et de suivi de notre production, consommation et distribution d’énergie. Grâce à lui, nous pourrons également largement embarquer nos habitantes et habitants dans la production locale d’énergie, gagner en résilience énergétique, et respecter nos engagements.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi