Pour les écologistes, les activités économiques doivent, aujourd’hui plus que jamais, tenir compte de la préservation de la biodiversité, des limites planétaires et intégrer dans leur modèle, la raréfaction des ressources et du foncier. Nous l’avons déjà dit, nous le redisons ici : les besoins en foncier économique sur le territoire sont réels, au regard notamment d’une croissance continue du nombre de créations d’entreprises. Toutefois, dans un contexte d’accélération du dérèglement climatique et d’aggravation de ses impacts, de nécessaire inscription dans la trajectoire du Zéro Artificialisation Nette d’ici à 2030, les nouvelles zones d’activité doivent s’adapter et muter.
Concernant la création en extension de la ZAC de Tizé, nous voulons commencer par souligner les points positifs, qui vont dans le sens de la transition de nos zones d’activités.
D’abord, l’étude environnementale a permis de réduire la zone de constructibilité initialement prévue. Nous voulons saluer la préservation de la zone humide. Cette décision doit faire date et créer un précédent sur lequel nous nous engageons collectivement : à l’avenir, plus de destruction de zone humide par des projets d’aménagement.
Nous nous réjouissons également de la conservation et du renforcement des haies bocagères et du patrimoine arboré notamment en bord de Vilaine, avec une urbanisation s’insérant dans le site existant, via un travail paysager du projet à souligner.
Sur le plan de l’accessibilité et des mobilités, le projet apparaît plutôt cohérent, dans le prolongement du village des collectivités, avec une urbanisation des deux côtés du boulevard d’Argentré. Les transports en commun sont intégrés au projet avec différents éléments en prévision : la création d’un arrêt de bus au niveau de la ZAC, le développement d’une double voie pour les bus dans le cadre de la requalification du Boulevard d’Argentré et la construction d’un parc relais de 200 places au niveau du giratoire de Tizé. Les modes actifs seront également encouragés avec le passage du Réseau Express Vélo.
Notons également l’adoption d’une gestion des eaux pluviales à la parcelle, favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol.
Toutefois, la préservation de la biodiversité reste un enjeu déterminant vis-à-vis de la création de cette ZAC. L’étude d’impact de la ZAC Porte de Tizé mentionne la présence de plusieurs espèces protégées sur site, dont la Salamandre tachetée en régression constante depuis un siècle. Une demande de dérogation espèces protégées est prévue. Nous serons très attentifs à son contenu et ainsi qu’au contenu de l’avis du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturels’y relatant.
Il reste aussi des progrès substantiels à réaliser en matière de définition des activités, de densification, ainsi que de maîtrise publique du foncier économique.
Sur le type d’activités accueillies, nous souhaitons privilégier l’installation d’activités artisanales de petites et moyennes entreprises issues du territoire, s’inscrivant en cohérence avec les nécessaires transitions écologiques et sociales. Cela reste pour nous un point de vigilance.
Sur la densification, le projet de ZAC de Tizé n’apporte pas de garantie suffisante.
Nous devons nous assurer de ne pas reproduire les erreurs précédentes. Je pense notamment au village des collectivités La dernière extension a consisté à construire sur des terres agricoles deux bâtiments en R+3 alors qu’on aurait pu imaginer un seul bâtiment plus en hauteur réalisé sur les emprises existantes dédiées au stationnement.
La ZAC de Tizé pourrait plutôt s’inspirer du projet imaginé pour la ZAC de Ker Lann, avec des formes urbaines innovantes pour les activités économiques : des bâtiments en hauteur, incluant une mixité programmatique verticale ateliers / bureaux.
Autre sujet de déception, la maîtrise publique du foncier.
Depuis longtemps, les élus écologistes plaident en faveur d’une stratégie foncière métropolitaine privilégiant l’acquisition de terrains pour en faciliter la gestion et y favoriser l’installation d’entreprises à fort impact environnemental et social.
Or, dans le cas de la ZAC de Tizé, le modèle promu reste la vente de parcelles viabilisées.
A l’échelle métropolitaine, nous devons innover. Les outils innovants, mobilisables pour améliorer la maîtrise du foncier économique et le fonctionnement de nos zones d’activité, ne manquent pas. Le bail emphytéotique pourrait être l’outil pertinent pour assurer cette maîtrise du foncier, en attendant la création d’une foncière permettant l’acquisition de terres à vocation économique, la mise en place d’un Office Foncier Solidaire économique ou encore la généralisation des associations syndicales libres (ASL) permettant aux entreprises de mutualiser espaces, parkings ou services communs.
Dans un contexte de nécessaire sobriété foncière, et de besoin impérieux des collectivités de pouvoir mieux piloter l’usage de ce foncier au regard des priorités écologiques et sociales, nous devons devenir exemplaires dans le montage de nos projets de zones d’activité. Il est temps aujourd’hui de travailler sur des critères ambitieux pour concevoir la ZAE de demain. Les écologistes, vous le savez, sont disponibles pour contribuer à ce chantier collectif.
En attendant, et pour toutes les raisons évoquées, nous nous abstiendrons sur cette délibération.
Seul le prononcé fait foi