En cette période de vote des budgets primitifs dans les collectivités, de nombreux élus locaux sont confrontés comme nous à des choix cornéliens dans un contexte de hausse indécente des coûts de l’énergie. À Rennes comme ailleurs, notre construction budgétaire 2023 s’est déroulée avec en toile de fond cette vague inflationniste ainsi que les incertitudes liées aux différentes mesures étatiques en direction des collectivités. Nous souhaitons donc à cette occasion remercier tout particulièrement Nadège Noisette qui a mené avec les services ce processus de construction budgétaire dans ce contexte plus qu’inconfortable.
Quinze millions d’euros en plus pour les fluides en deux ans : ce coût déraisonnable de l’énergie vendue par les entreprises multinationales se fait malheureusement au détriment de ce qui aurait pu être davantage mis en œuvre pour nos politiques publiques municipales. Les énergies fossiles ont certes un coût trop longtemps sous-évalué. Néanmoins, la dérégulation du marché de l’énergie décidée depuis plus de deux décennies au nom du principe libéral de concurrence libre et non faussée est responsable d’une financiarisation incontrôlable des marchés au détriment des besoins essentiels de la population. De même, les collectivités locales, les établissements publics, les hôpitaux devraient pouvoir bénéficier de régulation tarifaire et se prémunir contre la spéculation du marché de l’énergie.
Notre dépendance aux énergies fossiles nous pénalise dans un pays qui avait refusé de se préparer à cette crise énergétique. Aussi, comme nous l’avons déjà dit, sans une politique nationale et européenne de sortie rapide des énergies fossiles, sans la construction d’une véritable indépendance énergétique par les énergies renouvelables et les économies d’énergie, la situation que nous vivons aujourd’hui se reproduira encore.
À l’échelle locale, nous devons nous astreindre au même impératif et ainsi amplifier nos efforts en matière de sobriété énergétique via le Schéma directeur énergie. Ainsi, le développement des outils de supervision et d’instrumentation de nos bâtiments, le raccordement au réseau de chauffage urbain d’une quinzaine de bâtiments ainsi que la réhabilitation thermique des gymnases Kennedy et Torigné et de l’école Albert de Mun vont dans le bon sens. En parallèle, le plan de sobriété qui s’applique aujourd’hui et doit nous permettre de réaliser 15 % d’économies d’énergie doit être maintenu dans les années à venir, voire s’intensifier sur certains aspects.
Cet exercice budgétaire d’équilibriste s’est fait avec comme priorité de maintenir les services publics et d’assumer un haut niveau d’investissement pour poursuivre la transformation écologique et sociale de notre Ville en acceptant dans une proportion raisonnable une dégradation de nos ratios budgétaires. Les écologistes assument pleinement ce choix, car il est le seul qui nous permette de continuer à maintenir des services publics locaux de qualité.
Nous avons fait le choix de préserver les politiques municipales essentielles comme l’éducation avec l’ouverture de l’école Toni Morrison et en matière d’action sociale avec la livraison du nouvel espace social commun à Maurepas.
Au passage, si nous pouvons comprendre l’impatience de nos collègues de l’opposition, nous remarquons cependant l’incohérence de certains propos : réclamer la rénovation de la piscine St Georges, évaluée à 25 M€ ou le renouvellement massif des équipements sportifs tout en dénonçant la dégradation des ratios budgétaires ne nous semble pas responsables dans ce contexte inédit.
Nous choisissons également de consolider nos services publics avec l’embauche de plus de 28 nouveaux agents et une évolution de la masse salariale à +3% cette année. Rappelons à cette occasion que sans les engagements des agentes et des agents, les projets ne peuvent être menés. Pourtant, ils ne bénéficient toujours pas de revalorisation salariale à hauteur de l’inflation.
Pour les écologistes que nous sommes, les enjeux sociaux et écologiques vont de pair. En même temps que nous investissons pour préserver notre climat, nous devons agir pour réduire les fractures sociales. C’est pourquoi cette année encore nous voterons une augmentation du budget du CCAS à hauteur de 17,1 M€ pour répondre aux besoins des habitantes et des habitants dans une période éprouvante qui voit la pauvreté grandir et les inégalités se creuser. De même, alors qu’en ce 13 mars, en France le terrible compteur affiche 31 féminicides en 72 jours, l’ouverture de la Maison des femmes en septembre prochain est un engagement fort afin de soutenir et accompagner les femmes et les leurs enfants et ainsi les aider à sortir des violences et se reconstruire.
De même, les associations rennaises, actrices majeures de la cohésion sociale dans notre ville, sont percutées par les mêmes problématiques inflationnistes que subissent les ménages et notre collectivité. Nous en avons parfaitement conscience et c’est pourquoi le budget qui leur est consacré augmentera de 1.6%. Bien entendu, il nous faudra rester attentifs en cours d’année et les années suivantes à la situation des structures, notamment celles en charge d’équipements qui seront en difficulté.
Dans ce contexte qui restreint en partie nos marges de manœuvres, le Budget primitif 2023 présenté ce soir reflète la poursuite de la politique volontariste de notre ville pour faire de Rennes une ville verte, solidaire et mieux préparée à affronter les prochaines crises.
Seul le prononcé fait foi