Nous saluons évidemment la modernisation du système de commande de notre éclairage public. Elle s’inscrit dans la continuité de l’enveloppe de 27 millions d’euros votée en début d’année, pour renouveler l’ensemble du système et accélérer le passage aux LED. Nous en avons d’autant plus besoin que notre facture d’éclairage en 2023 sera multipliée par trois par rapport à cette année, du fait de l’envolée des coûts de l’électricité.
Oui, cette année, nous avons vraiment toutes et tous pris conscience que l’énergie — ici, électrique — est une denrée rare et chère. En tant que consommateurs et citoyens d’abord. En 10 ans, le prix du kWh pour les particuliers a augmenté de 5 centimes. 5 centimes de plus, ça a l’air de rien comme ça, mais sur une consommation annuelle moyenne de 2200 kWh, ça fait plus de 400 euros de différence sur la facture à la fin de l’année.
Pour les collectivités, l’augmentation est plus forte encore. Il y a moins de 10 ans, nous achetions notre électricité autour de 15 euros le MWh. Il y a un an, 50 euros le MWh. Cette année, 186 euros le MWh. L’an prochain, plus de 500 euros le MWh. Même avec un plan de sobriété, même avec des finances saines, comment faire face à une telle augmentation ? Malgré nos interpellations répétées au niveau national, il n’y a pas eu de mise en place de bouclier tarifaire pour les collectivités.
Je pense que nous partageons ici la conviction que le temps d’une énergie abondante et peu coûteuse est derrière nous. Que nous ne reviendrons pas en arrière, même après la fin du conflit ukrainien. Qu’il faut adapter dès aujourd’hui nos usages. À la fois en termes d’efficacité énergétique (en passant aux LED, en modernisant le système de commande comme nous le votons aujourd’hui), mais aussi en termes de sobriété énergétique (en réduisant nos consommations ; en adaptant le niveau d’éclairage des LED au besoin réel).
De nombreuses communes de la métropole ont pris, ces dernières années et plus encore ces derniers mois, des mesures en ce sens, pour des raisons à la fois budgétaires et écologiques. La concertation menée par la métropole à ce sujet fait ressortir un net consensus autour de la réduction de l’éclairage public.
C’est une bonne nouvelle pour le climat : chaque heure d’extinction supplémentaire à l’année fait baisser notre consommation de 14 %, et nous permet d’atteindre plus rapidement les objectifs du plan climat (qui vise une baisse globale des consommations de 40 %). Même si l’électricité française est globalement peu carbonée, ce sont plusieurs centaines de tonnes de CO2 économisées. Preuve au passage que la sobriété est le premier levier indispensable pour réduire nos émissions, plus efficace et beaucoup moins cher que de coûteux investissements pour étendre encore davantage notre parc nucléaire.
C’est une bonne nouvelle pour la biodiversité : la DDTM estime que la pollution lumineuse est la deuxième cause de mortalité chez les insectes, juste après les pesticides. En Allemagne, une étude a révélé que chaque lampadaire allumé l’été tuait à lui seul 150 insectes par nuit. Par ricochets, c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire que l’on atteint. En réduisant notre pollution lumineuse, nous rétablissons de précieuses trames noires. Nous favorisons ainsi le retour et l’épanouissement des espèces nocturnes, insectes, oiseaux (dont l’emblématique chouette hulotte), amphibiens et mammifères nocturnes (notamment les chauves-souris). J’en profite ici pour signaler une problématique souvent ignorée : le positionnement des lampadaires. Trop souvent encore, on retrouve des lampadaires au voisinage direct, si ce n’est parfois juste au-dessus, d’arbres sur le trottoir. Un contresens autant du point de vue de l’éclairage que de l’impact sur la biodiversité.
C’est une bonne nouvelle, évidemment, pour le budget de nos communes, fortement contraint. On parle de près de 3 millions d’euros d’économie au total sur le budget 2023. Et, peut-on rajouter, c’est une bonne nouvelle pour toutes celles et ceux, petits et grands, qui aiment observer le ciel et les étoiles depuis leur fenêtre ou la lunette d’un télescope.
Bien sûr, il y aura à travailler avec les habitant·e·s, les associations, les services de police et de gendarmerie, sur les questions de sécurité. Les quelques études dont nous disposons semblent indiquer qu’il n’y a pas de lien établi entre baisse de l’éclairage et délinquance. Mais nous devons continuer à conforter la place de tous, et des femmes en particulier, dans l’espace public, sans que ça ne dépende de l’heure ou de l’éclairage.
La sécurité n’est pas qu’une question de délinquance, c’est aussi une question de visibilité des usager·e·s, piétons et cyclistes notamment. Nous pourrions travailler à des actions plus récurrentes de sensibilisation et d’aide à l’équipement en lumières comme la campagne « Cyclistes brillez », a fortiori dans les communes desservies par le réseau express vélo. Nous pourrions aussi questionner le bénéfice de lourds investissements en éclairage d’allées cyclopiétonnes, surtout en zone pavillonnaire, par rapport à l’aide à l’achat ou à la location, dans le cadre du soutien aux mobilités douces, des lampes rechargeables à ceux qui ont envie/besoin de se déplacer occasionnellement de nuit.
En conclusion, nous nous réjouissons à travers cette délibération de la démarche globale engagée par la métropole et l’ensemble des communes, et invitons à poursuivre nos efforts pour gagner en efficacité et en sobriété, dans une logique gagnant-gagnant vis-à-vis du climat, de la biodiversité, de nos budgets, et de nos rêves en contemplant la voie lactée.
– Seul le prononcé fait foi –