Il y a trois semaines tout juste, la COP 26 qui s’est tenue à Glasgow a tout juste maintenu en vie l’objectif de 1,5 °C de réchauffement climatique pourtant acté par les accords de Paris.
Cette COP a rappelé une nouvelle fois la nécessité d’une mobilisation totale, rapide et collective des États pour espérer maintenir des conditions de vie sur Terre qui soient acceptables pour l’humanité.
État clé dans l’adoption des accords de Paris, la France aurait dû jouer pleinement son rôle de leadership pour maintenir une nécessaire ambition. Il n’en a rien été.
Constatant l’échec des négociations de Glasgow, la France aurait pu affirmer sa volonté d’exemplarité en matière de lutte contre le changement climatique. Il n’en a rien été et notre pays a confirmé ainsi le bien-fondé de sa condamnation par ses propres tribunaux pour inaction climatique.
Malheureusement, la France n’est pas la seule à rester figée face à l’urgence de la crise environnementale que nous vivons. C’est d’ailleurs certainement l’un des grands enseignements des COP successives : face au défi immense qui est le nôtre, le niveau de l’État-nation est à bien des égards complètement dépassé. Plus que jamais il est nécessaire de construire de grandes coalitions internationales pour protéger les biens communs de l’humanité. La COP 26 a rappelé encore une fois à quel point les égoïsmes nationaux nous emmenaient directement à l’échec.
Loin, très loin des véritables enjeux d’aujourd’hui, la France s’engage dans un débat sur les « bons » prénoms que les enfants français devraient porter, sur les « bonnes » pratiques religieuses que les Français devraient adopter, sur les « bonnes » orientations sexuelles que les Français devraient avoir, sur la « bonne » couleur de peau qui ferait de nous un « bon » Français ou non.
L’avenir de notre pays ne pourra pas être écrit par les nostalgiques d’une France fantasmée, par les tenants du c’était mieux avant lorsque les femmes étaient au foyer, les étrangers en fond de cale et les gamins, mutiques au bout de la table.
L’avenir de la France ne pourra être écrit par celles et ceux qui n’hésitent pas à s’entourer des groupuscules les plus violents de la jeunesse identitaire, pour assurer l’organisation de leur campagne présidentielle. Les images des militant.e.s pacifistes de SOS racisme tabassés par une bande de nervis ce week-end fait froid dans le dos ; tout comme les images de journalistes exclus, malmenés par les tenants de l’extrême droite.
Il est évident que lorsque les gouvernements successifs, et celui en place n’est pas en reste, ont fait sauter méthodiquement les digues qui contenaient les discours et idées de l’extrême droite française, il est évident que ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas simplement un phénomène créé par des médias désormais dominés par les défenseurs de valeurs réactionnaires, mais bien aussi la résultante d’actions politiques passées.
Les images insupportables de policiers français qui viennent déchirer les tentes de familles exilées à Calais, l’absence totale de réponses des préfectures, et a fortiori en Ille-et-Vilaine, sur les problématiques d’hébergement d’urgence, le blocage des régularisations de personnes sans-papiers, les interviews décomplexées à des médias d’extrême droite comme Valeurs Actuelles, sont autant de coups de canif à nos valeurs communes d’égalité et de fraternité.
Et il faut finalement que ce soit le Pape, représentant du catholicisme dont l’extrême droite française ne cesse de se revendiquer, de condamner hier « un naufrage de civilisation » et de rappeler nos devoirs d’humanité face aux exilés et la chance aussi qu’a toujours constituée à travers tous les âges de l’humanité l’immigration. Dans un contexte où notre économie est embolisée par les difficultés de recrutement de certains secteurs, et notamment certains secteurs décisifs dans la transition écologique, de quoi avons-nous peur ?
Une nouvelle fois, le festival rennais a su mettre en avant une diversité culturelle toujours aussi forte et qui fait depuis longtemps fait sa marque de fabrique, les Trans ont une nouvelle fois su jouer sur la curiosité et l’ouverture d’esprit en programmant encore de nombreux artistes parfaitement inconnus du grand public, les Trans ont une nouvelle fois su mettre en avant des artistes femmes et de toutes origines. Et le résultat c’est 60 000 personnes heureuses de faire la fête ensemble. Merci aux Transmusicales d’avoir rappelé que « créer c’est résister ».
Merci d’avoir rappelé qu’à Rennes comme ailleurs, il est plus que jamais nécessaire d’agir pour la diversité culturelle, la diversité des débats, l’éducation et l’émancipation de nos enfants, la liberté de la presse et de la démocratie, la solidarité, l’égalité, la bienveillance et l’ouverture d’esprit. Ce sont bien ces valeurs qui nous permettent de construire l’avenir de notre territoire comme de l’humanité.