Avec l’automne, comme chaque année, les marronniers resurgissent dans l’actualité. La congestion automobile et les difficultés de circulation en sont les exemples le plus récents.
Il ne s’agit pas de nier des difficultés certaines mais de les resituer dans le contexte du réchauffement climatique et donc le cadre plus large de l’action publique, qui malheureusement est souvent oubliée, donnant l’impression que les pouvoirs publics sont dans l’inaction.
Rappelons que sur le territoire de Rennes Métropole, la mobilité des personnes représente aujourd’hui 27% des émissions de GES. Et si on ajoute le transport des marchandises, le transport routier est responsable de 33% des Gaz à Effet de Serre produit sur le territoire, responsable du réchauffement climatique.
Rappelons que les autres polluants présents dans l’atmosphère que sont les oxydes d’azote et les particules fines sont en grande partie d’origine routière (40% pour les PM10 et 47% pour les PM2.5).
Rappelons que les effets en termes de santé de ces polluants sont extrêmement problématiques. Le dioxyde d’azote (NO2) pénètre dans les voies respiratoires profondes où il fragilise la muqueuse pulmonaire face aux agressions infectieuses, notamment chez les enfants.
Concernant les particules, l’agence nationale de santé publique, Santé publique France, a évalué en 2019 à 48 000 décès prématurés par an (dont 2 000 en Bretagne) l’impact de la pollution aux PM2.5. Dans les zones urbaines de plus de 100 000 habitants, elle causerait une perte moyenne de 15 mois d’espérance de vie à 30 ans.
Enfin, selon un rapport publié en juillet dernier, le Conseil national du bruit et l’Agence de la transition écologique (Ademe) rappelle qu’en ville et aux abords des grandes routes, les pics de trafic engendrent aussi une forte nuisance sonore, responsable de maladies cardiovasculaires, de troubles anxio-dépressifs, de troubles importants du sommeil engendrant obésité, stress et difficultés d’apprentissage.
Décarboner les modes de déplacement est donc un impératif et nos politiques publiques doivent diriger tous les moyens en ce sens et ce sans attendre.
On nous dit que nous pourrions attendre que les comportements changent. Malheureusement, les changements de modes de déplacements sont corrélés aux aménagements et non le contraire.
Preuve en est ! Pendant des années, les exploitants de réseaux routiers se sont ingéniés à fluidifier la circulation automobile en milieu urbain en augmentant le nombre de voies ou en créant de nouvelles infrastructures routières. Non seulement ces mesures se sont traduites par une place encore plus importante laissée à la voiture, mais en plus elles ont échoué à diminuer la congestion.
Que ce soit en termes d’espace utilisé, de finance publique, de sécurité et d’efficacité, la voiture individuelle est un non-sens que nous ne pouvons plus continuer à soutenir sans condition.
Le bilan est sans appel : pour se rendre au travail, un cycliste utilise environ quinze fois moins d’espace de circulation et de stationnement qu’un automobiliste.
Par ailleurs, le modèle de transport urbain ne doit plus s’attacher seulement à réduire les temps de parcours individuels mais favoriser une utilisation très raisonnée de la voiture individuelle tout en développant des solutions alternatives confortables, rapides et sécurisées en transport en commun, en vélo et à pieds.
Les solutions existent mais elles mettront parfois quelques années à se déployer.
Dès l’an prochain, l’ouverture de la 2de ligne de métro permettra à 70% des Rennais d’être à proximité d’une station en 10 mm à pied. Les 2000 places en parkings relais permettront la réduction du trafic de 50 000 véhicules en moins. Par ailleurs, en partenariat avec l’État nous allons expérimenter l’utilisation de la Bande d’Arrêt d’Urgence sur la Route nationale 137 par les bus puis les co-voitureurs. De cette expérimentation, nous pourrons étendre le principe sur les autres routes nationales pénétrantes. Le réseau express vélo métropolitain, en cours de réalisation va déployer 14 lignes qui relieront les communes de la 1ère couronne au cœur de métropole par le biais d’itinéraires sécurisés séparés de du trafic motorisé. Dans un 3ème temps, les trambus permettront de relier des communes de la métropole et encourageront les automobilistes à laisser leur véhicule dans des parkings sécurisés en 1ère et 2ème couronne. Enfin, le travail engagé avec la région Bretagne et la SNCF va permettre d’augmenter les potentialités ferroviaires au bénéfice des habitants des communes situées sur l’étoile ferroviaire.
Toutes ces nouvelles infrastructures sont des solutions. Mais elles trouveront leur pleine efficacité à la condition que les habitants prennent conscience de l’impérieuse nécessité de changer de mode de déplacements. Selon la dernière enquête nationale déplacement publiée en 2018, 55% des flux journaliers dans notre métropole sont réalisés sur les heures de pointe du matin et du soir et que le taux d’occupation des véhicules est de 103 personnes pour 100 automobiles. Le maintien d’une proportion de télétravail, le décalage des horaires et le choix d’utiliser un autre mode de déplacement une fois par semaine permettrait d’éliminer les embouteillages.
Par ailleurs, 65% des Rennais travaillent à Rennes et 40% d’entre eux utilisent leur voiture quotidiennement pour se rendre à leur travail. Nous les Rennais et Rennaises avons la capacité de décongestionner notre ville et ainsi améliorer la situation pour celles et ceux qui ne peuvent pas faire autrement pour le moment. C’est une exigence de solidarité envers les métropolitains les plus éloignés de Rennes.
Pour les y encourager, notre devoir est donc de favoriser les modes de déplacements vertueux. C’est pourquoi, nous mettons en place des voies dédiées aux transports en commun. C’est le cas des rues Gambetta Guillaudot et du pont Pasteur qui l’an prochain accueilleront tous les trajets bus et car qui traversent notre ville. C’est pourquoi nous sécurisons les cheminements piétons. Ainsi, nous avons amélioré Bd Pompidou la traversée piétonne au bénéfice des habitants et notamment des enfants qui se rendent à l’école Colombier. C’est pourquoi nous mettons en place des pistes cyclables sécurisées, le plus souvent séparées de la chaussée motorisée bd Colombier, Rue Georges Graff, Avenue Janvier… Il s’agit d’adapter la voirie non pas aux flux actuels de cyclistes, de piétons et d’usagers des Transports en Commun mais aux flux à venir.
Les changements sont déjà en cours. L’augmentation forte du trafic cycliste au regard des chiffres de 2019 (+27% en juin), notre 2de place sur le podium du baromètre des villes marchables de plus 200 000 habitants sont des encouragements à maintenir et démultiplier notre action.
Afin de réussir sa transition post carbone et ainsi réduire les effets du réchauffement climatique, notre territoire doit préparer les transformations nécessaires dans les modes d’habiter, de se déplacer, de consommer, d’aménager le temps, de travailler, de vivre ensemble et ainsi accompagner les habitants à s’y préparer. Tel est le sens de notre action politique.