La loi de transformation publique votée en août 2019, par laquelle le gouvernement oblige les collectivités locales à mettre en place les 1607 heures de travail avant le 1er janvier 2022, est animée par des objectifs libéraux que nous ne partageons pas.
La réduction du temps de travail est un marqueur politique et historique de nos familles politiques. Nous pensons que les employeurs qu’ils soient publics ou privés doivent intégrer dans leur politique de ressources humaines une meilleure articulation du temps de travail et du temps de vie libre, pour permettre un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle.
Dans un monde où tout s’accélère, chacun et chacune doit pouvoir développer sa sphère personnelle, bénéficier de plus de temps libre, pour profiter de leur famille et de loisirs, mais aussi s’impliquer autrement dans la vie de la cité à travers l’engagement culturel, social, sportif. La réduction généralisée du temps de travail reste un horizon souhaitable pour vivre et travailler dans de meilleures conditions, loin du modèle de société qui considère comme normal que le travail grignote peu à peu l’ensemble des aspects de nos vies, au détriment de sa santé, son bien-être.
Dans ce contexte contraint de mise en œuvre de la loi, nous saluons les avancées contenues dans le protocole d’accord. La prise en compte des temps d’habillage, de déshabillage et de déplacement, la fin des horaires de coupe, le droit à 3 semaines de congés annuels complète, sont des revendications anciennes et légitimes. La reconnaissance de la pénibilité de certains métiers et la modification du cycle de travail des agent.es dans nos EHPAD ouvrant la perspective de recrutement supplémentaire de personnels devraient permettre d’amélioration leur condition de travail au quotidien. De plus, l’ouverture du prochain chantier sur la prise en compte de la charge de travail des cadres est également une bonne nouvelle. Cette question est primordiale à nos yeux, tant le besoin est grand au regard de leur engagement sans faille au service de notre projet politique.
Nous tenons aussi à saluer par ailleurs l’effort financier engagé par notre Ville en faveur des personnels. L’augmentation de 1,9% de la masse salariale qui va permettre de recruter de nouveaux agent.es et améliorer le régime indemnitaire notamment en faveur des bas revenus est un signal important de nos collectivités en direction des agent.e.s, reconnaissance nécessaire de leur implication et des compétences qu’ils mettent à disposition chaque jour auprès des Rennaises et Rennais et des élu.es que nous sommes.
Pourtant, plusieurs points continuent de nous poser question.
La liste des onze métiers reconnus comme pénibles et donc bénéficiant d’une réduction du temps de travail est trop restreinte à nos yeux. Nous souhaitons que cette liste soit revue régulièrement afin de tenir compte des risques facteurs de pénibilité qui pourraient affecter d’autres métiers (Ex : agents de restauration de la cuisine centrale et des cantines scolaires)
D’autre part, la décision de mettre fin aux bonifications horaires et repos compensateurs du weekend au 1er septembre 2022 dans certains services, comme la Direction Culture et la Direction des sports, alors que les discussions sur une nouvelle organisation et aménagement du temps de travail n’ont pas été menées et discutées dans ces services, reste un sujet.
C’est pourquoi notre groupe s’abstiendra sur cette délibération. Cette abstention se veut évidemment une opposition à la décision du gouvernement qui impose aux collectivités un choix qu’elle n’aurait pas fait, elle vient aussi saluer le travail de négociation menée et les avancées sociales d’ores et déjà actées, elle se veut enfin un encouragement à continuer le dialogue social sur les points qui restent en débat.