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À la une Conseil métropolitain Logement – Urbanisme

Donnons un nouveau souffle à notre politique commune du logement !

Intervention de Valérie Faucheux, au nom du groupe écologiste et citoyen, lors du Conseil métropolitain du 15 avril 2021

« Madame la Présidente, cher·e·s collègues,

Notre métropole se distingue souvent au plan national concernant les innovations sociales et politiques dans le domaine de l’habitat. Depuis plusieurs décennies, des politiques volontaristes ont permis de créer des outils et d’expérimenter des dispositifs qui essaiment parfois au niveau national. Le relogement social prioritaire, le loyer unique et l’Organisme Foncier Solidaire (OFS) en sont les meilleurs exemples. 

Notre PLH, adopté en 2015, s’inscrit dans la continuité de travail, mais nécessite tout de même de s’adapter à de nouvelles contraintes et aux enjeux climatiques, sociaux et démocratiques toujours plus importants. Le processus de plusieurs mois qui s’ouvre doit nous permettre de corriger et d’améliorer ce que non faisons déjà, tout en essayant d’innover sur la méthode même de cette modification, malgré le contexte sanitaire. 

Tout d’abord, cette révision du PLH doit permettre à notre métropole de repenser son cadre méthodologique et son diagnostic partagé en ouvrant plus largement les débats, consultations et concertations concernant l’évolution de notre cadre de vie.

Vous le savez toutes et tous, nous devons accueillir de plus en plus d’habitant·e·s sur notre territoire, et personne ne remet en cause cet état de fait.

Il s’agit néanmoins de penser le rythme de transformation de nos centres-villes et de nos bourgs, avec plus d’équité entre les communes dans la construction de logements corrélée à un impératif de mixité sociale accru.  

Nous devons continuer d’écrire notre récit urbain avec et pour ses habitant·e·s, qui doivent pouvoir être intégré·e·s aux réflexions et aux nouveaux projets de construction. La charte citoyenneté et construction de la Ville de Rennes est une réponse parmi d’autres à cet enjeu démocratique. 

Il faut que certaines innovations passent du stade de l’expérimentation à celui du déploiement. Je pense notamment à l’habitat participatif, trop souvent négligé ou relégué alors qu’il peut être une réponse à différentes problématiques que nous soulevons. Construire 120 logements en habitat participatif par an à l’échelle de notre métropole est possible et nous ne pouvons faire l’économie d’un véritable schéma directeur pour l’habitat participatif à l’échelle de notre métropole.

Nous devons aussi ne pas oublier le renforcement du dialogue avec les communes, qui sont volontaristes pour la mise en œuvre de nos orientations, mais qui doivent aussi penser et financer la montée en charge de leurs services publics, sociaux, culturels et commerciaux, parfois avec des difficultés. Une approche systémique de notre politique de l’habitat est nécessaire pour prendre en compte chacun de ces enjeux.

Cette semaine se sont tenus les États généraux de la forêt et du bois, qui ont permis de rappeler que seulement 6 % des constructions neuves en France le sont en bois. Plus généralement, la question des matériaux biosourcés est trop souvent négligée. Notre territoire doit au travers de son PLH continuer d’être pionnier pour que le secteur du bâtiment et de la construction prenne toute sa part dans la nécessaire transformation écologique. Rappelons que le secteur du BTP produit plus de 70 % de l’ensemble de nos déchets. 

La qualité du bâti, le confort des logements et le nécessaire développement de l’économie circulaire doivent aller de pair.

Nos efforts en matière de rénovation thermique doivent s’accélérer, car nous ne sommes toujours pas au niveau de notre PCAET avec lequel nous avons souhaité porter le nombre de rénovations BBC à 6000 par an. C’est à la fois un enjeu de défi climatique, car le logement est toujours responsable de 25 % de nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de justice sociale, car ce sont majoritairement les plus modestes qui habitent dans les logements les moins bien isolés.

Il faut aussi renforcer nos dispositifs concernant le locatif social. Bien que notre PLH soit déjà volontariste, il faut réfléchir à un nouvel équilibre, notamment pour que les constructions hors des ZAC traditionnelles puissent aussi avoir des cahiers des charges plus contraignants.

L’organisme Foncier Solidaire (OFS), dont nous avons salué la création, est un de ces outils qui peut permettre de réguler la construction en diffus pour limiter au maximum la spéculation. Il doit démultiplier son action. La maîtrise foncière et la garantie de prix d’achat accessibles pour les foyers modestes sont des éléments primordiaux d’une politique du logement juste et solidaire.    

Notre jeunesse ne doit pas être oubliée durant nos travaux de modification. Alors que la précarité étudiante ne cesse de progresser et que l’État reste sourd à une majorité des revendications de la jeunesse, nous devons, à travers notre PLH, permettre de mieux loger celles et ceux qui sont le futur de notre territoire.

Les loyers sont trop chers pour beaucoup de jeunes, le nombre de places en Cité U trop faible et des dispositifs comme les colocations CROUS inexistants à Rennes. La garantie logement pour les jeunes exclus des dispositifs existants est aussi une des réponses à apporter. 

Lyon, Bordeaux, Villeurbanne, Montpellier, Grenoble, etc. Ce n’est pas le classement du Top 14 que je vous énonce, mais bien la liste des villes qui s’emparent d’un outil de régulation qui est actuellement absent de nos débats : l’encadrement des loyers.

Bien que depuis 5 ans, le groupe écologiste et citoyen demande à ce que notre métropole se penche sur cette question, elle n’est jamais vraiment mise à l’agenda. Nous souhaitons que cette éventualité soit étudiée et débattue durant ce processus de modification et au sein de cette assemblée.

De quoi avons-nous peur ? Nous devons nous donner la possibilité d’expérimenter ce dispositif.

Innovation et concertation. Transition et régulation. Équité et mixité. Nous avons nos boussoles. Les adaptations à la marge ne suffiront pas, il faut donner un nouveau souffle à notre politique commune du logement. »

Intervention de Valérie Faucheux au nom du groupe écologiste et citoyen sur la délibération n°1 : Habitat – Lancement de la révision du Programme Local de l’Habitat – Approbation