| Conseil métropolitain du 18/12/2025Intervention portée par Valérie Faucheux au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération N° 26 – Mme Besserve L. : Aménagement du territoire – Feuille de route « sobriété foncière désirable » |
Madame la Présidente, mes cher·es collègues,
Je m’exprime ce soir au nom des élu·es écologistes pour saluer un choix politique clair et assumé : celui de Rennes Métropole de se doter d’une véritable feuille de route de sobriété foncière.
Depuis la loi Climat et Résilience de 2021, le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) est sans cesse remis en cause au niveau national : de récentes dérogations soutenues par les gouvernements Macron et adoptées par la droite et l’extrême droite permettent de dépasser les limites d’artificialisation jusqu’à 30%, sans justification. Ce soir, nous montrons que notre collectivité fait le choix inverse.
À contre-courant de ces reculs, et dans un contexte où les enjeux écologiques sont trop souvent relégués au second plan, Rennes Métropole affirme sa volonté de tenir le cap. La feuille de route que nous voterons ce soir envoie un signal politique fort : ici, la préservation des sols n’est pas négociable.
L’enjeu central de ce mandat était clair : réduire de moitié le rythme d’artificialisation des sols tout en répondant aux besoins en logements du territoire, traduits par nos objectifs du PLH. Il s’agissait de démontrer qu’il est possible de rester une métropole accueillante et solidaire, sans continuer à consommer comme par le passé des terres naturelles et agricoles.
En 2021, Rennes Métropole a été lauréate d’un appel à manifestation d’intérêt de l’ADEME afin de devenir un territoire pilote du ZAN.
Dans le cadre de cet AMI, l’ensemble des communes de la Métropole s’est engagé dans un travail inédit de recensement des gisements fonciers, afin de privilégier la transformation et la densification des espaces déjà urbanisés.
Cette ambition n’aurait pas été possible sans une mobilisation exceptionnelle des acteurs locaux ayant permis de partager un diagnostic commun, de faire œuvre de pédagogie et de construire une vision collective.
Grâce à ce travail, Rennes Métropole dispose aujourd’hui de données solides et partagées sur sa capacité à accueillir de nouveaux logements tout en préservant les sols. Cette démarche constitue un socle commun pour imaginer les villes du cœur de métropole mais aussi nos centre bourgs demain. Sur la base de cette étude, nous allons devoir travailler à déployer une densification raisonnée, mais avant tout concertée. C’est tout le sens du terme désirable qui fait le titre de cette feuille de route. Densifier oui, mais en embarquant les habitant·es des communes. La densification est parfois associée à l’idée d’une moins bonne qualité de vie. Il nous faudra sans cesse reprendre le bâton de pèlerin comme nous l’avons fait à Rennes avec les forums urbains pour expliquer la stratégie, répondre aux inquiétudes et surtout travailler les projets. Et pour cela la feuille de route est adossée à une boîte à outils pour aider à définir les projets en termes architecturaux et paysagers. Cela nous sera utile pour traduire le plaidoyer sur le terrain.
Car rendre désirable des villes et des cœurs de bourgs plus denses, c’est aussi affirmer la ville du quart heure. Contrairement au modèle précédent de l’extension, c’est un modèle qui doit rendre la ville et la vie plus facile, avec des services publics de proximité, des transports en communs performants, des équipements et commerces accessibles depuis les lieux de vie.
Le modèle de l’extension était certes plus facile à assumer pour les élu·es des générations précédentes mais il a aussi engendré des coûts considérables : des logements toujours plus éloignés, une forte dépendance à la voiture, des centres-bourgs qui se vident, de la pollution, une santé dégradée par manque d’activité physique mais aussi, et on l’oublie parfois, des paysages disparus sous le béton.
C’est pourquoi, au-delà de la question du logement, la feuille de route sobriété foncière place la question des sols au cœur des réflexions, et notamment des sols agricoles. Et, à rebours de ceux qui accusent le ZAN d’être “ruralicide”, elle montre qu’au contraire, il permet de maintenir des espaces dédiés à l’agriculture et de maintenir les exploitations au cœur de notre territoire et ainsi travailler à notre l’autonomie alimentaire. C’est pourquoi nous devons adosser nos efforts de renouvellement urbain à la poursuite de notre stratégie agricole métropolitaine, notamment en ce qui concerne notre objectif zéro pesticides de synthèse. Pour cela, nous devons nous doter d’une stratégie métropolitaine sur le foncier agricole.
Si certaines zones prévues à l’urbanisation doivent être reclassées en zones agricoles ou naturelles, alors il nous semble pertinent de poser la question du modèle agricole que l’on souhaite voir se développer, surtout qu’il s’agit des parcelles les plus proches des communes. Nous sommes donc satisfaits de voir que la feuille de route sobriété foncière intègre l’outil PAEN, qui définit des périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains. Il nous faudra à l’avenir travailler avec le département sur cet enjeu.
Pour conclure, je dirais que la stratégie ZAN a permis de renforcer les réflexions du nouveau SCoT, dont l’objectif est de faire des sols un bien commun à l’échelle du Pays de Rennes en maintenant et en consolidant le principe de développement en ville-archipel, un modèle d’aménagement unique en France, et qui avait fait l’objet d’un accord transpartisan sur le territoire.
Il restera, pour les prochaines équipes municipales, de nombreux défis à relever, à commencer par le financement du renouvellement urbain. Nous admettons une sérieuse inquiétude compte-tenu du modèle économique actuel de la construction. Nous accusons des retards importants dans notre production de logement car le renouvellement urbain n’a pas trouvé son modèle de financement. Nous refusons que cette question nous conduise au renoncement, comme cela fut le cas pour les véhicules thermiques lors de la récente décision de la commission européenne. C’est pourquoi c’est un sujet qu’il faudra porter politiquement, et ce dans toutes les instances, y compris en associant nos parlementaires.
Ce soir, notre collectivité montre qu’un autre modèle d’aménagement du territoire est possible : sobre, écologique, tout en continuant d’assurer l’accueil des populations.
– Seul le prononcé fait foi –
