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Jumelage avec Diyarbakir : soutien au peuple kurde et coopération sur les politiques publiques

Conseil municipal du 1/12/2025 – Intervention portée par Jean-François Monnier au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°5 – Mme Boukhenoufa F. : Relations internationales – Coopération Rennes – Diyarbakir – Accord de jumelage (CCSVAI 18)

Madame la Maire, mes chers collègues,

Les élu·es écologistes, citoyens et citoyennes soutiennent la proposition de jumelage avec la Ville de Diyarbakir. 

Elle vient valoriser les liens historiques de solidarité entretenus avec la Ville de Rennes depuis 1979. Ces liens se sont traduits par des actions symboliques de soutien mais aussi par de la collaboration technique en gestion urbaine ou encore de l’aide financière pour les réfugiés à Diyarbakir. 

Ce jumelage s’inscrit également dans un engagement de la Ville de Rennes en soutien aux militants et militantes de la cause kurde. Il fait suite notamment à la dénomination du Square Fidan Rojbîn Doğan au Bois Perrin décidée par notre Conseil municipal le 13 mars 2023. Rojbîn, rappelons-le, était une militante kurde qui a été assassinée à Paris le 10 janvier 2013 avec deux de ses camarades.

Ce jumelage ne peut aujourd’hui se comprendre que si l’on tient compte du contexte et du passé récent de la région de Diyarbakir.

Les habitants et habitantes de Diyarbakir sont majoritairement des Kurdes. Les Kurdes forment un peuple qui n’est pas reconnu par les États auxquels ils sont soumis. Ils font régulièrement l’objet de persécutions de la part de ces Etats. La Turquie ne fait pas exception, et la ville de Diyarbakir en est un exemple.

En 2016, accusées de soutenir le Parti des Travailleurs du Kurdistan, les autorités élues de la ville sont démises de leurs fonctions et remplacées par un administrateur judiciaire, la même chose se reproduit en 2019. Adnan Selçuk Mizrakli, membre du HDP, le Parti démocratique des peuples, alors tout nouvellement élu co-maire, est même condamné en 2020 à 9 ans de prison.

En 2016 et 2017, une grande partie du centre historique de la ville est détruite durant des répressions militaires. La moitié ouest de Diyarbakır est détruite à 70 %, dont notamment plusieurs monuments historiques et la population soumise à un couvre-feu.

Nous tenons à apporter notre soutien à Doğan Hatun et Serra Bucak, élues co-maires de Diyarbakır en 2024, et espérons qu’il et elle puissent assumer leurs responsabilités d’élus jusqu’au bout de leur mandat.

Diyarbakır, qui a aussi souffert du tremblement de terre du 6 février 2023, est toujours le théâtre de violences, de la part de la police turque, mais aussi de groupes islamistes.

La langue kurde ne fait l’objet d’aucune reconnaissance ni d’aucun soutien de la part de l’Etat turc. La langue kurde n’est pas non plus enseignée à l’école en Turquie.

Notons aussi que le 12 Mai 2025, suite à un appel de son fondateur et dirigeant Abdullah Öcalan, le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan s’est lancé dans un processus de paix et a prononcé sa dissolution et la fin de la lutte armée. Nous espérons fortement que ce processus aboutira à une paix durable dans la région.

Nous faisons ainsi le vœu que ces actions de soutien de la Ville de Rennes participent à ce début de processus pour un retour à la paix et à la démocratie au Kurdistan et en Turquie, ainsi qu’à la reconnaissance du peuple kurde et de ses droits politiques, culturels et linguistiques. 

Nous souhaitons également que ce jumelage se concrétise par la poursuite de la coopération entre nos deux villes sur le plan de l’action publique. Nous pourrions par exemple travailler ensemble les questions de défense et de promotion de nos langues minorisées respectives, ou encore celles des déchets et de l’assainissement, qui sont des besoins importants à Diyarbakir.

Je vous remercie. 

– Seul le prononcé fait foi –