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Pesticides dans l’eau de la Vilaine : contributions des élus écologistes à la consultation publique

Dans le cadre de la révision du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du bassin de la Vilaine, une consultation publique a été ouverte afin de recueillir l’avis des citoyen·nes et des acteurs du territoire.

Sur le site officiel de cette consultation (https://www.registre-dematerialise.fr/6738/), les élu·es écologistes et citoyen·nes de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole ont publié leurs contributions.

Ces prises de position détaillent leur soutien au projet de révision du SAGE, tout en mettant en avant les avancées obtenues en matière de préservation de l’eau, de réduction des pesticides et de protection des écosystèmes, ainsi que les points sur lesquels ils estiment qu’il faudra aller plus loin dans les années à venir.


Contribution des élu·es écologistes – Ville de Rennes

Les élu·es écologistes et citoyen·nes de la Ville de Rennes soutiennent le projet de révision du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du bassin de la Vilaine. De nombreuses avancées, tant sur la question des pesticides, que sur la préservation des haies et des zones humides, sont à saluer. Il faudra continuer à avancer sur les sujets de la contamination généralisée de notre environnement aux pesticides et aux PFAS dans les années à venir. 

Pour commencer, nous tenons à souligner la qualité de la concertation qui a permis de construire ce nouveau projet de SAGE. Plusieurs milliers de personnes ont répondu à une grande enquête en ligne et des centaines de personnes ont participé aux ateliers thématiques. Cela a permis de faire émerger des propositions et des orientations concrètes, notamment en matière de réduction des pesticides. Le projet incarne donc les attentes d’une large partie des habitantes et habitants du territoire. 

Ensuite, les mesures ont été travaillées au sein de la Commission Locale de l’Eau. Réunissant des représentants de l’État, des collectivités territoriales, des acteurs agricoles, des associations de l’environnement et des consommateurs, elle doit garantir la construction d’un projet commun, fruit de la recherche d’un consensus. Nous tenons à rappeler et à saluer cette démarche de concertation.

Ensuite, ce projet de révision du SAGE propose de mettre en place des mesures importantes pour préserver la qualité de l’eau et des milieux naturels de notre territoire.

Nous rappelons que le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux demeure l’unique document réglementaire à la main des acteurs locaux permettant de contraindre l’usage des pesticides. Sur notre territoire, plus de 70% de l’eau consommée provient des eaux de surface. Ce sont les eaux les plus sensibles à la pollution, notamment par les pesticides. Aujourd’hui, seulement 8% des cours d’eau du bassin-versant de la Vilaine sont en bon état écologique.

De nombreuses études scientifiques alertent sur les liens entre les expositions aux produits phytosanitaires et l’apparition de cancers, leucémies ou encore de la maladie de Parkinson. La France est le 7ème pays le plus consommateur de pesticides au monde, alors qu’il n’est que 39ème en termes de surfaces agricoles. Dans le même temps, le cancer est dans notre pays la première cause de mortalité chez les enfants. Plus de 400 000 nouveaux malades du cancer ont été recensés en 2023. 

C’est pourquoi la proposition inclue dans le SAGE Vilaine d’interdire les herbicides maïs sur cinq captages prioritaires d’eau potable nous apparaît un premier pas essentiel pour la santé humaine et des écosystèmes. Il devra être suivi d’autres dans le futur, en cohérence avec notre objectif métropolitain de sortie de pesticides d’ici 2030. 

Pour garantir l’avenir de l’agriculture, les ressources naturelles dont elle dépend doivent être préservées. En raison du dérèglement climatique et des perspectives de croissance démographique pour notre territoire, les pressions (urbanisation, intensification agricole) et les risques (crues, sécheresse) vont se renforcer. Dans ce cadre-là, nous soutenons le projet de SAGE qui incitera à une meilleure connaissance des zones inondables et à renforcer la protection des zones d’expansion de crues. 

Nous saluons également pleinement le choix de compenser les zones humides à hauteur de 200% et ce dès le premier mètre carré impacté. Les haies et bocages dans les secteurs sensibles à l’érosion seront mieux protégés et leur destruction devra être compensée à 400%. Ce sont des mesures essentielles pour préserver les écosystèmes et les activités économiques qui en dépendent. 

Pour l’ensemble de ces raisons, le groupe écologistes et citoyen·es de la Ville de Rennes  soutient le projet de révision du SAGE Vilaine.


Contribution du groupe des élu·es écologiste et citoyen·nes de  Rennes Métropole

Les élu·es écologistes et citoyen·nes de Rennes Métropole soutiennent le projet de révision du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du bassin de la Vilaine qui comporte de nombreuses avancées pour la préservation des écosystèmes et de leurs ressources. Ils considèrent toutefois qu’il faudra dans les années à venir aller plus loin sur un certain nombre de sujets, à l’instar de la sortie des pesticides et de la lutte contre les nitrates.  

Document de planification essentiel pour notre territoire métropolitain, le SAGE permet d’édicter des règles qui s’imposent ensuite à notre Plan Local d’Urbanisme Intercommunal, ce qui nous permet d’avancer en matière de protection de l’environnement et de la santé des habitantes et habitants. 

Le projet qui est présenté pour cette consultation reflète un travail collectif exigeant, où se retrouvent les voix de l’ensemble des acteurs de l’eau issus de tous les territoires du SAGE. Nous saluons la qualité de la concertation citoyenne, qui a permis de faire émerger des sujets importants pour la qualité de vie sur ce territoire. 

En premier lieu, la concertation a mis en lumière la volonté des habitant·es de bénéficier d’une eau de qualité, c’est-à-dire d’une eau qui ne soit pas contaminée par les pesticides, les nitrates ou les PFAS. En 2024, un rapport des inspections générales des ministères de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique a alerté sur la pollution généralisée des captages d’eau potable par les PFAS, les pesticides et leurs métabolites. Il préconisait, en cas de non atteinte des objectifs de qualité, « des mesures obligatoires de restriction, voire d’interdiction des produits phytopharmaceutiques sur ces aires ».  Le territoire du SAGE est particulièrement sensible, puisque 70% de l’eau potable consommée provient des eaux de surface. 

Les scientifiques multiplient les études attestant du fait que la présence de produits phytosanitaires, en particulier dans l’eau potable, favorise le développement de cancers. Après le mois d’octobre rose, il faut rappeler l’impact délétère de ces produits toxiques sur la santé. La France détient le triste record mondial du nombre de cancers du sein. Le nombre de cancers a doublé depuis les années 1990 et ils sont en nette progression chez les jeunes (15-39 ans). 

Face à ces menaces pour notre santé, nous ne pouvons que constater le non-respect du principe pollueur-payeur, dans un système qui aujourd’hui fait peser tout le coût de l’inaction sur l’usager de l’eau. Résultat : le prix est obligé d’augmenter pour assumer les coûts de dépollution, dans un contexte de fortes tensions sur le pouvoir d’achat des ménages. 

Dans le même temps, la pollution de l’eau nous place dans une situation de forte dépendance stratégique : nous ne sommes pas souverains sur les filières de dépollution et les produits de traitement tels que les charbons actifs sont importés en totalité. Une crise internationale de haute intensité et durable ne nous permettrait plus de nous procurer de charbon actif et de délivrer une eau du robinet conforme à nos standards. C’est un enjeu important à considérer. 

Nous sommes donc particulièrement favorable à des règles d’interdiction des produits phytosanitaires, en particulier dans les aires d’alimentation de captages d’eau potable : l’interdiction des herbicides maïs sur les parcelles à fort risque de transfert prévu par le nouveau projet SAGE va pour nous dans le bon sens, même si elle reste insuffisante au regard des enjeux. Cette mesure de restriction, qui est une première en France, représente un levier important pour limiter la présence de pesticides dans l’eau du robinet : cependant un seul type de produit sera interdit, et ce sur une portion très réduite du territoire du SAGE. Rappelons que la Métropole de Rennes s’est fixée comme objectif la sortie des pesticides d’ici 2030. Nous soutenons en parallèle un accompagnement technique et financier des agriculteurs impactés, notamment à la mise en place du désherbage mécanique. 

Au niveau national et européen, rappelons que les écologistes défendent pour tous les agricultrices et agriculteurs un revenu juste, la mise en place de prix planchers et des conditions de travail qui préservent leur santé. 

Concernant les nitrates, c’est une règle insuffisante qui a été retenue  :  le projet de révision du SAGE porte un objectif de nitrates de 35 à 40 mg par litre selon les bassins, alors que selon les scientifiques, 18 mg par litre est bien le seuil limite pour éviter le phénomène d’eutrophisation qui conduit notamment à la prolifération des algues vertes. Il faudra à l’avenir être plus ambitieux. 

La révision du SAGE prend également en compte l’enjeu de préservation des zones humides. La protection des zones humides s’appliquera dès le 1er m2 et imposera une compensation à hauteur de 200%. Les possibilités de création ou d’extension de plan d’eau seront très fortement limitées. Les haies et bocages dans les secteurs sensibles à l’érosion seront protégés et leur destruction devra être compensée à 400%. Nous saluons ces avancées essentielles au maintien des fonctions écologiques de notre territoire et qui permettent aussi d’adapter notre territoire au dérèglement climatique qui s’accélère. 

Les élu·es écologistes de Rennes Métropole sont engagés pour un modèle agricole plus durable et respectueux de la ressource en eau, en soutenant l’agriculture biologique, les circuits courts mais aussi à travers le label Terre de Sources, une agriculture durable et rémunératrice pour les agriculteurs locaux. Le SAGE est un document essentiel pour nous permettre d’avancer ensemble dans cette direction. En tant qu’élu·es d’une collectivité territoriale, nous souhaitons contribuer à soutenir une ambition commune et partagée : celle d’un environnement plus sain, résilient face au dérèglement climatique, dans l’intérêt général et de tous les habitant·es du bassin versant. 

Pour l’ensemble de ces raisons, le groupe écologistes et citoyen·es de Rennes Métropole souhaite soutenir le projet de révision du SAGE Vilaine.