Conseil municipal du lundi 24 mars 2025 – Intervention portée par Priscilla Zamord au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°31 sur la première attribution de subvention 2025 à Rennes au Pluriel. |
Madame la Maire, mes chèr·e·s collègues,
Tout d’abord je souhaite remercier au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s les associations, les services et Geneviève Letourneux pour cette belle programmation.
Nous fêtons donc cette année les 10 ans de « Rennes au pluriel », un mois d’actions consacré à la promotion de l’égalité et de la diversité. Une initiative plus que jamais nécessaire avec l’extrême-droite qui a mis un pied dans la porte, la persistance des discriminations et la remise en cause des droits fondamentaux.
« Rennes au pluriel » est une véritable cartographie vivante des diasporas de l’antiracisme et de l’égalité qui, chaque jour, font avancer nos valeurs communes. C’est aussi une forme d’utopie concrète, à contre-courant des discours de haine et de repli identitaire qui gangrènent le débat public. C’est enfin un appel à l’action, une invitation à réinventer nos modes de pensée, nos imaginaires et d’agir pour une société plus juste.
Cette année encore, « Rennes au pluriel » met à l’honneur les cultures sous toutes leurs formes : danse, projections, ateliers, expositions, théâtre, conférences et concerts. Ces rencontres favorisent le dialogue sur les langues, l’histoire, l’esclavage et la colonisation. Développer des liens entre nous, remettre du poétique, c’est se rendre plus fortes et forts face aux oppressions qui se répètent.
La Journée nationale du 10 mai rappelle l’importance du devoir de mémoire sur la traite, l’esclavage et leurs abolitions. Ce travail, crucial pour comprendre les impacts de la colonisation, reste indispensable malgré les tentatives de diabolisation. Et il est tout aussi essentiel de ne pas oublier les luttes actuelles contre l’oppression, comme celle du peuple palestinien qui subit aujourd’hui un génocide par un gouvernement suprémaciste.
Notre mobilisation doit aussi s’inscrire dans un calendrier plus large. Le 21 mars, Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, et le 22 mars, Journée mondiale contre le racisme et le fascisme, sont des occasions de rappeler que l’égale dignité humaine et la liberté de circulation sans conditions sont des principes inaliénables. Ces derniers jours nous avons été nombreuses et nombreux, à Rennes et partout en France, à nous mobiliser pour faire front face à la banalisation des idées d’extrême-droite. Samedi dernier, un slogan rencontré dans un cortège disait à juste titre : qui sème le racisme, récolte le fascisme !
Au-delà de Rennes au pluriel, nous devons aussi nous réjouir des liens qui se tissent à Rennes entre les luttes queer et antiracistes, comme en témoigne la programmation engagée de l’Antipode ou du Café des Champs Libres en partenariat avec des collectifs florissants. Ces lieux sont des espaces ou s’exercent pleinement des droits culturels. En ce sens, nos politiques publiques locales doivent réaffirmer avec force la reconnaissance de toutes les cultures, la lutte contre leur marginalisation et un accès équitable aux ressources culturelles.
Enfin, je me permets de revenir rapidement sur la récente enquête de notre Observatoire métropolitain des discriminations. Un baromètre précieux sur la réalité du racisme, du sexisme et, plus largement, sur les violences discriminatoires, un outil nécessaire que l’Etat refuse de créer à l’échelle nationale, malgré les recommandations de Claire Hédon, la défenseur des droits. Et, mes chèr·e·s collègues, localement, les chiffres sont alarmants… 61 % des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des discriminations au cours des 12 derniers mois, et 69 % des témoins n’interviennent pas. C’est inacceptable.
Nous devons agir. C’est pourquoi notre Plan de lutte contre les discriminations 2025-2030, qui sera présenté en septembre prochain, aura pour priorité l’accompagnement des victimes et la lutte contre l’impunité des auteurs de violences discriminatoires, et aura pour ambition de sécuriser les habitantes et habitants face à ces actes. Rappelons-nous que les violences discriminatoires ne sont pas de simples incivilités : elles relèvent de la délinquance et doivent être traitées comme telles. Le racisme, le sexisme, l’handiphobie, le lgbtphobie et les discriminations religieuses ne sont pas des opinions, ce sont des délits.
Pour conclure, je voudrais vous dire que dans cette période troublée, où l’on désigne des boucs émissaires et où celles et ceux qui défendent l’égalité sont injustement criminalisés, nous devons rester un rempart. Ce ne sont pas les professionnels et les bénévoles de l’égalité qui devraient être inquiétés, mais bien les délinquants auteurs de violences discriminatoires. Notre collectivité sera toujours aux côtés de celles et ceux qui luttent pour le respect de l’égale dignité.
Je vous remercie,
– Seul le prononcé fait foi –