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Réforme du service public de la rénovation de l’habitat : un pilotage métropolitain bienvenue mais des moyens insuffisants

Conseil métropolitain du 13 Mars 2025Intervention portée par Mathieu Jeanvrain au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s
sur la délibération n° 3 – M. Dehaese O. : Développement durable du territoire – Énergie/Habitat – ANAH – Contractualisation PIG-Pacte territorial France Rénov

La rénovation énergétique des bâtiments cristallise les liens entre enjeux sociaux et écologiques. Les ménages les plus précaires sont aussi ceux qui vivent le plus dans des logements mal isolés. Sur notre territoire, 23% des locataires du parc social sont en situation de précarité énergétique et 14% des locataires du parc privés contre 8% des propriétaires occupants. Or, les factures d’énergie liées au logements pèsent de plus en plus dans le budget des foyers, et la rénovation aussi a un coût. Et sur ce point, l’Etat n’est – une nouvelle fois – pas au rendez-vous. Adopté par 49-3, le budget national 2025 est accablant. Le programme d’aide aux particuliers pour la rénovation thermique des bâtiments, MaPrimeRenov’ passe de 4 milliards d’euros en 2024 à 2,3 milliards. Une baisse de près de moitié, alors que nous sommes loin de nos objectifs de rénovation et que l’emballement climatique ne fait que s’accélérer 

L’Etat nous impose aujourd’hui un nouveau dispositif et une nouvelle gouvernance. Difficile de se féliciter de la constitution d’un service public, quand le-dit service public est à ce point sous-doté. Nous saluons toutefois le fait que la Métropole de Rennes obtienne la délégation de la mise en place de ce service. Un interlocuteur de proximité est en effet pertinent pour accompagner les ménages dans ce type de projets. Mais encore une fois, cela n’est pas suivi de moyens suffisants. Encore une fois, la collectivité va devoir subir le manque de dotation de l’Etat. Et, encore une fois, la collectivité se trouvera en difficulté pour atteindre les objectifs de rénovation, en cohérence avec la Stratégie Nationale Bas Carbone décidée par l’Etat. 

Le nombre de rénovations enclenchées ces cinq dernières années sur la métropole, reste bien en deçà des objectifs de notre PCAET : nous avons pour ambition de vouloir rénover 6000 logements par an d’ici 2030. Or, nous ne sommes parvenus à en rénover que 650 par an entre 2018 et 2022. A chaque révision du document, nous nous retrouvons obligés de réhausser nos objectifs pour tenir la trajectoire – jusqu’à perdre leur crédibilité par leur décrochage avec le réel.

Nous devons faire un état des lieux et une analyse précise des freins à la rénovation du parc privé, en identifiant la part des différents facteurs. Parmi les incontournables, nous devons nous assurer que l’écosystème local de la rénovation, partagé entre nos services et nos partenaires proches, disposent de l’ingénierie suffisante pour l’animation, l’accompagnement individuel, le traitement efficace des dossiers d’aides ; avec notamment le souci d’une mise en paiement plus rapide qui ne pénalise pas les personnes les plus pauvres faisant le choix de la rénovation. Aujourd’hui, une seule personne est mobilisée pour la gestion administrative des dossiers d’aide locale EcoTravo, ce qui interroge nos capacités à répondre à l’accélération nécessaire. 

Il nous apparaît également essentiel de rendre davantage lisibles les dispositifs existants et les gains attendus : la complexité des procédures décourage l’action en faveur de la rénovation, et des incertitudes sur plusieurs milliers d’euros sont souvent rédhibitoires pour un propriétaire qui hésite à se lancer. Encore plus dans le cas des copropriétés où l’embarquement doit être collectif, et où les syndics sont inégalement mobilisés autour de cet objectif.

En parallèle, continuons à encourager la formation des professionnels sur la rénovation, surtout lorsqu’on sait que le parc de logements actuel représente 80% du parc de logements de 2050.

Pour conclure, il nous semble important de redire que ce sujet demande un pilotage et un suivi régulier des avancées de rénovations du parc social mais également privé, en pavillonnaire comme dans les copropriétés. La réforme du service public de la rénovation de l’habitat doit être une opportunité pour interroger les actions passées et définir un nouveau cadre pour être à la hauteur de cet enjeu majeur. 

Seul le prononcé fait foi. 

– Seul le prononcé fait foi –