Conseil métropolitain du 13 mars 2025 – Intervention portée par Morvan Le Gentil au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n° 17 – Mme Andro R. : Communication – Évènement « Nos Futurs 2025 » – Société éditrice Le Monde – Convention de partenariat |
Madame la Présidente, cher.e.s collègues,
Rendez-vous désormais phare à Rennes, cette quatrième édition du festival Nos Futurs est une occasion de faire vivre au cœur de notre ville les sujets qui préoccupent les habitantes et habitants et plus particulièrement la jeunesse : santé mentale, lutte contre les discriminations, intelligence artificielle ou encore l’environnement. A cette occasion, nous voudrions évoquer ce soir un sujet d’actualité pour notre territoire, à la croisée de plusieurs thématiques abordées dans le programme de Nos Futurs : il s’agit de la question des pesticides, enjeu de santé, d’alimentation mais aussi de préservation des ressources naturelles.
En 2024, un rapport de trois ministères : Santé, transition écologique, mais aussi Agriculture, a alerté sur la pollution généralisée des captages d’eau potable par les pesticides et leurs métabolites. Il préconisait, en cas de non atteinte des objectifs de qualité, « des mesures obligatoires de restriction, voire d’interdiction des produits phytopharmaceutiques sur ces aires».
Dans le même temps, un important travail de concertation citoyenne était mené à l’occasion de la révision du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin-versant de la Vilaine. Il a abouti à une volonté claire des citoyens, urbains comme ruraux : protéger fortement les aires de captages d’eau potable, en interdisant les pesticides sur ces zones sensibles. Fin février, nous étions aux côtés des 2000 personnes qui manifestaient en ce sens à Redon, avec comme revendication la qualité de l’eau.
Alors que la Commission Locale de l’Eau, la CLE, chargée de l’écriture du texte, est censée incarner un véritable “Parlement de l’Eau”, la notion de bien commun s’est trouvée dévoyée : à chaque réunion les objectifs fixés d’une fois sur l’autre ont été réduits à la baisse, sous l’influence des lobbys agricoles y compris industriels. Lors de la dernière réunion, qui s’est tenue à huis clos, une courte majorité des membres de la CLE a refusé, sous pression de certains syndicats, une proposition de compromis pour interdire les seuls herbicides maïs.
Nous dénonçons cet immobilisme sur les pesticides, une décision prise au mépris de la santé des habitants du territoire, dont les agriculteurs font partie. Selon l’étude Agrican de 2020, les agriculteurs et les travailleurs agricoles sont les premiers touchés par les maladies liés aux produits phytosanitaires: cancers, leucémies ou encore maladie de Parkinson. Cessons d’ignorer la science au détriment des victimes de pesticides.
Nous décorrélons trop souvent l’écriture d’objectifs ambitieux des moyens et des stratégies à mener pour y parvenir, oubliant parfois que derrière certaines promesses se jouent des intérêts conflictuels. Chantage, blocage, soustraction au regard citoyen : depuis que le SAGE est entré en révision, des méthodes inacceptables sont à l’œuvre pour en réduire l’ambition environnementale. Pourtant, rappelons que ce document stratégique est le seul sur lequel les élus locaux ont la main pour adopter des objectifs de réduction de pesticides.
Notre Métropole s’est engagée à être un territoire zéro pesticides de synthèse d’ici 2030. Notre territoire fait partie du bassin versant de la Vilaine. Afin de ne pas rester avec des objectifs incantatoires, nous avons la responsabilité collective de défendre cet objectif au sein de la CLE. Il nous faut donc nous coordonner davantage en amont et en interne, mais aussi avec les acteurs engagés pour la qualité de l’eau. Face aux stratégies actives et organisées d’un poignée d’acteurs agricoles influents, soyons nous aussi actifs et organisés aux côtés d’autres allié.e.s : élu.e.s, associations, habitant·e·s mais aussi acteurs agricoles porteurs d’autres modèles, pour mener à terme ce combat contre les pesticides, pour la santé de toutes et tous.
– Seul le prononcé fait foi –