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À la une Commande publique – Finances Conseil métropolitain Valérie Faucheux

Dans la tempête politique et budgétaire, gardons notre cap métropolitain pour l’écologie, la solidarité et la démocratie

Conseil métropolitain du 19 Décembre 2024 – Intervention portée par Valérie Faucheux au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération N° 1 – Mme Ducamin M. : Finances – Rapport d’Orientation Budgétaire 2025

Avant notre intervention sur le débat d’orientation budgétaire, et au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s, je souhaite exprimer notre solidarité avec les victimes du cyclone à Mayotte, et leurs proches dont des familles rennaises. L’urgence humanitaire doit être suivie d’un véritable plan de reconstruction pour ce territoire trop longtemps délaissé par l’État. Cette tragédie rappelle notre responsabilité face au péril climatique touchant durement les personnes et les territoires vulnérables, qui en sont pourtant les moins responsables.

Établir un budget pour 2025 nécessite une bonne boussole. Face à la dissolution de l’Assemblée Nationale et à la crise politique orchestrée par le Président Macron, champion du pouvoir solitaire, la navigation est incertaine. Multipliant les concessions à droite et à l’extrême droite, il a légitimé ces forces tout en proposant un budget d’austérité, rejeté avec la censure du gouvernement Barnier. L’abandon du PLF, qui prévoyait des coupes drastiques dans les budgets environnementaux, sociaux et des collectivités, offre un soulagement prudent.

Depuis 2018, la multiplication des baisses d’impôts sous Macron (suppression de l’ISF et de la CVAE, baisse de l’impôt sur les sociétés) ont coûté à l’État plus de 60 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes. Cette politique, favorable aux plus riches et aux grandes entreprises, explique en partie le « dérapage budgétaire » prévu pour 2025 : en refusant de remplir les caisses publiques, elles finissent par se vider.

Aujourd’hui, la question est moins de savoir si la gestion financière désastreuse de l’Etat impactera les budgets des collectivités, mais quand et à quelle hauteur. La suppression de la taxe d’habitation et sa compensation seulement partielle avaient déjà été un premier coup de semonce. Sans autonomie fiscale locale, les collectivités restent trop dépendantes des transferts de l’Etat et de ses choix délétères. Nous refusons d’être une variable d’ajustement budgétaire. Tandis que la gestion de Rennes est saluée par Moody’s, la note de la France a été dégradée par la même agence de notation.

Macron a mené notre pays en bateau vers la zone du Pot au Noir. Face à cela, nous devons garder notre fil d’Ariane et maintenir nos orientations politiques : transition écologique, justice sociale et participation citoyenne, un projet choisi par les habitants pour répondre aux enjeux du territoire.

Sur la transition écologique, nous devons consacrer des moyens à la hauteur des enjeux du Plan Climat Air Énergie Territorial, qui sera renouvelé début 2025. Nous continuerons à investir dans les transports en commun (renforcement de la ligne A et trambus) pour offrir des alternatives à la voiture. Un service fiable et pratique sera déployé pour tous les métropolitains. Le Schéma directeur vélo sera poursuivi en 2025 et au-delà, afin de développer les liaisons entre communes et encourager l’usage du vélo. Pour préserver les ressources, notre ambitieuse stratégie d’économie circulaire nécessite des moyens pour poursuivre et amplifier les engagements afin de généraliser la prévention des déchets et le réemploi. De même, nous ne pouvons pas nous permettre de revenir sur la hausse du budget prévu pour la rénovation énergétique des copropriétés, le logement étant un des secteurs les plus responsables du dérèglement climatique. Il nous faut aussi des moyens pour faire levier sur les transitions agricoles et alimentaires

Face à la hausse de la pauvreté et des défis pour la jeunesse, il est essentiel de renforcer les moyens dédiés à la stratégie métropolitaine des solidarités, notamment sur la politique de la ville et la politique jeunesse. Les associations, partenaires clés, doivent être soutenues financièrement. Dans un contexte de banalisation du racisme et de l’extrême-droite, il est crucial de doter notre nouveau Plan de Lutte contre les Discriminations 2025 de ressources à la hauteur des enjeux

Par ailleurs, nous sommes préoccupés par l’effet cocktail des coupes budgétaires dans les différents niveaux de collectivités locales. Notre Métropole ne pourra pas compenser les coupes étatiques dans les budgets sociaux des autres collectivités, notamment des départements.

La Présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, désormais Vice Présidente du Parti Horizons, a réduit de 75% le budget culturel et supprimé les subventions du Planning familial. À Rennes Métropole, bien au contraire, nous votons ce soir une politique ambitieuse d’égalité Femme-Homme, visant à lutter contre les violences sexistes et sexuelles, et nous soutenons une vraie politique culturelle axée sur sa démocratisation.

Face à la détérioration des indicateurs économiques, il est essentiel de soutenir la transition des entreprises avec des aides ciblées et critérisées, en privilégiant celles qui répondent aux enjeux territoriaux et des transitions. Nous nous réjouissons de la création pour 2025 d’un budget annexe « Dissociation du foncier économique », prélude à la création d’une foncière, comme nous l’avons défendu dans notre PLAE de septembre. Avec un budget suffisant, cet outil de maîtrise foncière permettra de mieux arrimer notre politique économique au service de notre projet écologique et solidaire, à travers la structuration de filières d’avenir dans des secteurs prioritaires pour la transition. Nous faisons le vœu que cette même logique s’applique demain dans notre approche agricole, dont la maîtrise foncière sera une clé majeure de la transition.

Notre politique métropolitaine en faveur de la participation citoyenne, favorable à la vitalité démocratique de notre territoire, ne doit pas passer à la trappe des contraintes budgétaires. En ce sens, nous nous réjouissons de l’appel à projet innovant Nos lieux communs, mais il faudra continuer de dédier des moyens à cette politique essentielle qui permet de retisser le lien si abîmé entre citoyens et institutions politiques.

Sur les politiques où nous intervenons seulement en complémentarité avec l’Etat, comment l’Etat peut-il nous demander de maintenir notre participation si lui-même se désengage ? C’est le cas de notre politique métropolitaine pour l’enseignement supérieur, au moment où une trentaine de présidents d’université, dont ceux de Rennes 1 et Rennes 2, se mobilisent pour dénoncer les coupes budgétaires inacceptables mettant leurs établissements en danger. Quid de l’avenir de la politique de la ville ? Du Schéma directeur d’aménagement des routes ?

En cette fin d’année, nous faisons le vœu que le prochain gouvernement aborde les enjeux budgétaires avec en tête davantage le souci de l’équité, des urgences climatiques et sociales, mais aussi la reconnaissance du rôle central des collectivités locales, au plus près des besoins des citoyens. Dans l’attente de ce rendez-vous en terre inconnue, plutôt que le cumul des mandats, nous continuerons à défendre l’autonomie fiscale des collectivités locales et garderons notre cap métropolitain pour l’écologie, la solidarité et la démocratie. 

Seul le prononcé fait foi