Conseil municipal du 2 décembre 2024 : Intervention portée par Cégolène Frisque au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°50 : Interventions sociales et santé – Autres interventions sociales – Approbation du Plan d’actions égalité femmes- hommes 2024-2028 |
Madame la Maire, mes chers collègues,
Il y a cent ans, en novembre 1924, les sardineries de Douarnenez dans le Finistère ont été le lieu d’une grève historique menée par des femmes, qui, après sept semaines de lutte, ont obtenu les augmentations salariales revendiquées. Aujourd’hui, cet esprit de résistance perdure, notamment à Rennes, où un écosystème féministe dynamique et un réseau de professionnels œuvrent quotidiennement pour la cause des femmes. Nous les remercions pour leur engagement et leur mobilisation, en particulier lors des récentes manifestations du mois de novembre, dont nous partageons évidemment les revendications.
Nous tenons également à exprimer notre reconnaissance à notre collègue Geneviève Letourneux et à la mission égalité, ainsi qu’aux services concernés, en particulier les six directions mobilisées par ce nouveau plan, qui portera de nouvelles actions significatives. Cette approche transversale doit servir de modèle pour le renouvellement du plan de lutte contre les discriminations, prévu en 2025, en lien avec le service. Nous remercions aussi le comité consultatif pour l’égalité femmes-hommes, et tou·te·s les participant·e·s engagé·e·s, pour leur travail de fond en faveur de la lutte contre les inégalités et les discriminations de genre.
Lors d’un précédent conseil, nous avions demandé la mise en place d’un arrêt menstruel et d’un droit au télétravail pour la santé des femmes agentes de la collectivité ; ainsi que l’élargissement du rapport annuel sur l’égalité femmes-hommes pour inclure toutes les discriminations. Nous sommes ravis que ces deux propositions aient été retenues.
En abordant les violences et les inégalités de genre, il est essentiel de prendre en compte la manière dont différentes discriminations se croisent et s’entremêlent. Celles-ci affectent particulièrement les personnes racisées, LGBTQI+, migrantes, handicapées et autres minorités. Ces oppressions sont étroitement liées, et il est crucial que le combat féministe soit mené en lien avec les luttes antiracistes et contre toutes les formes de discriminations.
S’il est essentiel que notre collectivité montre l’exemple, elle doit également embarquer les entreprises et associations qui bénéficient d’argent public, à travers le volet égalité de la conditionnalité des subventions. La Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) doit être placée au cœur de nos relations avec les entreprises et les associations, en incluant des engagements en matière d’égalité femmes-hommes et de diversité dans les conventions.
Nous aimerions également saisir cette occasion pour dénoncer la menace qui pèse sur les subventions pour l’égalité femmes-hommes dans les Pays-de-la-Loire, en particulier du Planning familial. Cela nous apparaît en total décalage avec les chiffres sur les violences faites aux femmes, notamment les agressions, le harcèlement, les viols, les violences conjugales et les féminicides, dont les indicateurs statistiques sont en hausse constante, surtout depuis le mouvement #MeToo qui a libéré la parole.
On voit toutefois une évolution encourageante du traitement médiatique des féminicides entre 2017 et 2022, comme l’a documenté l’association « Nous toutes », même si certaines victimes, notamment transgenres, restent parfois invisibilisées. Parallèlement, le procès des viols de Mazan marque un tournant dans la déconstruction de la culture du viol, renforçant la prise de conscience collective et poussant d’autres victimes à témoigner.
Le gouvernement a annoncé des mesures comme le dépôt de plainte en hôpital, des kits de détection de soumission chimique et un soutien accru pour les victimes de violences conjugales. Cependant, les associations féministes jugent ces initiatives insuffisantes et réclament une « loi-cadre intégrale », rejetée par Michel Barnier. Contrairement à l’Espagne, qui dispose d’une législation avancée, la France, malgré les promesses d’Emmanuel Macron, ne prend pas suffisamment les moyens de lutter efficacement contre les violences conjugales. Les associations locales ont besoin de ce cadre général pour renforcer leur action.
Aussi, en tant qu’écologistes, nous demandons l’inscription du féminicide dans le Code pénal avec une définition élargie, englobant le suicide forcé ; ainsi qu’une révision de la définition du viol et des agressions sexuelles, en intégrant, comme en Espagne, la notion de consentement libre et éclairé, comme recommandé par le Conseil de l’Europe.
Autre évolution importante, la directive européenne qui imposera, en France, la transparence salariale d’ici 2026, avec des fourchettes de salaire dans les offres d’emploi. Les victimes de discrimination pourront réclamer des indemnités. Notons toutefois, que ces mesures font malheureusement peser la charge de la preuve sur les victimes, alors que l’État pourrait, à l’instar de l’Islande, établir un système de certification et d’audits, avec des sanctions dissuasives.
Enfin, nous avons vu lors de la COP 29, que l’Arabie saoudite, l’Iran, la Russie, l’Égypte et le Vatican ont bloqué les mesures sur l’égalité de genre, excluant cette question du programme, malgré l’impact disproportionné du changement climatique sur les femmes. En réponse à cela, nous tenions à exprimer notre soutien à la campagne pour nommer une femme à la tête de l’ONU et tendre vers un monde plus égalitaire.
En conclusion, je dirais que le plan pour l’égalité femmes-hommes de notre ville est essentiel, mais qu’il nous reste encore de nombreux combats à mener pour l’égalité réelle. Notre détermination doit être inébranlable face à l’extrême droite et aux idéologies rétrogrades.
Je vous remercie.
– Seul le prononcé fait foi –