Conseil municipal du 16 septembre 2024 · Intervention portée par Laurent Hamon au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°22 : Interventions sociales et santé – Autres interventions sociales – Rapport annuel égalité femmes-hommes 2022-2023 (CCSVAI 18)
Madame la Maire, mes chers collègues,
Nous saluons le travail des services, des associations et de notre collègue Geneviève Letourneux pour ce rapport. Nombre d’actions témoignent des progrès réalisés pour l’égalité femmes-hommes à Rennes.
Ce soir, les élus écologistes et citoyens souhaiteraient porter deux propositions importantes. D’une part, la nécessaire prise en compte des besoins de santé spécifiques aux femmes avec notamment la mise en place d’un arrêt menstruel au sein de notre collectivité ; et par ailleurs un véritable élargissement de ce rapport annuel à l’ensemble des discriminations.
Concernant la santé menstruelle et gynécologique :
Les menstruations incapacitantes ne sont pas reconnues alors même qu’elles représentent un enjeu majeur de santé publique et d’égalité de genre.
Les chiffres parlent d’eux même :
- En France, il y a 15,5 millions de personnes menstruées entre 13 et 50 ans.
- L’endométriose est une maladie chronique touchant 1,5 à 2,5 millions de femmes.
- Les douleurs pelviennes chroniques touchent 2,4 millions de femmes.
Ces affections sont souvent mal connues, mal diagnostiquées et mal prises en charge.
Or, les menstruations affectent la vie professionnelle des femmes. Selon une étude de l’Ifop: 53 % des salariées menstruées ont des règles douloureuses, 37 % estiment que la gêne est sous-estimée au travail. Cela cause de sérieuses difficultés avec de la fatigue chronique et des troubles divers (digestifs, émotionnels, urinaires).
Le monde du travail est inadapté aux enjeux de santé menstruelle et gynécologique. Il y a un manque de cadre législatif, pour l’arrêt maladie ou les congés qui occasionnent actuellement une perte de revenu.
Le télétravail est parfois une solution, mais est rarement mis en place pour les menstruations incapacitantes.
En ce sens, les écologistes ont porté une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour créer un congé menstruel en cas de règles douloureuses. Mais dans l’incompréhension la plus totale, cette avancée nécessaire pour les femmes a été rejetée par les macronistes et la droite.
À l’instar de villes écologistes comme Strasbourg ou Lyon, mais aussi des entreprises, la Ville de Rennes pourrait montrer l’exemple en engageant à son échelle une transformation majeure de notre société, en faveur de la santé menstruelle et gynécologique.
Saisie par nos organisations syndicales sur le sujet, la direction des ressources humaines de notre collectivité a diffusé auprès des agentes un questionnaire pour alimenter un diagnostic et ainsi mesurer le nombre de personnes concernées directement ou indirectement et identifier leurs besoins, et nous les en remercions.
Dans la continuité de cette initiative, nous proposons d’instaurer un arrêt menstruel ainsi qu’un droit au télétravail, spécifique à ce problème de santé, pour les postes télétravaillables.
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Comme mentionné au début de cette intervention, les élus écologistes ont une seconde proposition à faire sur ce rapport égalité femme-homme.
En effet, si être une femme constitue déjà une source majeure de discrimination, il est important de reconnaître qu’elle peut se combiner avec d’autres formes de discriminations et ainsi se renforcer mutuellement. Quelques chiffres : 80 % des femmes en situation de handicap ont été victimes de violences. 75 % des agressions islamophobes visent des femmes, illustrant ainsi la gravité de leur situation.
Ces données soulignent la nécessité d’adopter une approche intersectionnelle pour parvenir à une véritable égalité. Pour cela, nous devons consacrer aussi des moyens équivalents à la lutte contre toutes les formes de discrimination. Ainsi le rapport annuel sur l’égalité femmes-hommes bien qu’il soit une obligation légale, pourrait tout à fait être élargi pour y inclure l’ensemble des discriminations.
Je vous remercie,
Seul le prononcé fait foi