L’accès pour toutes et tous à une alimentation de qualité est aujourd’hui fortement impacté par le contexte d’inflation généralisée et de crise socio-économique qui en découle, avec notamment une précarité étudiante en hausse et une augmentation du recours à l’aide alimentaire. Entre janvier 2022 et janvier 2023, les bénéficiaires des Restos du cœur ont augmenté de 20% en France. Sur notre territoire métropolitain, la demande d’aide alimentaire a explosé : + 70% en 3 ans, entre 2018 et 2021. La capacité d’accéder à une alimentation saine et respectueuse de la planète en est grandement affectée.
Dans le même temps, cette crise vient frapper durement le secteur de l’agriculture biologique. Les achats bio ont régressé. En France, plus de 200 magasins bio ont fermé leurs portes en 2022. De nombreuses fermes qui pratiquent l’agriculture bio sont fragilisées. Pourtant, cette agriculture est bien celle de demain : elle est qualitative, à faible impact pour les écosystèmes et rémunératrice pour les agricultrices et agriculteurs.
La multiplication des labels a entraîné une confusion sur les critères de qualité sanitaire et environnementale des produits : il faut rappeler que des labels comme HVE ou encore des marques comme Bleu Blanc Coeur ne garantissent pas les conditions d’une vraie transition agricole.
L’État est en première ligne sur ces sujets de précarité alimentaire et de soutien à l’agriculture bio, mais il est loin d’avoir activé tous les leviers nécessaires pour répondre à cette grave crise. Les collectivités et notamment les villes agissent depuis plus d’une vingtaine d’années dans le cadre de politiques alimentaires et agricoles territoriales.
En 2016, notre collectivité avait adopté un Plan Alimentaire Durable ambitieux impulsé par notre collègue Nadège Noisette. Ses objectifs ont été largement atteints au niveau de la restauration scolaire. Le gaspillage alimentaire a reculé de plus de la moitié. Les assiettes de nos enfants comptent aujourd’hui plus de 26% de produits bio, au-delà des objectifs de la loi Egalim. Nous nous en félicitons.
Nous nous réjouissons aujourd’hui de la présentation du second volet de ce Plan Alimentaire Durable porté par notre collègue Ludovic Brossard. Il doit permettre de continuer à répondre aux demandes croissantes des Rennaises et des Rennais en faveur du « manger mieux ».
La poursuite du travail conséquent déjà engagé dans les restaurations collectives de la Ville doit contribuer à l’amélioration continue de la qualité et de la durabilité des repas. Le plan vise 50% de produits bio et une part conséquente de produits du label Terre de sources, comme nous l’avions défendu dans notre programme. Les efforts pour réduire le gaspillage alimentaire doivent également continuer car il reste encore près de 13 kg par habitant de gaspillage dans nos ordures ménagères.
Nous voudrions insister sur deux priorités qui nous semblent essentielles.
D’abord, la végétalisation des repas est un processus qui doit se poursuivre, avec la mise en place d’un deuxième repas végétarien hebdomadaire. Rappelons une fois encore les nombreux bénéfices d’une alimentation plus végétale. Diminuer la consommation de produits carnés contribue à réduire les risques de maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires ou encore les cancers. Le repas végétarien permet de penser l’apport en protéines d’origine végétale alors que supprimer simplement la viande ou le poisson revient à déséquilibrer les repas des enfants.
Diminuer notre consommation de viande tout en privilégiant des produits carnés de qualité est également un levier important de la lutte contre les dérèglements climatiques. Rappelons que l’élevage contribue à hauteur de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre.
En résumé, le repas végétarien, c’est bon pour la santé, bon pour le climat et surtout bon tout court ! La notion de plaisir doit être au cœur de la transformation de notre alimentation si on veut qu’elle soit populaire et pérenne.
Pour ces raisons, nous partageons la demande portée par plusieurs élus, dont Madame La Maire, d’inscrire dans la loi la possibilité d’une alternative végétarienne quotidienne pour les communes volontaires.
J’aimerais aussi insister sur les avantages à privilégier le « fait maison » aux plats transformés de l’agro-industrie : moins d’emballage, moins d’additifs, moins de produits ultra-transformés, moins de sel, plus de produits locaux et de saison et souvent plus de saveur !
La seconde priorité à laquelle nous sommes attachés est la sortie des plastiques à usage unique. Généraliser les plats lavables en inox dans les cuisines centrales n’est pas sans difficulté, mais la collectivité travaille en ce sens pour en faire une réalité concrète dans les années qui viennent.
Au-delà de la restauration collective, ce Plan Alimentaire Durable prévoit un ensemble d’actions ambitieuses et cohérentes dans le cadre d’une approche systémique des questions alimentaires et agricoles.
La carte alimentaire durable apparaît comme une réponse pertinente aux enjeux d’urgence alimentaire et de démocratisation d’accès à une alimentation durable et de qualité. Nous attendons avec impatience son expérimentation sur notre territoire.
Le soutien aux projets d’agriculture urbaine, qu’ils soient professionnels ou citoyens, doit être également encouragé. Ils contribuent à sensibiliser la population urbaine aux enjeux agricoles. Ils favorisent les circuits courts permettant de fournir une alimentation locale de qualité aux Rennaises et Rennais. Ils participent enfin de la résilience alimentaire et climatique de notre ville.
Aussi, la notion de citoyenneté alimentaire nous semble particulièrement fertile. L’école de cuisine municipale est un beau projet d’éducation populaire et de transformation alimentaire, qui doit s’articuler avec les priorités dont je viens de parler : la progression du bio et du végétal dans les cantines, la réponse à la précarité alimentaire croissante et le soutien aux projets d’agriculture urbaine.
Chers collègues, ce nouveau volet du Plan Alimentaire Durable est prometteur et nous espérons qu’il contribuera à l’exemplarité de notre territoire rennais en matière d’alimentation durable. La transition alimentaire, en plus de contribuer à la santé des habitantes et habitants et à la résilience de notre territoire, crée des emplois et de la richesse. Une politique essentielle donc à la transition écologique de notre ville.
Seul le prononcé fait foi