Chacun d’entre nous est exposé chaque jour à au moins plusieurs milliers de messages publicitaires. À la télé, à la radio, sur internet, dans la rue, dans les magasins, dans sa boîte aux lettres, dans ses journaux, partout, où qu’on soit, on ne peut y échapper. Nous sommes à ce point bombardés de messages publicitaires que si je vous dis : « il a tout compris » vous verrez tout de suite à quel opérateur téléphonique je fais référence ; « l’énergie est notre avenir, économisons là » à quel fournisseur d’électricité ; « et les tâches s’évanouissent » à quelle marque de nettoyant ; ou encore « tous unis contre la vie chère » à quelle chaîne de supermarchés. Nous nous pensons imperméables à la publicité et ses grosses ficelles, force est de constater que nous ne le sommes pas.
La preuve en est que, selon une étude de l’Ademe, le volume annuel de consommation par Français·e est aujourd’hui trois fois plus élevé qu’en 1960. Depuis cinquante ans, notre courbe de consommation ne cesse de croître (sauf en 1993, ce qui est assez curieux…). Un seul exemple, assez parlant : six fois plus de voitures circulent aujourd’hui sur les routes. Nous ne sommes pourtant pas six fois plus nombreux qu’il y a 50 ans. La surconsommation, provoquée par la surproduction, avec ses corollaires que sont le suremballage et l’obsolescence programmée, a un effet désastreux sur nos ressources, notre santé, notre environnement et notre climat. La cinquième limite planétaire, celle de la capacité d’absorption des pollutions humaines par les écosystèmes, a été franchie cette année. Dopée par les importations de biens produits et assemblés ailleurs, l’empreinte carbone moyenne de la consommation des Français·e augmente.
Alors, avec ce RLPi, à notre niveau, nous disons clairement stop à la saturation publicitaire. Et nous sommes confortés dans cette démarche par les avis des différentes personnes publiques associées (dont la CCI), des personnes publiques consultées, des collectifs d’habitant·e·s et particuliers lors de l’enquête publique, et des communes de Rennes Métropole. Il y a donc un consensus politique large, sur notre territoire, pour réguler fortement l’implantation de messages publicitaires dans nos rues et sur nos bâtiments.
Je ne vais pas revenir sur l’ensemble des mesures présentées par notre collègue, vice-présidente à l’aménagement, Laurence Besserve. Je souhaiterais simplement souligner quatre points qui me paraissent essentiels à retenir :
- Deux tiers des dispositifs publicitaires scellés au sol vont disparaître dans la métropole, ce qui va libérer une partie significative de notre espace de vie de l’emprise publicitaire. Le tiers restant verra sa surface fortement diminuer.
- La fin de la publicité numérique dans nos rues. Elle ne sera tolérée uniquement en zone d’activité et sur 2 mètres carrés maximum. Une mesure d’autant plus nécessaire et opportune que nous voyons se multiplier, ces derniers mois, ce type de publicités, gourmandes en énergie et émettrices de pollution lumineuse.
- Les panneaux publicitaires qui demeureront sur nos abribus seront éteints dès la fin du service de chaque ligne de bus. Ce qui permet également de lutter contre la pollution lumineuse et de faire des économies d’énergie.
- Le nombre d’enseignes autorisées par commerce va être réduit au strict nécessaire, pour une meilleure insertion paysagère et un bon équilibre entre visibilité économique pour la clientèle et respect de notre patrimoine.
Nous avons conscience que ces mesures nécessitent des adaptations fortes pour certains commerces. Le guide technique d’application, ainsi que les délais de mise en conformité, permettront aux acteurs concernés de trouver des solutions et d’adapter leurs pratiques à la nouvelle réglementation métropolitaine. Nous saluons également la phase de formation et d’accompagnement prévue par la métropole à destination des communes, qui auront besoin d’être outillées et suivies dans le temps par rapport aux sollicitations qu’elles ne manqueront pas de rencontrer. Il serait à ce titre souhaitable de leur assurer, à l’issue de cette période de formation et au-delà du réseau d’échange et de la FAQ prévue, un interlocuteur bien identifié au sein des services métropolitains qui puisse suivre la mise en œuvre et répondre à leurs questions et besoins opérationnels.
Toutes ces mesures sont en phase avec ce qu’ont pu proposer en 2020 les 150 citoyen·ne·s tirés au sort de la Convention Citoyenne pour le Climat. Dans leur chapitre Consommer, ils écrivaient ainsi vouloir, je cite, « réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre imputables à la consommation de biens et de services en réduisant les incitations publicitaires à la surconsommation et en créant un nouveau régime juridique d’encadrement de la publicité. »
Au-delà des considérations écologiques, limiter significativement la place de la publicité sur notre territoire répond aussi à des considérations de bien-être. C’est une vraie avancée pour notre qualité de vie, car ce RLPi permettra de modifier radicalement l’ambiance de nos entrées de ville et de nos quartiers pour un territoire plus apaisé, plus végétal, plus attractif pour la marche à pied et les commerces de proximité, pour un territoire qui fait la part au bien vivre.
– Seul le prononcé fait foi –