Nous étions déjà intervenus sur le sujet en conseil métropolitain, je serai donc bref.
Au-delà des considérations techniques, il nous semble intéressant de nous pencher sur ce PPA car il articule trois enjeux :
- un enjeu écologique, pour la préservation de la qualité de l’air et l’action à la source sur la réduction des polluants, notamment ceux d’origine agricole ou routière ;
- un enjeu social, parce que nous ne sommes pas tous égaux face aux pollutions, et la mauvaise qualité de l’air touche surtout les populations les plus défavorisées, qui vivent dans les zones les plus atteintes. Cette pollution représente, selon Santé Publique France, une perte d’espérance de vie de huit à dix mois pour les personnes de plus de trente ans, et qui est responsable de plus de 40 000 décès prématurés en France chaque année — sans parler des conséquences sur les enfants qui semble-t-il sont parmi les plus touchés ;
- un enjeu politique enfin, car améliorer durablement la qualité de l’air demande des mesures structurantes qui nous engagent.
C’est pourquoi nous nous félicitons que l’avis de la Ville de Rennes sur le PPA appelle à des mesures fortes, d’ampleur nationale, pour renforcer la réglementation sur la pollution issue des épandages agricoles. À court terme, par exemple sur les mesures d’urgence à prendre lors des épisodes de pollution ; à plus long terme, par exemple concernant l’encadrement plus strict des pratiques agricoles entraînant des risques sanitaires pour la population.
Enfin, nous souhaitions attirer l’attention du conseil sur l’évolution à prévoir des seuils réglementaires. En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé a revu fortement à la baisse les seuils d’alerte recommandés pour les différents polluants (division par deux pour les concentrations annuelles de PM2.5 [les particules fines inférieures à 2,5 microns] et par quatre pour le dioxyde d’azote). C’est bien évidemment une bonne nouvelle dans l’intention de mieux protéger les populations, mais l’intégration future de ces nouveaux seuils dans la réglementation ne sera pas sans poser de sérieux défis à nos politiques si nous voulons les respecter. D’où l’intérêt d’anticiper dès à présent ces seuils potentiels, en approfondissant les expertises et les mesures, à la fois pour outiller les collectivités, mais aussi pour que nous soyons en mesure d’accompagner les secteurs les plus émissifs dans leurs objectifs de réduction. Le PPA doit être lu comme un texte évolutif, capable de prendre en compte l’évolution des réglementations et la nécessité de protéger les populations les plus fragiles face à la pollution atmosphérique.
– Seul le prononcé fait foi –