« Madame la Maire, cher·e·s collègues,
Le Groupe écologiste et citoyen a souhaité s’associer à ce vœu proposé initialement par le Groupe Générations, car notre ville est particulièrement concernée par les enjeux formulés par ce texte. En effet, la population de notre ville est majoritairement composée de jeunes, puisque plus 33 % de ses habitant·e·s ont entre 15 et 29 ans. Rennes est aussi une ville étudiante avec 70 000 jeunes poursuivant un cursus post bac. Selon l’enquête menée en 2018 par l’Audiar sur les conditions de vie étudiante, 42 % d’entre eux déclaraient exercer une activité rémunérée.
Avant la crise sanitaire et ses effets économiques et sociaux que nous ne mesurons pas encore, le taux de chômage des 15-24 ans était d’environ 25 %. Rappelons que plus de 30 % des étudiant·e·s rennais·es déclaraient avant la crise renoncer à des soins médicaux pour des raisons financières. Depuis bientôt un an, la disparition des emplois traditionnellement occupés par les jeunes (service dans les bars et restaurants, baby-sittings, etc.) a fortement renforcé leur précarité, réduisant leur autonomie et les rendant dépendant parfois de l’aide alimentaire.
Cette situation a des conséquences sur le déroulement de leurs études, sur leur santé et sur leur vulnérabilité en général. Le repas à 1 € pour les boursiers et boursières, le numéro vert pour une aide psychologique, autant de décisions gouvernementales qui ont le mérite d’exister, mais qui ne suffisent pas au vu de la situation.
La généralisation du RSA aux jeunes est une réponse concrète et nécessaire face à la situation urgente de toutes les jeunesses frappées de plein fouet par les effets collatéraux de la crise sanitaire qui révèle désormais les lacunes et les fragilités de notre système social dont ils et elles sont exclu·e·s. »
Vœu pour l’extension du RSA aux jeunes 18-25 ans – Vœu présenté par le Groupe Génération·s
« Avec la pandémie de Covid-19, notre pays se trouve ébranlé par de multiples crises aux conséquences désastreuses. Une crise sanitaire, d’abord, avec le décès de près de 80.000 personnes depuis un an et la révélation des limites de notre système hospitalier public, affaibli par des années de restrictions budgétaires.
Une crise économique, ensuite, menaçant des secteurs d’activités entiers – hôtellerie, restauration, événementiel, culture, monde du spectacle et de la nuit, associations… – et dont on mesure encore mal l’ampleur des conséquences en termes de disparition d’entreprises et d’emplois, mais dont tout laisse présager un choc brutal pour les tout prochains mois.
Une crise sociale, enfin, avec la fragilisation de larges catégories de la population et un basculement dans la pauvreté vécu par des centaines de milliers de citoyen·ne·s : jeunes et étudiant·e·s, seniors et retraité·e·s, intérimaires, chômeur·e·s, autoentrepreneur·e·s et travailleur·se·s indépendant·e·s, artisan·e·s, petit·e·s commerçant·e·s, artistes et acteur·rice·s du monde culturel…
Révélateurs dramatiques de la paupérisation en cours, près de 10,5 millions de Français·e·s vivent désormais avec moins de 1.063 euros mensuels, les demandes de Revenu de Solidarité Active (RSA) ont bondi en moyenne de 10 % quels que soient les territoires, comme le recours à la distribution d’aide alimentaire. Cette situation fait de l’urgence sociale une priorité absolue.
Si nos collectivités se mobilisent pour atténuer le choc, c’est l’État qui dispose de la plus grande capacité d’action par ses pouvoirs règlementaires. Le cadre légal vient d’ailleurs parfois empêcher des initiatives locales. Des mesures d’aide sociale directe doivent donc être envisagées au niveau national, telles que le relèvement des minimas sociaux, une extension des droits à l’assurance chômage, un fonds de soutien aux associations de solidarité, la structuration d’un service public de l’aide alimentaire.
La situation des jeunes est particulièrement préoccupante. Avant le Covid, le taux de chômage des jeunes actifs était, avec 19,6%, déjà deux fois plus élevé que la moyenne. En outre, l’emploi des jeunes est par nature plus précaire : l’INSEE estimait en 2019 que les 15-24 ans en emploi ne sont que 45% à occuper un CDI, contre 28% en CDD, 17% en apprentissage, 7% en intérim et 3% indépendants. Ils constituent donc une catégorie de population fragile, qui les expose particulièrement au choc économique et social actuel.
Ainsi, les moins de 25 ans sont des victimes directes de la contraction de l’activité et de l’incertitude des acteurs économiques observées en ce moment. Les jeunes en sortie d’études arrivant sur le marché du travail rencontrent des difficultés accrues dans la recherche d’un premier emploi. Les jeunes actifs en contrat court ou période d’essai sont plus exposé·e·s au risque de pâtir des ajustements de personnel réalisés en entreprise. De nombreux jeunes encore en études, privé·e·s d’enseignement présentiel depuis de longues semaines, n’ont plus le travail salarié qui leur permettait de financer leurs études. Nulle surprise que, dans ces conditions, le CROUS observe une augmentation substantielle des demandes d’aides d’urgence, ni que le FAJ (fonds d’aide aux jeunes) soit particulièrement mobilisé pour des aides de subsistance, devenues indispensables pour certains jeunes de notre territoire.
Cette situation vient mettre en évidence l’impératif d’un élargissement des conditions d’éligibilité au RSA, afin que les jeunes de 18 à 25 ans puissent en être bénéficiaires. Ce dispositif ne s’adresse actuellement qu’aux personnes âgées de plus de 25 ans, ou aux jeunes de moins de 25 ans ayant au moins un enfant à charge ou ayant travaillé au moins deux ans à temps plein sur les trois dernières années. Ces conditions, encore par trop restrictives, méconnaissent aujourd’hui les difficultés vécues par des dizaines de milliers de jeunes, dont le nombre grossit davantage chaque semaine.
L’heure est grave. Un jeune sur cinq, soit un million et demi de personnes, vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Un jeune sur six a arrêté ses études, sans parler des dégâts psychosociaux qui sont à l’œuvre. Parce que l’idée même que cette génération puisse se trouver sacrifiée est injuste et insupportable, il est vital de se porter sans tarder au secours de cette population rendue vulnérable par la vague de précarité. Cela n’est possible que par une mesure solidaire d’envergure : l’élargissement des conditions d’accès au RSA dès 18 ans, pour les jeunes en études ou non.
Par ailleurs, la hausse inédite du recours au RSA – plus de 19.000 bénéficiaires en Ille-et-Vilaine – éprouve les finances publiques qui lui sont consacrées : les dépenses du Conseil départemental affectées à ce dispositif ont augmenté de 10% cette année, atteignant désormais 10% de son budget global. Face au risque pour les Départements que l’extension des critères d’éligibilité au RSA se traduise par une insoutenabilité de financement, cette mesure doit s’accompagner par l’État des transferts de ressources correspondant.
Au regard de l’urgence sociale actuelle, nous invitons le Conseil municipal à adopter ce vœu qui appelle le Gouvernement à étendre les conditions administratives d’accès au Revenu de Solidarité Active aux moins de 25 ans et, pour le financer, à l’assortir du versement d’une contribution équivalente exceptionnelle aux Départements qui assurent la gestion de cette prestation sociale. »