Rennes dispose d’une spécificité unique en France. Son développement urbain s’est fait avec le souci de préserver une large ceinture verte qui enserre la ville. La préservation de ces espaces naturels et agricoles participe aujourd’hui de notre qualité de vie. Elle a aussi permis de protéger notre environnement comme nos capacités locales de production alimentaire. Au vu des enjeux actuels de transition écologique, cette ceinture verte est un véritable atout pour notre territoire. En tant qu’élu·e·s écologistes, notre action vise donc à la préserver.
La Prévalaye est l’une des composantes essentielles de cette ceinture verte. Elle est un espace naturel rattaché au quartier de Cleunay. Elle est restée un espace agricole et est aussi devenue un espace de loisirs en plein air, un espace d’éducation à la nature avec son centre de loisirs et l’écocentre de la Taupinais et les actions initiées par les porteurs et porteuses de projets en agriculture urbaine et en lien avec l’alimentation. Par ailleurs, elle est une zone essentielle pour la protection des ressources en eau. Elle est enfin un espace dédié aux sports avec notamment le centre d’entrainement du stade rennais.
Ces dernières années, nous avons agi pour continuer à préserver le caractère naturel et agricole de la Prévalaye. L’adoption du Plan local d’urbanisme a notamment permis de reclasser sept hectares de terre (en bordure de Vilaine, entre la station d’épuration et la rocade) qui était identifiés comme « urbanisables » pour les remettre en secteur « naturel » et y empêcher ainsi toute construction.
Le développement du Jardin des Millepas, de la ferme Perma G’Rennes, l’installation prochaine du projet de la Basse-Cour ont aussi permis de confirmer la destination agricole de ce site. D’autres terres avec un potentiel agricole ont été identifiées ces dernières années et pourront être attribuées dès 2021 pour des projets agricoles.
Dans le cadre des compensations environnementales liées au chantier du métro, la Prévalaye a aussi fait l’objet ces derniers temps de plantations de plusieurs centaines d’arbres.
Mais, il faut aussi le reconnaître, ces dernières années, le site de la Prévalaye a aussi fait l’objet de ratés. La construction d’une « piste active » sans aucune concertation, et sans que l’intérêt d’un tel projet soit confirmé, en est un exemple. Les communications maladroites du Stade Rennais en juillet 2020 annonçant des extensions importantes de son centre d’entrainement en est un autre. Pendant longtemps, le manque d’espace de dialogue autour de l’avenir de la Prévalaye a aussi pu souvent être source d’inquiétudes quant aux intentions de la Ville sur cet espace.
C’est pourquoi, suite aux élections municipales de juin 2020, les écologistes ont souhaité et obtenu la création d’un comité de gestion dédié à l’avenir de la Prévalaye. Ce comité réunit l’ensemble des acteurs et actrices intéressé·e·s par l’avenir de ce site. Il se veut un espace de transparence, de dialogue et de co-construction. Le premier dossier important que ce comité de gestion a à débattre est le projet de centre d’entrainement du Stade Rennais.
Le Stade Rennais dispose d’ores et déjà de six terrains sur la Prévalaye, à la Piverdière. Comme de nombreux clubs de football professionnel, il prévoit aujourd’hui de regrouper ces équipements d’entrainement sur un même site. Ce projet s’inscrit aussi dans la perspective de création d’une équipe de football féminine professionnelle. Équipe, qu’en tant qu’écologistes et féministes nous appelons de nos vœux depuis plusieurs années.
En tant qu’écologistes, nous préférons aussi que le Stade Rennais conserve son centre d’entrainement sur Rennes, plutôt qu’il aille grignoter des dizaines d’hectares de terres agricoles à plusieurs kilomètres de notre ville comme il l’envisageait initialement. Le Club a fait savoir ces dernières semaines sa volonté de rester sur la Piverdière. Nous avons, dès lors de notre côté, fait savoir notre disponibilité pour travailler un projet cohérent sur le plan sportif, mais surtout sur le plan environnemental. Nous n’accepterons pas que le renouvellement du centre d’entrainement du stade rennais vienne impacter des terres agricoles ou naturelles.
Cette semaine, le Stade Rennais a pu présenter plusieurs hypothèses pour son centre d’entrainement dans le cadre du comité de gestion de la Prévalaye. Nous constatons que nos préoccupations environnementales ont été, pour partie, entendues. Dans les scénarios présentés, les nouveaux bâtiments seront construits sur les emprises des bâtiments déjà existants. Ils feront l’objet d’une très large utilisation de matériaux biosourcés. Surtout, là où le Stade Rennais annonçait il y a quelques mois avoir besoin de douze hectares, il parle aujourd’hui de deux terrains de football. Ces terrains pourraient de notre point de vue trouver leur place sur le site actuel de la Piverdière, en bordure de rocade, et donc sans aucun impact sur des terres agricoles. Le secteur Taupinais, de notre point de vue, doit absolument être préservé, car ses prairies sont au cœur de cet espace naturel, et ont vocation à faire l’objet d’activités agricoles.
Dans ces conditions, il nous semble possible de travailler un projet cohérent pour le centre d’entrainement du Stade Rennais. Nous souhaitons qu’il puisse être l’occasion de partenariats entre le Stade Rennais, ses supporters, les agriculteurs et agricultrices de la Prévalaye, les associations environnementales afin d’engager le club de football dans la transition écologique et de faire de la Piverdière un centre d’entrainement exemplaire. Le sport professionnel et notre ville ont tout à y gagner. Les élu·e·s écologistes sont totalement disponibles pour travailler à un projet qui respecte pleinement le site de la Prévalaye. Nous serons des partenaires, mais des partenaires vigilants et exigeants.
Matthieu Theurier et Valérie Faucheux – Co-président·e·s du groupe des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s à la Ville de Rennes