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Conseil métropolitain Laurent Hamon

C’est une écométropole que veulent les habitant·e·s

[Conseil métropolitain du 27 septembre 2018]

La concertation sur le Plan local d’urbanisme intercommunal de Rennes Métropole s’est achevée. Bonne nouvelle : c’est une écométropole que veulent les habitant·e·s !

 

Conseiller métropolitain
Intervention de Laurent HAMON au nom du groupe écologiste  et citoyen

Sur le bilan quantitatif de cette concertation sur le futur Plan Local d’Urbanisme Métropolitain, il est clair que notre Métropole a encore du mal à construire des cadres innovants de concertation. Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, au-delà des simples obligations réglementaires, l’objectif est bien de permettre une véritable dynamique citoyenne autour des enjeux métropolitains. Il y a eu des tentatives d’innovation, avec par exemple la démarche des élu·e·s témoins, mais elles restent encore trop timide. Néanmoins, nous réaffirmons notre souhait qu’un travail de fond sur la question de la démocratie et de la participation soit mené avec les communes et les membres du Conseil. Certaines communes font déjà beaucoup et nous aurions vraiment intérêt à capitaliser les différentes expériences dans ce domaine pour ensuite imaginer une boîte à outils commune.

Une fois cela dit, nous voulons plutôt nous attacher à réagir sur le fond des résultats de cette concertation.

 

Tout d’abord, nous ne pouvons que nous satisfaire que la solidarité, valeur première de la politique d’habitat de notre Métropole soit partout revendiquée. La mixité sociale, construite progressivement depuis des années, amplifiée demain par l’Office Foncier Solidaire et le Loyer Unique est un acquis de notre Métropole que personne aujourd’hui ne conteste ou ne remet en cause. C’est heureux.

Les habitant·e·s qui ont participé à la concertation ont souligné que l’essentiel équilibre social du territoire passe aussi par une juste répartition des activités économiques et commerciales et des services à la population. La solidarité n’est possible que grâce à un aménagement équilibré du territoire que devra garantir notre futur Plan Local d’Urbanisme.

La revitalisation des centres-bourgs est dans ce cadre apparue comme une forte préoccupation. Elle est de notre point de vue essentielle et elle passe en premier lieu par l’arrêt des grands projets commerciaux en bordure des villes. Ces immenses centres commerciaux qui vident tous les centres-villes de France avec des conséquences sociales, économiques et écologiques dramatiques doivent cesser.

 

 

La volonté de construire une Métropole à taille humaine est aussi nettement apparue dans les débats. Une Métropole qui allie territoires urbains et ruraux, une métropole accessible à pied, à vélo, en transports en commun, une métropole qui génère des espaces publics vivants et ouverts, qui garantit la présence de nombreux services et particulièrement des services publics, qui favorise un aménagement urbain appropriable par toutes et tous et construit avec les habitant·e·s. Il y a plusieurs années nos prédécesseurs ont fait le choix de construire la ville-archipel, cette ville qui préserve les grandes liaisons naturelles comme la ceinture verte ou la vallée de la Vilaine, cette ville qui a construit son développement sur l’armature urbaine existante sans créer de grandes conurbation ni de banlieues. Ce choix nous permet aujourd’hui d’envisager cette métropole à taille humaine que nous appelons de nos vœux. Pour ce faire, il est essentiel que le futur PLUi préserve l’armature urbaine existante.

Il le devra d’autant plus que l’affirmation d’une métropole qui soit et urbaine et rurale, est bien parmi les conditions d’une bonne qualité de vie. L’urbanisation très rapide de notre territoire inquiète légitimement. Elle grignote chaque jour un peu plus les territoires naturels et agricoles de façon inquiétante et dramatique pour la biodiversité. Sans négliger l’important travail qui a déjà été réalisé par Rennes Métropole en la matière, il est urgent d’amplifier encore le niveau de préservation des terres non urbanisées et de réduire à portion congrue celles dédiées demain à la construction. L’objectif de 0 nouvelle terre urbanisable doit être notre horizon.

Pour y parvenir, la densification est nécessaire, inévitable. Mais elle ne doit pas être synonyme de bétonnisation des communes qui composent notre métropole.

La contrepartie à la densification, c’est la présence d’espaces ouverts, vivants et végétalisés. Nous avons vivement critiqué le projet de tour de grande hauteur sur le quartier EuroRennes annoncé la semaine dernière. Nous le critiquons car il est pour nous le symbole du toujours plus, de cette croissance effrénée qui nous détruit. Mais nous le critiquons aussi parce qu’il viendra s’installer à la place des quelques espaces du futur quartier EuroRennes qui auraient pu faire la place à des espaces verts. Nous le critiquons car il va à l’inverse de la ville à taille humaine que nous voulons. Et au-delà de ce projet, nous savons qu’il est possible d’inventer ensemble une ville dense et végétale à la fois, c’est d’ailleurs ce que devra permettre le coefficient de végétalisation intégré au futur PLUI.

Il est un autre point qui a évidemment fait l’objet de débats lors de la concertation, c’est celui des déplacements. Après l’ouverture de la seconde ligne de métro, il est évident que l’enjeu reste entier quant aux déplacements entre la deuxième couronne et le cœur de la métropole. Visiblement, nous sommes plusieurs à partager cette préoccupation. Mais nous avons été surpris d’apprendre qu’une étude sur le prolongement de la ligne B du métro était envisagée. Le choix de la technologie métro ne permet justement pas de tels prolongements, ou alors à des coûts bien trop importants. C’était d’ailleurs le constat que vous faisiez, et que nous partageons, lorsque la droite rennaise avait un peu vite demandé un prolongement du métro vers l’aéroport. C’était tout le débat, dans les années 80, entre métro et tramway. Le tramway permet de longues distances quand le métro est efficace sur le cœur de métropole mais pas au-delà. Et c’est bien là le sens de notre proposition d’un RER métropolitain que d’apporter un complément aux deux lignes de métro. Ce train du quotidien, rapide, cadencé, utilisant les cinq voies ferrées existantes et qui pourrait desservir 16 communes de la métropole et plusieurs quartiers de Rennes est nettement concurrentiel à un prolongement du métro. Ce train du quotidien ne nous coûterait pas plus cher et permettrait de desservir plus de communes. Nous avons les lignes, nous avons les usagers, c’est cette carte-là qu’il nous faut jouer.

Le déploiement du réseau express vélo devient aussi urgent.

Les bons chiffres de l’enquête ménage qui font apparaître une baisse importante de la part d’utilisation de la voiture nous démontrent cependant que les marges de manœuvre sur les déplacements cyclables sont encore extrêmement importantes.

Nous notons avec satisfaction, que si les habitants, qui ont participé à la concertation sur le PLUi, ont bien souligné les problèmes de congestion automobile, pas un ne propose un plan routier, ou des dédoublements de quatre voies existantes. Car les habitant·e·s ont bien intégré que plus de routes c’est toujours plus de voitures et qu’à la fin rien n’est résolu.

Leur demande porte à l’inverse sur plus de liaisons douces, de transports en commun, de covoiturage, de services de proximité, de nature, d’espaces naturels et de patrimoine préservés.

Ils aspirent à une métropole à taille humaine, solidaire, qui affirme ses spécificités, son caractère rural et agricole, et où densification rime avec transition, écologique s’entend.

En un mot ils nous appellent à construire une éco-métropole et à engager les grands changements qui nous permettront d’atténuer les dérèglements climatiques. C’est ce que devra traduire prochainement notre Plan Local d’Urbanisme, tout comme l’ensemble de nos politiques métropolitaines.