Intervention de Gaëlle ROUGIER au nom des élu-e-s écologistes
Monsieur Moysan, votre intervention a le mérite de mettre sur la place publique un projet soumis à enquête publique dans la plus totale confidentialité. Sur ce sujet, notre groupe rejoint les positions portées par Eau et Rivières de Bretagne et le collectif d’associations regroupées dans l’Assemblée citoyenne de l’Eau
Ce projet consiste en 57 km de canalisation qui doivent permettre de remonter de l’eau depuis l’usine située à Férel, dans l’estuaire de la Vilaine (au-delà de Redon) jusqu’à Rennes.
C’est dire l’absurdité du modèle d’approvisionnement en eau, modèle que nous considérons comme grave.
Grave car inutile et coûteux. Pendant 4 mois Rennes fournira de l’eau aux communes situées aux alentours de Vannes et Saint-Nazaire mais les 8 mois restant (de l’automne à la fin du printemps), l’usine de Villejean devra potabiliser cette eau dont nous n’avons pas besoin puisque le potentiel de prélèvement sur notre territoire est largement supérieur aux besoins actuels et futurs des abonnées des 56 communes membres de la Collectivité Eau du Bassin Rennais.
Grave aussi car il fait fi des nouvelles conditions qu’impose le réchauffement climatique sur la quantité et la qualité de l’eau.
Cette interconnexion est le produit d’un vieux projet pensé dans les années 90. Les prévisions du moment n’ont pas été revues à l’aune des politiques de l’eau menées ces dernières années.
La CEBR n’a pas soutenu ce projet. Malheureusement, son avis n’a pas été suivi notamment par les représentants du Département. Pourtant le fonctionnement de deux de ces usines (Rophémel et surtout Villejean) sera largement impacté, sans la moindre compensation envisagée par le Syndicat départemental. Et l’ironie de l’affaire c’est que cet investissement sera principalement financé par la taxe collectée auprès des abonnés de notre territoire.
Pour assurer l’approvisionnement pour les années à venir, malgré les effets du dérèglement climatique, il serait plus raisonnable, économique et surtout plus durable de mener une politique d’ investissements massifs pour le renouvellement des réseaux de distribution, des actions incitatives en matière de réduction des consommations et surtout en matière de protection de la ressource. Il nous faut surtout promouvoir une autre agriculture soucieuse de son système écologique, moins consommatrices d’eau et surtout qui ne pollue plus aussi gravement les eaux brutes.
Nous ne pouvons que souhaiter l’abandon de ce projet.
Et en matière d’abandon de projet inutile, nous avons eu une heureuse expérience récemment. Tout n’est peut-être pas perdu.
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